La fracture entre l’ancien président du RCD et celui qui a été, durant de longues années, un de ses plus proches – pour ne pas dire, le plus proche – collaborateurs, s’est, depuis avant-hier, vendredi, considérablement élargie. Tout indique, tant paraissent graves les déclarations faites avant-hier, vendredi, sur les plateaux d’une chaîne de télévision installée sur le territoire français, par Noureddine Aït Hamouda, que celle-ci ne pourra plus jamais être comblée. Et pour cause, le fils du colonel Amirouche ne s’étant pas contenté, cette fois-ci, de rester sur le terrain politique pour s’attaquer à son «compagnon de lutte » d’un quart de siècle. Et ce, pour nous en tenir à la seule phase partisane « RCdiste» de leur compagnonnage. Il s’est, en effet, carrément placé, pour ce faire et à plusieurs reprises, sur deux terrains auxquels l’opinion publique nationale est particulièrement sensible : celui des relations, réelles ou supposées, de la classe politique avec l’ex-DRS, et celui, des relations de cette même classe avec le monde des affaires. Faisant sien l’adage qui dit que « la meilleure défense, c’est l’attaque », Noureddine Aït Hamouda a commencé, concernant le premier point, par reconnaître que lui-même en avait eues avec les « services ». Mais pour les situer dans un contexte, disons, « patriotique » : celui de la seule lutte contre le terrorisme. Et, partant, en souligner le caractère désintéressé ; qu’il a pris le soin de renforcer par la précision qu’il a donnée sur le nombre – « une dizaine», a-t-il affirmé – de fois où il a rencontré « le général Toufik», l’ancien patron de l’ex-DRS. Une façon de procéder, à l’évidence, nullement innocente puisqu’il l’a utilisée dans le but par trop évident de mettre en exergue le caractère intéressé des nombreuses – il en a parlé de «plus de cinq cents» -rencontres que Saïd Sadi auraient eues avec ce dernier. Surtout que, en l’occasion, il n’a pas manqué de préciser que cela ne s’est pas fait uniquement pour des raisons liées à la lutte contre le terrorisme. Ce qui transparaît clairement dans son affirmation : «contrairement à Saïd Sadi, je ne voyais pas le général Toufik pour solliciter son intervention pour mes amis et moi». Comme pour mieux enfoncer celui que l’on ne peut, aujourd’hui, qualifier que de son ancien compagnon, Noureddine Aït Hamouda poursuit sur le même registre mais tout en établissant, pour ses critiques, une passerelle avec le monde des affaires : « Moi, je n’ai pas demandé à obtenir un terrain à El Biar pour construire une villa et la louer à 12 000 euros et je ne possède pas un bien immobilier en France, à Alger ou même ailleurs », a-t-il, en effet, ajouté. Et d’enchaîner, à l’évidence, pour mieux s’étaler sur les problèmes qu’il a avec son (ancien ?) parti mais, surtout, pour dévoiler les objectifs cachés de tels agissements : « Tout ce qui m’arrive n’est qu’une cabale montée par Saïd Sadi pour se débarrasser de moi et ainsi avoir les coudées franches pour assouvir des ambitions personnelles et imposer (aux militants) de nouvelles orientations en contradiction avec la ligne du parti », a poursuivi le fils du colonel Amirouche. Toutes choses qui, selon lui, ne sont pas nouvelles au RCD : Saïd Sadi, a-t-il déclaré,« ayant, par le passé, déjà procédé à l’exclusion de cadres et de militants au seul prétexte qu’il les considérait comme usés et, de ce fait, d’aucun intérêt pour le parti ». Mais ce qui semble nouveau dans les présents agissements du, pour reprendre les propos de Noureddine Aït Hamouda, « président réel du RCD », ce sont ses accointances supposées avec le secrétaire général du FLN ; des accointances dont l’objectif, a-t-il déclaré sans, toutefois, apporter le moindre soupçon de preuve tangible, « est de placer le RCD en situation d’allégeance vis-à-vis du FLN ». Si la gravité des propos et des accusations de l’ancien n°2 du RCD ne laissent pas indifférents, il n’en demeure pas moins, en revanche, que leur tenue en ce moment précis de la vie nationale, sérieusement compliquée par une conjonction de facteurs politico-économiques, aussi bien internes qu’externes, quelque peu difficiles, prête à interrogations. Surtout que leur auteur s’est bien gardé d’en tenir de semblables durant tout le quart de siècle qu’a duré son compagnonnage partisan avec l’ancien président du RCD. Et ce n’est pas l’argument « de la légitimité de ce dernier » qu’il a avancé pour tenter de justifier son étrange et long silence sur les dérives qu’il dénonce aujourd’hui, qui pourra convaincre les nombreux sceptiques, quant aux louables intentions qu’il se prête en agissant ainsi, du caractère désintéressé de ses dernières sorties médiatiques ; dont celle d’avant-hier, vendredi. Toute la question est de savoir quelles sont les raisons profondes à l’origine, non pas de ces sorties médiatiques, mais du clash, entre les deux « anciens compagnons », qui les a provoquées. Surtout que les révélations, sur les pratiques au sein d’un parti qui s’est toujours présenté comme un modèle de fonctionnement démocratique, ne vont pas manquer de renforcer la méfiance, déjà trop grande, de l’opinion publique nationale à l’égard de la classe politique (nationale)… Mourad Bendris