L’insertion des personnes handicapées constituait «une condition sine qua non» pour la réalisation du développement global et durable, a affirmé, samedi à Alger, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem, en marge de la célébration de la Journée internationale des personnes handicapées.
L’insertion de cette catégorie au sein de la société «est une condition sine qua non pour la réalisation du développement global et durable; et la croissance économique passe inéluctablement par le développement social», a indiqué Mounia Meslem. «Le traitement de la question du handicap doit se faire sur des bases scientifiques et pratiques, et doit reposer sur des données fiables», a estimé la ministre, précisant que cette question sera prise en compte lors du recensement de la population de 2018, et la mise à jour des différents fichiers relatifs aux programmes d’aide destinés à cette catégorie, a-t-elle affirmé. En effet, les chiffres officiels parlent de plus de deux millions de personnes handicapées recensées en Algérie. Ce qui suscite la question de leur insertion effective dans la société et de leur employabilité. En 2010, l’Algérie a ratifié la convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées. Cette convention vise à lutter contre toute forme de discrimination à l’encontre de cette frange de la société et leur permettre la pleine jouissance de leurs droits humains fondamentaux et leur participation active à la vie politique, économique et culturelle. Parmi les dispositions phares prises par les autorités publiques dans l’esprit des recommandations des dispositions de cette convention : l’obligation de réserver un quota de 1% de postes de travail aux personnes handicapées. Mais, beaucoup reste à faire, pensent les spécialistes. Et à en commencer par les lieux de travail, ou plusieurs usines et administrations restent encore inaccessibles aux personnes handicapées. Lors d’une journée d’étude sur l’accessibilité des personnes handicapées, organisée par l’Association nationale des maladies neuromusculaires au Forum d’El Moudjahid, Mme Rebbah, représentante de ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, a évoqué les efforts consentis par le gouvernement dans ce domaine. Elle a cité notamment, l’installation d’une commission interministérielle qui a élaboré la « norme algérienne d’accessibilité » pour personnes handicapées. Mme Rebbah a souligné en ce sens qu’ « une série de recommandations a été émise à nombre d’institutions, et ce en vue de faciliter l’accessibilité des personnes aux besoins spécifiques. Cette commission a effectué des visites de travail sur le terrain, notamment au niveau de l’aéroport d’Alger, au métro d’Alger et à la gare de transport des voyageurs de Caroubier ». Cela malgré que beaucoup de représentants d’associations d’ handicapés aient déploré le non-respect de ces mesures dans plusieurs édifices construits récemment. Garantir une meilleure accessibilité à l’emploi nécessite une coordination effective entre les différentes administrations. Mohamed Bendib, l’inspecteur régional de travail de l’Oranie, a estimé que la coordination doit être meilleure entre l’inspection du travail, l’agence nationale de l’emploi et la direction de l’action sociale, pour faire bénéficier les handicapés d’opportunités d’emploi à titre permanent ou temporaire. Mohamed Bendib, a précisé que sur les effectifs de milliers d’entreprises publiques et privées nationales et mixtes visitées et disposant des conditions permettant d’employer des personnes aux besoins spécifiques dans l’Oranie qui comprend six wilayas, 52 entreprises n’ont pas réservé ce taux, soit 34 entreprises publiques, 17 privées nationales et une mixte.« Il ne faut pas confondre entre réserver un quota et recruter » a indiqué le même responsable, soulignant que le recrutement concerne tous les demandeurs d’emploi à l’Agence nationale d’emploi et que le médecin du travail est le seul habilité à affirmer ou non la capacité de la personne pour le travail. La question de l’accessibilité à l’emploi pour les personnes handicapées renvoie aussi sur leur accessibilité à l’éducation et à la formation. Pour cela, la ministre de l’éducation nationale, Nouria Benghebrit a annoncé l’organisation d’une rencontre lors du premier trimestre 2017 qui réunira plusieurs acteurs chargés notamment des élèves handicapés au sein d’établissements éducatifs, avec la participation d’associations et de représentants du secteur de la solidarité nationale. Il sera question lors de cette rencontre de l’examen de la prise en charge de l’enseignement des personnes handicapées, a-t-elle dit, affirmant que la loi d’orientation sur l’éducation nationale avait consacré le droit des personnes aux besoins spécifiques à l’éducation. Lors de cette rencontre qui s’est déroulée en présence d’un nombre de ministres, plusieurs athlètes représentant le handisport, médaillés lors des derniers Jeux paralympiques organisés l’été dernier à Rio de Janeiro, ont été honorés et ont reçu des présents, des appartements, des postes d’emploi, des fauteuils roulants et des motocycles. Par ailleurs, des associations, des entreprises et des spécialistes ont été honorés en reconnaissance de leurs efforts en faveur des personnes aux besoins spécifiques.
Hamid Mecheri