Le rapt avait été planifié en secret par son ancien manager et La Toya, qui souhaitaient soigner le chanteur une bonne fois pour toutes. Avant de renoncer. Aux grands maux, les grands moyens : dans un livre de souvenirs, à paraître début juin, le manager Ron Weisner, qui s’est occupé de stars aussi prestigieuses que McCartney ou Madonna, raconte comment il a voulu sauver Michael Jackson de ses propres démons. En 2005, le roi de la pop est détrôné : sa carrière fait du surplace et il sort d’un procès éprouvant pour attouchements sexuels sur mineur. En juin, il est acquitté, mais, complètement brisé, amaigri, stressé, il ressemble à un automate dont le ressort s’est cassé. En réalité, il est sous médicaments en permanence, des calmants, des somnifères, du Vicodin et déjà des doses de Propofol, pour un budget mensuel avoisinant parfois les 35 000 euros. Fatigué et écœuré par toutes ces révélations, Michael Jackson décide de quitter les États-Unis pour s’installer au Bahreïn, à l’invitation du prince Abdallah, le fils du roi, convaincu qu’on le laissera là-bas en paix. Il s’installe dans un palais, à dix minutes de Manama, et rejoint parfois l’Europe ou les USA en jet privé. Selon son ancien manager, le cycle infernal ne fait qu’empirer : la star plonge dans les addictions en tout genre et entre dans un processus d’autodestruction. Au printemps 2006, Ron Weisner, conscient du danger, décide alors d’agir et contacte discrètement La Toya, la sœur du chanteur. L’idée est simple : récupérer Michael et le désintoxiquer dans une clinique privée, à l’autre bout du monde, avec des docteurs compétents et un budget illimité.
Deux jours avant, panique à bord
«Je vais mettre sur pied une équipe, explique Ron à La Toya. Je vais m’arranger pour récupérer un avion, je trouverai le meilleur centre. Je vais tout mettre en place et régler entièrement la facture.» Mais la sœur de la star s’est mise à paniquer, raconte Ron Weisner dans son livre Listen out Loud. «Le 15 mai, deux jours avant l’enlèvement – eh oui, c’est exactement ce que c’était, un enlèvement -, j’ai reçu un appel de La Toya, qui était très angoissée, pour ne pas dire plus. Il faut tout stopper, je dois vous arrêter, on arrête tout ! Alors, j’ai tout annulé : l’avion, la désintoxication, l’équipe, tout.» Trois ans plus tard, ces fichus médicaments et l’inconscience d’un docteur auront la peau de la star.
À-t-il aujourd’hui des regrets? «Je ne sais pas si cela aurait rallongé la vie de Michael, reconnaît Ron Weisner dans ses mémoires, mais cela lui aurait donné une chance… Avec le recul, je me dis que c’était mieux ainsi. Comme m’ont indiqué mes avocats, cela aurait plus ressemblé à un kidnapping qu’à un sauvetage.» L’homme qui avait conseillé le chanteur dans ses années fastes, avant d’être écarté, garde en tout cas un souvenir encore ému de son poulain. «Michael Jackson était-il une personne normale ? Absolument pas. Était-il, selon moi, pédophile ? Non. Était-il un type malheureux ? Sur beaucoup de points, oui. Aurait-il été plus heureux si quelqu’un avait pris soin de lui de la minute où il quittait les Jackson Five jusqu’à sa mort ? Bien évidemment.»
Ron Weisner reverra la star dans les derniers mois de sa vie et sera frappé par sa grande fatigue morale. «Je me suis dit qu’il ressemblait à un prisonnier de guerre… Il y avait dans les yeux une résignation, un regard qui disait c’est fini. Ça m’a brisé le cœur…»