Une résolution sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace, présentée par la Russie, ce 20 mai, au Conseil de sécurité de l’ONU, n’a eu que sept voix (Russie, Chine, Algérie, Guyane, Équateur, Mozambique et Sierra Leone) au lieu des neuf voix requises pour être adoptée.
Sept pays ont voté contre (États-Unis, France, Royaume-Uni, Japon, Slovénie, République de Corée et Malte) et un pays (Suisse) s’est abstenu. Le Conseil de sécurité n’a donc pas adopté cette résolution qui appelait tous les États à prendre des mesures urgentes pour empêcher définitivement le déploiement d’armes dans l’espace et le recours à la force dans l’espace et depuis l’espace vers la Terre. «Nous sommes globalement satisfaits du résultat du vote», a déclaré l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia, estimant qu’il avait permis de «démasquer» les Occidentaux qui «avancent vers la militarisation de l’espace». La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a commenté, hier, cette information sur Telegram : «les États-Unis et leurs alliés, malgré toutes les mesures que nous avons prises pour tenir compte de leurs propositions, y compris les développements du projet de résolution américano-japonais correspondant, se sont opposés à notre initiative constructive et globale». Elle a accusé les Occidentaux de vouloir faire de l’espace une «arène de confrontation militaire». «Nous continuerons de militer constamment en faveur d’une exploration pacifique de l’espace extra-atmosphérique, pour le bénéfice de toute l’humanité et sur un pied d’égalité», a-t-elle ajouté. Le 24 avril, les États-Unis et le Japon avaient présenté devant le Conseil de sécurité leur propre projet de résolution pour prévenir une militarisation de l’espace, et « ne pas mettre au point d’armes nucléaires ou d’autres types d’armes de destruction massive spécifiquement conçues pour être mises sur orbite autour de la Terre, installées sur des corps célestes ou placées, de toute autre manière, dans l’espace extra-atmosphérique». Mais la Russie avait mis son veto en critiquant le fait que le texte ne se concentrait que sur un seul type d’armes, les armes nucléaires. Le nouveau projet de résolution présenté par la Russie et la Chine, qui reprenait en partie le texte bloqué en avril, appelait en plus tous les États membres, «surtout ceux qui ont des capacités spatiales», à prendre «des mesures urgentes pour empêcher à jamais le placement d’armes dans l’espace et la menace ou l’utilisation de la force dans l’espace». En présentant le texte, le représentant de la Fédération de Russie a affirmé que Moscou a décidé de donner aux pays occidentaux une nouvelle opportunité – « non pas en paroles, mais en actes » – de « démontrer la nature pacifique de leurs intentions ». Contrairement au projet « manifestement politisé » entre les États-Unis et le Japon, la résolution d’aujourd’hui contribuera à garantir l’exploration et l’utilisation exclusivement pacifiques de l’espace extra-atmosphérique, a-t-il précisé. Il y a trois mois, le président russe Vladimir Poutine avait affirmé que Moscou était «catégoriquement opposé» au déploiement d’armements nucléaires dans l’espace, après que Washington a accusé la Russie de développer une telle arme antisatellite. «Nous avons toujours été catégoriquement opposés au déploiement d’armes nucléaires dans l’espace et nous continuons de l’être», a-t-il déclaré. «Non seulement nous appelons au respect de tous les accords existant dans ce domaine, mais nous avons également proposé à plusieurs reprises de renforcer ce travail commun», a ajouté Vladimir Poutine, en référence au Traité de 1967 sur l’espace extra-atmosphérique qui appelle à « ne pas développer d’armes nucléaires ou toute autre arme de destruction massive conçues spécifiquement pour être placées en orbite », et dont les États-Unis et la Russie font partie. Et Poutine de conclure : «En ce qui concerne l’espace, eh bien nous ne faisons dans l’espace que ce que d’autres pays y font, y compris les États-Unis».
M’hamed Rebah