Avant la tenue du conclave de l’Opep, prévu juin prochain à Vienne, Ryadh et Moscou ont évoqué, vendredi, à partir de Saint-Pétersbourg, leur possibilité à assouplir l’Accord sur le pétrole, pour aller vers une hausse de la production, dès cet été, après la montée, récemment du prix de l’or noir, à son plus haut niveau, depuis 2014.
Le ministre saoudien de l’Énergie Khaled Al-Faleh a jugé, depuis la Russie, dans ses déclarations à la presse, que les pays producteurs auront «bientôt la possibilité de libérer l’offre», rappelant que «comme nous l’avons toujours dit, le retour du pétrole sur le marché doit se faire progressivement » avant d’affirmer que «nous ne le ferons pas rapidement » et que «cela interviendra probablement au second semestre de cette année» a-t-il ajouté. Son homologue russe, Alexandre Novak a de son côté indiqué, que «si nous arrivons à l’idée commune qu’il est indispensable d’assouplir le niveau (de production de l’or noir, ndlr) », cela doit se faire, selon lui «à partir du troisième trimestre» a-t-il estimé. Les déclarations de Novak et d’Al-Faleh, n’ont pas été sans impact sur le cours du marché pétrolier mondial. Celui-ci a en effet, vite réagit, par un recul du prix de l’or noir, estimé de plus de 3%, vendredi soir, pour se stabiliser, à 76 dollars, à Londres. Les deux hommes se sont entretenus, la veille, durant la soirée de jeudi, pour discuter et échanger sur la possibilité de l’allègement de l’Accord, permettant l’augmentation de la production. Expliquant sa rencontre avec son homologue saoudien, le ministre russe Alexandre Novak a fait savoir que leur rencontre aboutirait «probablement» à une hausse «progressive» de la production de l’or noir, insistant que l’objectif visé, c’est à la fois, dira-t-il vendredi soir, «de ne pas déstabiliser le marché du pétrole, et de ne pas provoquer de surchauffe. » a-t-il déclaré. Il est à rappeler, que les membres de l’Opep et dix autres producteurs de pétrole, Russie en tête, ont conclu fin 2016 un accord sur la baisse du niveau de production de 1,8 million de barils par jour afin de réduire l’excédent d’offre de l’or noir sur le marché pour soutenir le prix du baril pétrole, à un niveau acceptable, lequel est souvent fixé, entre 50 à 60 dollars. L’accord en question, en vigueur, jusqu’à fin 2018, a permis de voir, quelques mois après son entrée en vigueur, janvier 2017, la valeur du baril enregistré des hausses, jusqu’à atteindre les 80 dollars, après avoir atteint la barre des 30 dollars, janvier 2016. Même si d’autres facteurs ont fait réagir le marché pétrolier mondial, principalement ceux liés aux tensions géopolitiques, surtout si celles-ci concernent des pays producteurs ou exportateurs de pétrole et se situent, dans un espace géographique, comprenant les plus importantes voies d’approvisionnement en énergie outre les plus importantes sources d’énergie. Et c’est toujours à partir de Saint-Pétersbourg, où se tenait le Forum économique, que le président russe Vladimir Poutine, a déclaré sur le sujet que « nous n’avons pas intérêt à une hausse des prix sans fin» et que «de 60 dollars nous convient», un prix «équilibré », suffisant, selon lui «pour prévoir des investissements et les mettre en œuvre» avant d’ajouter des prix supérieurs pouvaient «créer des problèmes pour les pays consommateur.», a-t-il averti. L’Opep et ses dix partenaires signataire de l’Accord, dont la Russie, a indiqué, que les pays qui se sont engagés sur cette voie, ont atteint, mars dernier, un niveau de conformité record de 149% avec l’accord, sur la réduction de la production pétrolière. Il faut noter, par ailleurs, que le prix du Brent évoluait, depuis le début d’année, autour de 67 dollars le baril, avant de franchir, un premier cap, le 6 avril dernier, après l’annonce par Washington de sanctions contre la Russie, la barre au-dessus de 70 dollars, suivi de l’annonce également des États-Unis de son retrait de l’accord sur le nucléaire iranien, à l’origine d’un nouveau rebond, du prix du baril pétrole, lequel a atteint les 75 dollars.
Karima Bennour