Le chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital de Boufarik et président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), le professeur Mohamed Yousfi, a insisté hier sur la nécessité d’entamer des campagnes de sensibilisation et d’information autour de la vaccination contre la covid-19 qui devra commencer le mois de janvier prochain.
L’objectif selon lui est de « couper l’herbe sous les pieds » de toute partie tentant d’influer négativement sur cette opération.
Intervenant sur les ondes de la radio, Mohamed Yousfi a estimé l’instruction donnée dimanche dernier par le président de la République pour l’entame de la vaccination contre la pandémie de la covid-19 en janvier 2021, est « la meilleure bonne nouvelle » de cette année 2020. « Après tout ce que l’on a connu comme difficultés liées à la pandémie en termes de contamination, de décès, mais aussi de la stagnation de l’économie nationale, il est sûr que cette annonce ne peut être que rassurante », a-t-il déclaré. Maintenant, a souligné toutefois le président du SNPSSP, il faudra passer à l’étape de la mise en application de la vaccination qui prendra d’après lui plusieurs mois, d’où l’importance du respect et du maintien des mesures de prévention. C’est là que le même intervenant met en évidence l’utilité de la sensibilisation, de la communication et de l’information autour de cette opération au profit des populations. Cela permettra, selon lui, de couper l’herbe sous les pieds des lobbies anti-vaccination, lesquels tentent à travers notamment les réseaux sociaux d’influer négativement sur cette opération. D’autant plus, a-t-il signalé, que beaucoup de craintes sont exprimées par les citoyens quant à l’efficacité des différents vaccins fabriqués dans un délai record. À ce propos, Yousfi a tenu à rassurer que ces vaccins ont été élaborés rapidement grâce aux échanges en termes de données scientifiques entre les grandes nations. «Une première du genre», a-t il dit, relevant que beaucoup d’argent a été investi dans la recherche, ce qui a fait que les laboratoires ont pu élaborer ces vaccins rapidement. Aussi pour ce qui est des effets secondaires, là encore Yousfi rassure que comme pour tout vaccin « il est naturel d’avoir quelques effets comme une petite fièvre, rougeur, maux de tête ou la fatigue ».
Optimisme quant à l’efficacité des vaccins
Par ailleurs, sur une question du choix du vaccin que l’Algérie devra faire pour justement l’acquérir et entamer la campagne de vaccination, cet infectiologue a estimé en se référant aux différentes publications faites en termes d’efficacité et d’effets secondaires, que la plupart des vaccins fabriqués sont valables. « Nous pouvons faire le choix parmi 4 ou 5 vaccins, il s’agit entre autres de Pfizer, Moderna, AstraZeneca, ou SputnikV car nous sommes très optimistes par rapport à leur efficacité ou leurs effets secondaires », a-t-il déclaré. Cependant, le même intervenant, a relevé qu’outre l’efficacité, il y a d’autres critères à prendre en compte. Il s’agit surtout de critères liés à la conservation du vaccin, à la logistique, la disponibilité mais aussi au prix.
La priorité aux personnes âgées
Du programme de vaccination Mohamed Yousfi a expliqué que comme la vaccination antigrippale, celle contre la covid19 concernera en priorité les personnes âgées et vulnérables. S’en suivent les malades chroniques, le personnel de santé, et les corps constitués pour différentes raisons de fonctionnement en termes de collectivités. « La stratégie est donc de commencer par les sujets à risques parce qu’ils sont exposés aux complications graves de la maladie de la covid 19 », a-t-il souligné expliquant que cette opération se déroulera progressivement avec l’objectif de vacciner le plus de monde possible afin d’arriver à l’immunité collective. Évoquant le cas des femmes enceintes qui sont classées dans la catégorie de sujets vulnérables, il a indiqué que par soucis de précaution, il a été décidé ne pas administrer le vaccin anti-Covid-19 à ces femmes.
La nouvelle souche du virus « ne remet pas en cause le vaccin »
Considérant les mutations du virus Corona «tout à fait normaux », Mohamed Yousfi a déclaré que pour le moment le risque à ce que cela remette en cause l’efficacité du vaccin est inexistant. Il a indiqué, dans ce contexte, que toutes les publications et les études faites dans ce sens ont démontré que ces mutations entraînent des souches plus contagieuses mais pas plus virulentes car celles-ci n’ont pas eu d’incidences sur le nombre d’hospitalisations ou de décès.
Ania Nait Chalal