Paris et Alger en discussion pour établir les conditions de son expulsion : Djamel Beghal joue sur son «algérianité» et veut gagner du temps

On a failli l’oublier l’enfant de Bordj Bou- Arreridj devenu une des figures marquantes du terrorisme en France. Présumé gourou des Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi, auteur de l’attentat contre Charlie Hebdo, en janvier 2015, il est toujours en prison, mais le ministère de l’Intérieur entend l’extrader en Algérie en vertu des accords sécuritaires qui lient les deux pays.
Son nom est souvent évoqué dans les dossiers sécuritaires français de ces dernières années. Si on lit bien son «cursus», il s’agit d’un pur et dur de la mouvance islamiste djihadiste : en novembre 2000, on le retrouve en Afghanistan avec sa femme, une Française convertie à l’islam ; en 2001, Abou Dhabi, qui l’accuse d’appartenir au réseau Ben Laden, capture, à son retour d’Islamabad, cet expert des engins explosifs. L’un des responsables de la DST, Jean-François Clerc, s’envole en urgence pour l’interroger et Beghal évoque des projets d’attentats avec des « frères » basés en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Beghal est expulsé vers la France.
Face au juge Jean-Louis Bruguière, Beghal dit que ses aveux ont été obtenus sous la torture aux Émirats arabes unis. Ses dires sont confirmés par l’examen médical réalisé après son extradition. Il est condamné, toutefois, le 15 mars 2005 par le tribunal correctionnel de Paris à dix ans d’emprisonnement.
En 2005, à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis7, il rencontre Chérif Kouachi, incarcéré pour avoir participé à une filière d’envoi de djihadistes en Irak, dite la «Filière des Buttes-Chaumont» et Amedy Coulibaly pour des faits de droit commun. La presse française dit que Djamel Beghal est devenu leur mentor.
Djamel Beghal, souvent évoqué dans les dossiers sécuritaires en France ces dernières années, même s’il était en prison, pourrait bientôt être expulsé vers l’Algérie. Selon « L’Express » du 5 mars, la Chambre de l’application des peines de la cour d’appel de Rennes a validé sa libération sous condition de son expulsion vers son pays d’origine.
Aujourd’hui âgé de 52 ans, Djamel Beghal, surnommé «Abou Hamza», est une figure du terrorisme en France. Sa première arrestation remonte à juillet 2001 aux Émirats arabes unis, alors qu’il s’apprête à rentrer en France après un séjour en zone pakistano-afghane. Il y a fréquenté les camps d’entraînement d’Al-Qaïda et projette de commettre un attentat contre l’ambassade des États-Unis à Paris.
Selon « L’Express », Beghal est placé depuis 2015 à l’isolement dans le centre pénitentiaire de Rennes-Vezin, notamment pour avoir utilisé un téléphone portable en cellule. Il a ensuite réclamé sa liberté sous condition d’une expulsion vers l’Algérie. Une manière selon L’Express, de retrouver sa femme et ses quatre enfants mais aussi d’envisager de nouveaux projets professionnels. Une première demande refusée en juillet 2017, au motif «qu’il y aurait des doutes sur son algérianité». Sa requête lui est finalement accordée le mois dernier. Paris et Alger sont actuellement en discussion pour établir les conditions de son expulsion.
F. O.