Le FLN (Front de libération nationale) se met à l’épreuve du terrain. Après avoir annoncé, au début de ce mois de mai, un programme de sorties à travers les quatre coins du territoire national, le secrétaire général de ce parti, Amar Saâdani, passe à l’action.
Le patron du FLN compte sillonner les grandes régions frontalières. Il sera question d’expliquer son initiative politique, et de répondre par la même action à ses détracteurs au sein du parti.
Ces rencontres prévues avec la base militante du parti répondent au moins à deux impératifs. D’abord, Saâdani en tant qu’acteur à part entière et non moins chef de file de l’initiative politique portant sur la constitution d’un «rempart national» pour faire face à la menace sécuritaire qui plane sur la bande frontalière du pays, a jugé de l’importance de vulgariser ce projet auprès de la population en général et de ses militants en particulier. à ce titre, il faut dire que le choix de se rendre dans les wilayas situées sur les frontières du pays n’est pas fortuit. Ensuite, l’autre motif pouvant expliquer cet agenda sont les prochaines échéances électorales, qui, prévues pour 2017, constituent visiblement l’objectif visé à moyen terme par une telle activité de terrain.
Pas uniquement, puisque, d’autre part, le parti qui s’est enlisé ces derniers jours dans une nouvelle ère de turbulences, s’est donné comme consigne de faire de la reconquête de la base militante, un moyen de le mettre à l’abri des tiraillements prévalant à son sommet.
En effet, les divergences nées ne sont pas des moindres, puisqu’elles opposent Saâdani lui-même à son cadre et membre du comité central, Tahar Khaoua, qui est tout aussi l’actuel ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement.
Ce dernier est accusé par le groupe parlementaire de mener un mouvement de redressement qui vise en plus de Mohamed Djemaï, chef du même groupe, le secrétaire général du FLN, en personne. Interpellé le jour de la réunion qui l’a regroupé avec son état-major, Saâdani n’a pas jugé utile de répliquer à ses adversaires, préférant donc, imposer le black-out autour de cette affaire pour se protéger des attaques. Mais surtout, il a choisi d’aller plutôt vers la base militante, en guise d’unique réponse à ses détracteurs. Comme pour dire que «la légitimité» en quelque sorte est avant tout une question de mobilisation de foules autour de soi. D’ailleurs, l’homme tonitruant a même donné instructions aux mouhafedhs, les responsables à la tête des structures des wilayas pour occuper le terrain en vue de faire écouter le discours du parti pour maintenir sa présence sur tout le territoire national et pourquoi pas se redéployer dans d’autres localités acquises aux autres formations politiques.
Outre la visite effectuée samedi dernier dans le Grand-Sud du pays, à la wilaya d’Adrar, précisément, Saâdani compte mettre le cap sur Tébessa, samedi prochain, où le premier responsable de l’ex-parti unique est attendu pour animer un meeting populaire, aux côtés de ses partisans. Pour les mêmes objectifs assignés à ce qui s’apparente à une démonstration de force pouvant jauger des capacités de mobilisation du parti, s’ajoutera une autre halte programmée dans l’extrême ouest du pays, à Tlemcen, notamment. En effet, à titre de rappel, Saâdani qui a présidé le 4 mai dernier une réunion de son bureau politique, a annoncé un programme de rencontres régionales avec cadres et militants des structures du FLN. Lors de cette réunion, le patron de la première formation de la majorité n’a pas manqué de rappeler à ses troupes, l’important devoir pour elles, d’aller vers la base militante pour expliquer les enjeux politiques, économiques et sécuritaires auxquels fait face l’Algérie, à l’heure actuelle. Une recommandation qui a été aussitôt suivie d’effets immédiats, comme l’expliquent les nombreuses sorties de proximité animées par les membres du BP du parti. En restant dans le giron de son initiative, Saâdani, lors de son meeting tenu à Adrar, a appelé les parties qui n’ont pas adhéré à son projet, de rejoindre les rangs à même de défendre le programme du président de la République et soutenir l’institution militaire dans sa lutte contre le terrorisme qui foisonne les frontières du pays. Pour sa deuxième virée, elle est prévue à Tébessa, région limitrophe du territoire tunisien et qui se situe côte à côte avec la wilaya d’El Oued.
Cette dernière qui enregistre une activité terroriste des plus intenses, comme le met en évidence les nombreuses opérations menées par les services de sécurité contre les éléments djihadistes armés et la récupération d’importants lots d’armes lourdes, est à même de conforter la thèse selon laquelle, le terrorisme garde ses capacités de nuisances et la menace sévit. Une occasion, donc, pour Saâdani, de rappeler combien il est primordial de «ressouder les rangs autour de l’unité nationale» et l’importance d’aboutir à la reconstitution du «rempart national» qui a fait la part belle de son discours depuis et avant le lancement de l’initiative en fin novembre dernier.
Farid Guellil