La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a critiqué la gestion européenne notamment dans son accueil des réfugiés, pointant des disparités de traitement entre ceux venant d’Ukraine et ceux en provenance d’Afrique, qui fuient les conflits et les guerres encore persistants sur le continent africain.
Le président de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Francesco Rocca, a déploré « les écarts de traitement et d’accueil réservés par l’Europe entre les réfugiés venant d’Ukraine et ceux venant d’Afrique » alors qu’ils fuient, a-t-il rappelé aux responsables européens, « les mêmes dangers » a-t-il indiqué, lors d’une conférence de presse à l’ONU, lundi, à l’occasion d’un forum à New York destiné à évaluer les progrès réalisés depuis l’adoption, en 2018, du Pacte mondial sur les migrations. Affirmant que les européens sont dans une logique de deux poids deux mesures, dans leur politique en matière de la question des réfugiés en général, et de leur accueil, en particulier, sur le sol de l’espace de l’Union européenne, il déclare : «oui, il y a deux poids, deux mesures […] et on ne peut pas le nier lorsqu’il s’agit de demandes d’une protection», leur a –t-il souligné. Poursuivant sa plaidoirie en faveur du respect des droits des réfugiés, indépendamment des raisons à l’origine de leurs déplacements et fuite vers des cieux plus clément, Francesco Rocca s’adressant aux responsables occidentaux en général et européens en particuliers, leur dira que «ceux qui fuient la violence, ceux qui cherchent une protection doivent être traités sur un pied d’égalité». Ajoutant «je ne pense pas qu’il y ait une différence entre quelqu’un qui fuit le Donbass et quelqu’un qui fuit la violence du groupe radical Boko Haram au Nigeria», le président de la FICR, qui réunit 192 sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, met à nu la politique de deux poids deux mesures des pays de l’UE, sur la question des réfugiés. « Si les Européens ont accueilli avec un grand cœur et une grande âme des millions de réfugiés ukrainiens », selon Francesco Rocca, cette générosité, affirme-t-il « n’est pas de mise pour d’autres réfugiés qui viennent d’Afrique », ceux notamment, souligne le responsable de la FICR « traversant la Méditerranée, alors même qu’il s’agit de seulement quelques milliers de personnes», a-t-il regretté. En leur rappelant que «la réponse politique, publique et humanitaire à la crise ukrainienne », a montré, poursuit-il , « ce qui est possible lorsque l’humanité et la dignité passent avant tout, lorsqu’il existe une solidarité mondiale et la volonté d’aider et de protéger les plus vulnérables », il exige « que cela doit être étendu à tous ceux qui en ont besoin, d’où qu’ils viennent » précise-t-il. « L’ethnicité et la nationalité ne devraient pas être des facteurs décisifs pour sauver des vies», a aussi affirmé Francesco Rocca. Dressant un bilan du Pacte mondial pour les migrations, ratifié fin 2018 par plus de 150 pays, document non contraignant, le Pacte recense une série de principes, dont la défense des droits humains, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale,… etc, en plus que le dit document liste différentes options de coopération, le président du FICR prône « l’interdiction des détentions arbitraires ».
Rappelant que « nous commençons le premier examen des progrès accomplis depuis [2018], il exprime sa tristesse d’absence d’avancées notables en matière de respect des droits des réfugiés et des migrants, déclarant que « je suis triste de dire […] qu’il n’y a pas eu suffisamment de changements dans les politiques et les pratiques pour garantir une migration sûre et digne», a-t-il déploré. «De nombreuses autres vies ont été perdues en raison de cette incapacité à agir», a insisté Francesco Rocca, en précisant que le nombre de morts en Méditerranée avait augmenté depuis 2018. Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, près de six millions de personnes ont fui le pays, selon le Haut-commissariat aux réfugiés. Parmi elles, « des étudiants africains ont été confrontés à des comportements racistes ». Toujours dans l’Hexagone, les propos d’une série de commentateurs, d’acteurs politiques soulignant que les Ukrainiens étaient des «Européens de culture» ou représentaient une «immigration de qualité» dont l’accueil serait plus aisé que celui de réfugiés en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient « ont suscité de vives polémiques » reflétant la persistance du racisme en Europe.
Karima Bennour