La défervescence enregistrée, ces derniers jours, sur les réseaux sociaux, après les événements suivant l’attaque, dont a fait l’objet le journal satirique «Charlie Hebdo», s’est traduite, hier vendredi, dans les rues de la capitale, Alger. Des centaines de manifestants ont marché, après la prière de vendredi, dans le centre de la Capitale pour dénoncer les dessins hostiles à l’islam et le prophète Mohamed, publiés, récemment, par le journal “Charlie Hebdo”. Les mêmes actions de protestation ont été déclenchées, durant la même journée, à travers différentes wilayas du pays, à l’instar d’Oran, Djelfa, Adrar et El-Bayadh. En effet, les manifestants ont répondu à l’appel de certaines associations et partis politiques, dont le MSP, pour faire de la journée, du 16 janvier, celle de «Nous sommes, tous, Mohamed». Un slogan qui vient en réaction par rapport à celui brandi à Paris, «Je suis Charlie», lors de la dernière marche républicaine, organisée suite à l’attentat perpétré contre “Charlie Hebdo”. En effet, les mêmes expressions avaient été placardées, durant la journée de jeudi, sur les murs, boutiques et différents endroits de la Capitale, annonçant un vendredi de colère. Surgissant, dès la fin de la prière, des mosquées de la banlieue algéroise, les manifestants se sont regroupés, en premier lieu, à la place du 1er-Mai, pour se diriger vers la Grande Poste, en empruntant les boulevards Hassiba-Ben-Bouali, et colonel Amirouche. Mais, les forces de l’ordre les ont contrés devant le Commissariat central, sis au boulevard Amirouche, les obligeant de faire le détour et passer par d’autres ruelles pour arriver à la Grande Poste. Brandissant des pancartes, sur lesquels sont écrites des expressions de soutien à la communauté musulmane, établie en France, les manifestants scandaient aussi : «Je suis Mohamed» et «Alliha nahia, alliha namout». Des escarmouches se sont éclatées à plusieurs endroits, face aux barrières dressées par les forces antiémeute, qui veillaient à encadrer la marche et éviter le dérapage. Par ailleurs, l’ancien numéro deux de l’ex-FIS, Ali Belhadj, et l’imam salafiste, ayant proféré des menaces contre Kamel Daoud, Abdelfatah Hamadache, ont été arrêtés, hier matin, par la police, en prévision des manifestations, a rapporté TSA. En sillonnant, hier matin, plusieurs quartiers de la Capitale, nous avons constaté que le décor était planté, notamment devant les mosquées et Alger-Centre. D’ailleurs, des troupes de la police se sont déployées dans les axes principaux, et devant les mosquées, pour parer à d’éventuels dérapages, après la marche attendue pour dénoncer les propos hostiles à l’islam, tenus par le journal satirique «Charlie Hébdo». Même le discours des imams, pour cette journée, a été programmé par rapport l’actualité, et les tentatives de dénigrer, par des lobbys étrangers, l’image de l’islam et celle du prophète Mohamed. Les imams ont été instruits, par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, de se focaliser sur la noblesse et la loyauté du prophète Mohamed. Au niveau du consulat de France à Ben-Aknoun, rien n’a été signalé, selon le constat que nous avons fait sur les lieux. Cependant, dans d’autres endroits, devant les mosquées notamment, il y avait la présence, inhabituelle, des éléments de la police, pour encadrer les manifestants et surtout éviter que l’irréparable ne se produise.
En somme, les services de sécurité étaient, à longueur de journée, en état d’alerte rouge, d’autant que les Algériens ne cachaient pas leur mécontentement, quant aux dessins publiés par “Charlie Hebdo”. Des dessins qui ont suscité le désagrément des musulmans, avant et après la fusillade, dont a fait l’objet “Charlie Hebdo”. La fusillade, suivie d’autres attentats, a été perpétrée, pour rappel, le 11 janvier, coûtant, en tout, la vie à 17 personnes.
Salim Nasri