Le mardi 6 septembre dernier, une importante réunion a eu lieu au siège du Comité olympique algérien. Importante parce qu’elle concernait les membres du Comité exécutif de cette instance, à leur tête le président de celle-ci, Mustapha Berraf, mais aussi les présidents de toutes les autres Fédérations sportives du pays, olympiques ou non olympiques.
Importante aussi parce qu’elle intervenait immédiatement après le déroulement des Jeux olympiques de Rio de Janeiro et les sévères critiques formulées à l’encontre des responsables du sport algérien par le seul athlète médaillé au Brésil, à savoir Taoufik Makhloufi. Des critiques qui n’ont pas manqué d’être saisies au vol par toute personne qui avait un compte à régler avec la Commission de préparation olympique et avec le président de celle-ci, Amar Brahmia. Dans ce lot de «suivistes» il y avait, un peu, de tout. Du journaliste frustré de n’avoir pas bénéficié du voyage à Rio à l’œil au membre de la délégation algérienne qui ne portait pas tellement Brahmia dans son cœur et, voire même était jaloux de lui. Il est vrai que Brahmia ne s’est pas présenté face à ses accusateurs avec un dossier en béton, à savoir blanc comme neige. Celui qui était à Rio en tant que chef de la délégation algérienne a donné à ses détracteurs le bâton pour qu’ils le battent. Effectivement, dans le contingent de personnes qui étaient allées à Rio dans l’avion affrété par le COA, il y avait des membres de sa famille, son épouse entre autres. Connaissant le degré de virulence de l’Algérien quand il s’agit de s’en prendre à quiconque est soupçonné de favoriser sa propre famille, il faut éviter de tomber dans le piège. Brahmia a franchi le pas de l’affrontement, il devra en subir l’entière responsabilité. Il aura beau expliquer que sa famille ne s’est pas déplacée gratuitement à Rio, que c’est lui qui lui a payé, factures à l’appui, le voyage en avion, ainsi que le séjour dans la ville brésilienne, il ne se trouvera pas beaucoup de personnes à le croire.
Des sportifs revendicateurs
Ce voyage de sa propre famille a été d’autant plus critiqué que les athlètes, au premier desquels Taoufik Makhloufi, n’ont pas manqué de s’en prendre à une certaine préparation olympique ratée par la cause de cette fameuse CPO.
Critiques pour le moins abusives et infondées où l’on a senti que les sportifs algériens qui sont allés à Rio sont à l’image de tous les autres sportifs du pays, à savoir qu’ils se présentent comme de pauvres hères sans le sou alors que pour la plupart ils ont un niveau de vie largement supérieur à la moyenne nationale. On a ainsi appris qu’un sportif parmi les plus revendicateurs et qui se plaignait de ne pas avoir assez d’argent roule, à Alger, dans un bolide à plus d’un milliard de centimes. Et puis, ces sportifs ont un art bien à eux de masquer la vérité sachant que la population boira toujours leurs bobards. Il en est ainsi de ces sportifs en stage à l’étranger, dans un centre spécialisé, où ils étaient totalement pris en charge. Ils ont raconté à bon nombre de journalistes qu’ils n’ont touché, chacun, lors de ce stage, que 5 dollars par jour. Il s’est avéré qu’ils avaient oublié un zéro puisque le document où chacun d’eux a paraphé pour avoir touché ses frais de mission, il y a bien 50 dollars par jour et par personne. Makhloufi doit citer des noms. Pour revenir à Taoufik Makhloufi, on comprend sa réaction. Il se savait suivi de près, se disant que s’il venait à échouer dans sa quête de médaille à Rio, il allait être descendu en flammes. Au soir de sa deuxième médaille d’argent dans ces Jeux olympiques, il s’est livré à une rude critique envers les responsables du sport algérien. Il n’a pas cité de nom mais il a bien précisé «du plus haut responsable jusqu’au plus petit». «Plus haut responsable», cela veut dire quoi sinon le ministre de la Jeunesse et des Sports en personne puisque c’est lui le premier des responsables du secteur des sports. Makhloufi a-t-il raison ? Oui parce que le champion a toujours raison quelles que soient ses déclarations.
Le supporter croit en ce que dit son favori mais ne va jamais au fond des choses. Mais le ministre a su répondre en lui demandant de citer des noms et surtout de donner des preuves. Exercice délicat pour le double médaillé de Rio qui sait que s’il cite des noms, ceux-ci pourraient faire valoir, à leur tour, des preuves qui risqueraient de nuire à son image de marque. La conclusion est que dans cette histoire personne n’est parfait. Ce qu’il convient de regretter c’est qu’elle se soit produite alors que la participation algérienne aux Jeux de Rio a été loin d’être négative puisque l’Algérie a obtenu une meilleure place au classement des nations que l’Égypte, le Maroc et la Tunisie, le tout en investissant un peu plus de 2 millions de dollars dans l’affaire. Pas de quoi soulever le flot de critiques qui a suivi cette participation plus qu’honorable.
Mohamed Amine
(*) Les informations contenues dans cet article n’engagent que son auteur et ne reflètent nullement la position du journal. Cet espace reste ouvert à tous les intervenants susceptibles de faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé lors des Jeux olympiques de Rio, dans le respect de l’éthique et la déontologie journalistiques.