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Mohamed Bouamari : un cinéaste de grand talent

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Âgé de 65 ans, le cinéaste Mohamed Bouamari est décédé le 1er décembre 2006 à Alger d’une crise cardiaque. Il a été inhumé au cimetière de Ben Aknoun. La profession perd en lui une voix attachante et frondeuse.
Mohamed Bouamari s’était fait remarquer dès 1973 avec « Le Charbonnier » (Al Fahhâm), son premier long-métrage récompensé du Tanit d’argent à Carthage et du prix Georges Sadoul à la Semaine internationale de la Critique à Cannes. Son film scrutait le monde rural à travers un modeste charbonnier dont l’activité est menacée par l’apparition du gaz. Une situation à son comble lorsque, parti chercher du travail en ville, sa qualité d’ancien maquisard ne lui est d’aucun secours et que, pendant son absence, sa femme a été embauchée en usine. Né en 1941 à Guedjel au sud-est de Sétif, Mohamed Bouamari a grandi à Lyon où il est arrivé à l’âge de 10 ans. Venu au cinéma en autodidacte, il tourne « Conflit » un premier court-métrage avant de retourner au pays en 1965. Jusqu’au début des années 70, il est tour à tour assistant sur « La Bataille d’Alger » de Gillo Pontecorvo (1965), « Le Vent des Aurès » de Mohamed-Lakhdar Hamina (1965), « L’Étranger « de Luchino Visconti (1966), « La Voie » de Mohamed Slim Riad (1968), « Z » de Constantin Costa-Gavras (1969), « Le Festival panafricain d’Alger » de William Klein (1969), « Remparts d’argile » de Jean-Louis Bertuccelli (1970) et « Patrouille à l’est » de Amar Laskri (1970). Durant cette période, il réalise « L’Obstacle » avec Mohamed Chouikh sur un scénario de Tewfik Farès (1966), puis « Le Ciel et les affaires » l’année suivante. Le premier décrit un amour impossible pendant que le second dénonçait le pouvoir grandissant des talebs (marabouts) dans les campagnes. En 1972, il s’attelle au « Charbonnier » dont il co-signe le scénario avec le chef opérateur Daho Boukerche. Suivront deux longs métrages, « L’héritage » en 1974 et « Premier pas » en 1978. Ce dernier posait à sa façon la question de l’émancipation des femmes à travers la vie de l’une d’entre-elles qui a été intronisée maire. « Premier pas » a valu à la comédienne Fettouma Ousliha-Bouamari, sa compagne dans la vie, le prix d’Interprétation à Carthage. Mohamed Bouamari tournera encore « Refus », un long métrage en 1982, « A l’ombre des remparts », un documentaire consacré à la ville de Tlemcen en 1987-88, deux téléfilms en 1991 et 1994, date à laquelle il quitte à nouveau l’Algérie. En France, il fait des apparitions dans plusieurs films à la faveur de petits rôles, réalise « Nuit », un court-métrage en 1996, collabore à Zalea TV et intervient dans des actions de formation. Le cinéaste, qui souhaitait dès 1994 réaliser « Le Crabe » sur la participation des soldats Africains à la libération de la France, était à Alger avec un long métrage en préparation : « Le Mouton de Fort-Montluc ».Pour mémoire, la prison militaire de Montluc à Lyon a accueilli dès 1958 des condamnés à mort du FLN. Dans l’enceinte de cette prison, tristement célèbre pour avoir servi de siège à la Gestapo de Klaus Barbie sous l’Occupation, une dizaine de condamnés seront guillotinés en 1960. Le film de Mohamed Bouamari met en scène le revirement d’un « mouton » (mouchard) français chargé de surveiller les militants indépendantistes emprisonnés.Dès le milieu des années 60, il travaille comme assistant réalisateur pour l’ONCIC (les films de Rachedi, Lakhdar Hamina, Riad, Costa-Gavras et Bertucelli) et réalise plusieurs courts métrages. Longs métrages : Le Charbonnier / Al-fahâm (1972), L’Héritage / Al-irth (1974), Premier pas / Al-khutwat al-ula (1979), Le Refus / Al-raft (1982), Tlemcen (1989).

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