Accueil ACTUALITÉ Mébarek Malek Serrai sur le gaz de schiste : «le politique...

Mébarek Malek Serrai sur le gaz de schiste : «le politique a abdiqué à une pression franco-américaine»

2

L’expert international Mébarek Malek Serrai aborde la question du gaz de schiste en Algérie dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder, à divers niveaux en s’appuyant sur un argumentaire conséquent pour expliquer les risques gravissimes qu’encoure le pays par l’expérimentation ou l’exploitation du gaz de schiste. Pour cet expert des relations internationales, les réalisations de PME/PMI, du Commerce et des Finances Internationales, la question du gaz de schiste pour notre pays « est inappropriée et inopportune » pour l’instant et exprime son soutien à l’action que mènent les citoyens d’In Salah exigeant l’arrêt des activités du gaz de schiste dans cette région.

Le Courrier d’Algérie : Il y a des avis qui sont en faveur du gaz de schiste et ceux qui s’y opposent, en tant qu’expert en la matière quels explications et éclairages apportez-vous sur cette question ?
Malek Serrai : Je suis un observateur de la question du gaz de schiste. Depuis déjà, quelques années que je consulte à l’échelle planétaire tous les spécialistes du monde qui s’occupent de cette question là, et j’ai donc des analyses à différents niveaux. Le niveau économique, il y a le niveau financier, le niveau technologique et le plus important environnemental et santé et il y a évidemment le niveau relatif à l’aspect stratégique par rapport au territoire national et aussi le niveau sociologique bien sûr. La question du gaz de schiste en Algérie, elle est inappropriée et inopportune pour l’instant. Nous avons avancé trop rapidement cet état de fait sans une consultation nationale, normalement on aurait dû aller auprès de l’APN, et même ouvrir un débat national, auprès de la société civile et aussi auprès de tous les spécialistes que l’Algérie recèle pour voir un peu dans quelle mesure on pourrait commencer à s’intéresser au gaz de schiste, notamment aux études d’abord avant de toucher au sol, pourquoi ? Parce qu’il y a un problème assez grave d’environnement qui se pose. La preuve, les américains ont mis plus d’un siècle, je dis bien plus d’un siècle, et j’appui sur ça, pour commencer à traiter dans certains endroits le gaz de schiste. Et ils l’ont traité seulement dans des zones ou la propriété est privée à 100%, et malgré cela il y a eu beaucoup de dégâts, des tremblements de terre, des maladies, des implications entre le gaz et l’eau et donc les citoyens ont protesté et n’ont pas accepté cela. La technologie de recherche et surtout de l’exploitation du gaz de schiste sont encore nouvelles à l’échèle planétaire. Seuls les Américains sont entrain de faire les essaies et ce n’est pas à nous de leur offrir un terrain pour venir faire des essais chez nous. Parce que d’abord, nous avons une société civile très consciente de ces aspects là et donc ce qui explique que la réaction a été vive des citoyens d’In-Salah, et moi j’appuie les gens de Tamanrasset et je suis avec eux, je les soutiens.

Vous dites que ce n’est pas le moment, pouvez-vous être plus explicite ?
Pour moi la question du gaz de schiste, en Algérie ce n’est pas le moment, il faut continuer à consulter les études et les recherches à l’échelle mondiale pour voir quelle est l’évolution de tout cela avant de toucher au sol. Aussi il faut souligner que nous avons un problème d’eau, notamment pour l’agriculture dans notre Grand Sud, dont nous en avons besoin -le gaz de schiste nécessite des quantités d’eau très importantes- Et nous avons une population qui est très active et très consciente. Nous avons déjà vécu un malheur, celui des essais français de la bombe atomique, ceux de Reggane, et il ne faut pas qu’un second Reggan soit de nouveau expérimenté chez nous par des Français. Ceux qui ont tué des Algériens par le passé, reviennent sous une forme technologique ou économique chez nous, alors que l’exploitation et l’expérimentation du gaz de schiste est interdite chez eux. La question qui se pose, pourquoi au moment où le gouvernement français à travers son Assemblée nationale et son Sénat interdit l’exploitation de gaz de schiste, on nous demande à nous de donner des airs d’expérimentation et d’exploitation. Il faut rejeter cela, on ne peut pas l’accepter, ce n’est pas le moment. J »étais désolé de voir trois ministres parler de cela, c’est très grave, car ils perdent leur crédibilité auprès de la population algérienne.

Que pouvez-vous nous dire sur les coûts colossaux nécessitant l’expérimentation ou l’exploitation de gaz de schiste, alors que le pays est sous le poids des conséquences financières notamment générées par la chute de l’or noir, qui semble s’inscrire dans la durée ?
Sur le plan économique, au point de vue d’une vision globale, on peut utiliser le terme gaz de schiste, pour le long terme. C’est-à-dire pour les prochaines trente, quarante et cinquante années, pour dire que nous avons une richesse, nous sommes parmi les premiers, les trois premiers du monde , on a une richesse qu’on peut, peut être un jour exploiter. Et nous pouvons utiliser actuellement, cette donne, dans les différentes négociations, c’est-à-dire dans la balance des négociations, c’est tout, en tant que fait. Il y a l’aspect, maintenant financier dans l’exploitation du gaz de schiste, qui est très cher et pas rentable, et est plus cher que l’exploitation du gaz naturel ou le pétrole. Il y a aussi le fait que nous n’avons pas l’expérience dans ce domaine et nous ne pouvons pas exploiter le gaz de schiste avec un rendement financier réel, prouvé, nous risquons de toucher au sol à perte financière. Autre aspect qui est très important, c’est la pollution. Il y a la pollution de l’eau, de la nappe phréatique et de l’environnement immédiat et avec le risque de cette dégradation, émergence de maladies, telles que le cancer et les maladies de la peau. D’autant plus que les différentes circulaires adoptées par le gouvernement, notamment celles de mars 2013, favorisent le développement de l’agriculture dans le sud du pays et accordent des avantages dans ce cadre. Alors là c’est contradictoire, d’un côté le gouvernement encourage le développement de l’agriculture dans les régions du sud algérien et tarde par ailleurs à donner les terrains aux gens et, de l’autre côté, il veut accélérer l’exploitation du gaz de schiste. Alors là, il faut arrêter ça. Il faut leur donner les terres et les puits pour développer les régions sud du pays, à travers le développement du pétrole vert, de l’or vert, à savoir l’agriculture, une richesse durable. D’autant plus que nous avons besoin d’exploiter la richesse de l’agriculture dans le sud du pays, et son exploitation pour la production de lait, de viande rouge, de céréales et d’aliments du bétail, pour ne citer que ces derniers, se développent pour réduire la facture d’importation. On ne peut pas continuer d’importer pour plus 60 milliards dollars, dont pratiquement 40% de produits consommable surtout de produits agricoles. Alors que nous avons un million deux cent mille de terres agricoles à valoriser. Alors, au lieu d’aller rapidement vers le gaz de schiste, il faut et il y a lieu d’aller rapidement, d’abord, vers le développement de l’agriculture, dans les régions sud du pays. Il faut créer l’Algérie verte, alors pourquoi aller vers cette activité relative au gaz de schiste qui va nous créer des problèmes.

Pourquoi, selon vous, les responsables politiques ont opté rapidement, comme vous le précisiez auparavant, pour l’option du gaz de schiste ? Est-ce suite à des pressions étrangères sur Alger ?
Sincèrement, je pense que le politique a abdiqué à une pression franco-américaine pour faire des essais chez nous, en Algérie. Alors que du côté de la société civile, chez nous, et j’en fais partie, dit non, carrément, au gaz de schiste. Ce n’est pas le moment, et je ne cesse de le dire partout, ici ou ailleurs, d’exploiter ce gaz de schiste, c’est une catastrophe.
L’Algérie a autre chose que le gaz de schiste, l’agriculture, le tourisme, la petite et moyenne industrie, surtout que maintenant on est à un début de crise financière, suite à la chute du prix du pétrole, et nous ne pouvons pas nous permettre de dépenser de l’argent, beaucoup d’argent, dans l’expérimentation ou l’exploitation de gaz de schiste, alors que des Algériens attendent des petits crédits agricoles, il y a une logique économique.
On ne peut pas, et la société algérienne est consciente, et je réaffirme mon soutien aux habitants de Tamanrasset qui manifestent, pacifiquement, le refus du gaz de schiste et je leur dis, qu’il faut continuer.
Entretien réalisé par Karima Bennour

Article précédentLes routes, toujours aussi meurtrières : les conducteurs récidivistes pointés du doigt
Article suivantAttentat meurtrier contre «Charlie Hebdo»

2 Commentaires

  1. C’est plus tot un expert Dans la contradiction .cette expert veut attendre 100ans pour utiliser et expoliter cette energie .c’est des generaliter quil a avancer .moi he Lui dit quil va faire un tours au Nord Dakota au USA pour voir une production de petrole de 10 Milions de barills par hour.je suis au USA et j’ai visited ces regions dansmon travail professional alors cher faux expert arreter de nous dire CE que vous liser Dans les journeaux .pourquoi les USA don’t devenu exportateur de petrol et de gaz ?.c’est une question de technologie et d’etudes enviromentales et son impact sans tombe Dans CE type alarmiste .

    • « Omar » Go and do it in the Pyréné after they’ve refused the exploitation, to throw that shit on the North of Africa. Don’t try to give a positive argumentation using Dakota as a simili Risky rare ressource. We don’t need that shit nether those who applyed for it….Yours

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.