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Musique : Mika dans tous ses états

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On l’avait laissé s’égarant dans une pop électro un peu fade. Avec son troisième album, paru en 2012, Mika a connu un logique retour de bâton. Après des débuts en fanfare, sa musique ­commençait à moins passionner les foules. Malin, le chanteur a compris qu’en acceptant d’être l’un des coachs de « The Voice » il pourrait relancer sa carrière rapidement. Très vite, effectivement, les gens ­découvrent un jeune homme attachant, bien dans sa peau, prêt à toutes les extravagances ­vestimentaires et, ­surtout, terriblement musicien. En juin, Mika a donc redonné à sa musique toute la place qu’elle ­méritait. « No Place in Heaven » est un disque puissant, dansant, et très intime. Désormais, le garçon ne se cache plus derrière les faux-semblants et parle sincèrement de lui, de ses doutes comme de ses envies.

Paris Match. Avez-vous été déçu de l’accueil rencontré par votre précédent disque, “The Origin of Love” ?
Mika. Créativement, j’étais très content. Mais commercialement, ça a été dur. Pendant l’enregistrement, je me cherchais, j’avais besoin d’une rupture esthétique, pour me donner ensuite plus de liberté. Une chanson comme “Underwater” a mis des mois pour exister sur les radios… et encore, c’est parce que j’ai accepté qu’elle soit utilisée dans une pub.

Un artiste doit désormais passer par ce genre de passerelle ?
Je ne voulais pas rester dans mon coin à attendre de constater l’échec du disque comme l’auraient fait les artistes de la vieille garde. Non, dans ma génération, on se lance : on fait, par exemple, de la télé. On fait tout ce que l’on peut pour mettre la musique dans l’oreille du public. C’est pour ça aussi que je n’ai pas hésité à me lancer dans certains partenariats, avec Swatch notamment, que j’ai participé à “X Factor”, à une campagne pour une bière espagnole et à “The Voice”, évidemment.

Sauf que chaque campagne n’est destinée qu’à un seul pays. Elles ne sont pas mondiales.
Je travaille chaque pays de manière différente. Aux Etats-Unis, je suis culte, je suis indé et je suis donc très cool. Je suis le mec qui fait des shows à Brooklyn qui se vendent en deux ­minutes ! En Italie, en France, en Corée, en Espagne, tout est différent à chaque fois. C’est un privilège qui me permet de collaborer avec plein de gens différents.

Vous ne vous lassez pas de ce tourbillon permanent ?
Non, parce que je sépare les choses. Si je fais “The Voice”, je m’y consacre pleinement pendant un mois et ensuite je ne fais ­aucune télé pendant plusieurs semaines. Ma priorité est de rester musicien, donc d’écrire, de chanter et de donner des concerts.

Ce n’est pas le cas de tous les coachs. Jenifer ne vend plus beaucoup de disques et ne fait pas beaucoup de scène…
C’est différent pour elle, car elle a pris la décision d’avoir un enfant, on ne peut que la comprendre. Je sais qu’elle prépare un nouvel album, elle prend son temps. Il faut juste trouver le bon équilibre et ne pas cracher dans la soupe. Ça a marché pour moi dans “The Voice” parce que j’ai décidé de ne pas me cacher, de ne pas me complexer, donc de ne pas penser aux conséquences.

Les gens vous ont-ils découvert tel que vous êtes vraiment ?
Probablement. Je m’exprime en tout cas spontanément, sans arrière-pensées. J’ai longtemps eu beaucoup de réserve à la télé, je craignais les questions. Maintenant, plus rien ne me fait peur. Je rêvais d’être dans cet état d’esprit-là, libre.

Ça se ressent dans les textes de votre nouveau disque… Vous n’hésitez pas à parler de vous, de vos sentiments.
Pour bien grandir, il faut préserver la candeur. Car elle protège les enfants terribles que nous sommes. Sinon, on grandit comme une pierre, on perd l’amour, on perd le sens de l’humour, on perd le sexe, on perd la joie. La chanson “Good Guys”, c’est moi qui me dit : “Soit enfin l’enfant terrible qui t’inspirait quand tu étais adolescent.” Il a fallu que je me secoue pour en arriver là.

Vous rendez hommage à Freddie Mercury dans “Last Party”, était-il un modèle pour vous ?
Un modèle, non, mais c’est quelqu’un qui a compté. Il était finalement très punk. Je me suis rendu compte qu’il y a toujours eu beaucoup d’humour dans le punk, que ce soit chez les Sex Pistols à leurs débuts ou chez Marilyn Manson récemment. En ce moment, j’écoute cette jeune Australienne Courtney ­Barnett. Eh bien, elle me semble très punk aussi. Tout comme peuvent l’être Arielle Dombasle ou Fanny Ardant.

Le disque fait penser au meilleur d’Elton John, de Queen, cette pop élégiaque des seventies. Vous le revendiquez  ?
Bien sûr. Le disque d’Elton “Tumbleweed Connection” est une vraie influence. Il y a une douceur dans cette écriture qui me plaît beaucoup. Que l’on retrouve aussi chez Harry Nilsson. Queen a été pour moi une manière de comprendre comment faire le lien entre le classique, la pop et le rock, que ce soit dans la voix, la progression harmonique ou la couleur de la musique. Je viens de l’opéra, de la musique classique, et j’ai longtemps cherché une manière de tout canaliser dans la pop. Queen m’a prouvé que c’était possible.

Qu’aimez-vous dans la pop actuelle ?
Pas grand-chose. Quand on pense à la pop aujourd’hui, on pense à un truc travaillé dans un bureau, construit et pas spontané. C’est un peu triste. Ce que j’aime, ce sont les mélodies pop ­organiques, loin des machines. Le dernier choc pop que j’ai eu c’est Christine and the Queens. Elle sait vraiment de quoi elle parle. Tout comme Stromae l’an passé.

Votre famille est très présente dans votre carrière. N’est-ce pas pesant ?
Pour moi pas du tout, mais pour eux très certainement. Je les fais chier sans cesse ! Quand j’ai décidé de faire de la télé, j’ai aussi décidé que je devais m’amuser avec les habits. Donc c’est ma mère qui s’en occupe, avec la maison Valentino. La consigne c’est de rester dandy. C’est un peu comme la musique, l’extérieur reste traditionnel et l’intérieur peut être assez avant-gardiste ! [Il rit.] Pour revenir à la famille, ils m’entourent depuis mes débuts, j’ai quasiment toujours eu la même équipe parce que je pense que si on détruit l’équipe, on détruit l’artiste. Avec moi, de toute façon, si on peut survivre une semaine, on peut survivre huit ans.

Vous êtes insupportable ?
Non, mais je n’arrête pas. Et c’est ce qui plaît à tout le monde.

Serez-vous de nouveau coach dans “The Voice” l’an prochain ?
Je ne sais pas. J’en ai envie mais j’ai une tournée à faire…

Jenifer, Zazie, Florent Pagny, qui vous a le plus surpris ?
Florent Pagny ! C’est le même genre de mec que Johnny Hallyday. Quand on les rencontre, ils sont durs, fermés. Mais une fois qu’on a passé le cap, ce sont des types super attachants, hyper tendres et excentriques. La première fois que j’ai croisé Florent, j’ai lu dans son regard : “Oh là là, c’est qui ce garçon ?” Je le sentais inquiet. Et maintenant c’est comme un frère.

Vous êtes entré au musée Grévin. Qu’avez-vous ressenti ?
[Il rit.] Je le savais déjà mais je suis plus beau en vrai !
In Paris Match

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