Accueil ACTUALITÉ Lutte contre le terrorisme : Messahel fustige les financements occultes

Lutte contre le terrorisme : Messahel fustige les financements occultes

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La sécurité mondiale sous l’hégémonie terroriste, ses ramifications et ses capacités de nuisances transnationales, la situation des conflits dans la région du Sahel, ainsi que la lutte contre cette subversion et sur la déradicalisation. Telles sont les questions qui ont construit l’allocution faite par Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue arabe, hier, sur les ondes la Chaîne 3 de la Radio nationale. L’intervention de Messahel vient à peine trois jours après les attentats meurtriers de Paris, survenus vendredi dernier. Ces attaques terroristes revendiquées par l’organisation de l’État islamique (EI), communément appelée Daech, ont relancé à nouveau le débat sur les stratégies de lutte contre ce terrorisme. Ce phénomène ayant gagné du terrain à travers le monde, a toujours été une question à laquelle s’est intéressée l’Algérie, de par ce qu’elle a enduré durant la Décennie noire, en faisant face, seule, à cette subversion. D’ailleurs, le fait qu’elle soit fortement sollicitée, aujourd’hui, par la communauté internationale n’est pas le fruit du hasard. Face à cette menace mondiale de plus en plus grandissante, faudra-t-il répondre d’une manière globale afin de venir à bout du terrorisme ? Telle est le cheval de bataille mené depuis longtemps par l’Algérie, afin de faire part de son expérience avérée et reconnue dans ce domaine. D’ailleurs, Messahel n’a pas manqué de faire référence au message du chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, adressé à son homologue français, en réaction à l’attaque terroriste menée en France. «Le terrorisme est devenu une menace et une atteinte à l’humanité elle-même», a rappelé le ministre. Pour Messahel, de par son ascension fulgurante et son nouveau positionnement sur le plan international, le terrorisme qui en soit un phénomène global, la réponse de la communauté mondiale doit être tout autant globale. C’est en cela que consiste la démarche algérienne menée depuis des années, après s’être sortie des griffes du terrorisme, qu’elle a enduré durant les années de feu et de sang. Pour rappel, lors de la 70e session de l’Assemblée générale de l’ONU, tenue fin septembre dernier à New York, Messahel avait tenu un discours prônant cette stratégie globale, consistant à combattre le fléau par le moyen de déradicalisation. Ceci étant dit, «l’extrémisme violent et les idéologies de l’exclusion, de l’intolérance et de la négation de l’autre sont la matrice du terrorisme», a-t-il argumenté. En fin juillet dernier, une Conférence internationale traitant de cette problématique majeure a été abritée par Alger. Lors de cette réunion ayant regroupé des experts internationaux et des organisations, issues de plusieurs pays, l’expérience de l’Algérie a été fortement sollicitée. Pour Messahel, les discours extrémistes prônés un peu partout dans le monde est à l’origine du terrorisme qui s’en nourrit des messages violents, d’où tire-t-il sa force et puise son idéologie tout autant radicale. Le ministre du gouvernement, le plus au fait de la question, a réitéré la politique adoptée par le pays depuis les années 2000, en matière des moyens à mettre en œuvre en vue de se défaire de l’idiologie extrémiste et ses organisations radicales. Que ce soit à travers la loi sur la paix et la réconciliation nationale instaurée par Abdelaziz Bouteflika et adoptée le 29 septembre 2005, ou bien à travers les réformes juridiques et les mécanismes mis en place, qui visent somme toute la lutte contre ce phénomène, l’Algérie se retrouve aujourd’hui à l’avant-garde de la question, a laissé entendre Messahel. «L’Algérie est devenue une référence en matière de déradicalisation», a-t-il souligné. À ce titre, le Comité antiterroriste du Conseil de sécurité de l’ONU sollicite souvent l’expérience algérienne, aussi bien que beaucoup de partenaires de l’Algérie, qui veut partager sa vision et sa conception du fait terroriste. Au-delà de l’arsenal juridique mobilisé mis en œuvre à l’intérieur du pays qui se veut exemplaire pour les pays qui font face à ce fléau, Messahel a appelé à réhabiliter l’islam traditionnel et redonner à la mosquée sa vocation de lieu de culte et de mission culturelle, ainsi que faire de l’école une école citoyenne à part entière. Pour Messahel, il faudra encourager les moyens pacifiques à des fins de prévention, mais aussi permettant aux différentes sensibilités de vivre ensemble. À cet effet, selon le ministre, même la démocratie trouve ses fondements dans la déradicalisation et est tributaire de cette stratégie.

Lorsque le terrorisme s’allie avec le crime organisé
Messahel a reconnu qu’effectivement le phénomène du terroriste n’était plus ce qu’il était il y a quelques années. Le terrorisme s’adapte à la marche du monde et se trouve en pleine mutation, à tel point qu’il occupe des espaces, élargit son champ d’action, et change de modes opératoires d’où, justement, sa capacité de nuisance pouvant atteindre n’importe quel point du Globe, comme l’a expliqué le même ministre. Ceci étan, aujourd’hui, le monde est en face d’un «terrorisme sophistiqué qui s’appuie sur plusieurs méthodes d’attaque, et recours au moyen de la cybercriminalité, via les réseaux sociaux…», a indiqué le même responsable du gouvernement. D’ailleurs, les chiffres avancent que plus de 2 000 vidéos sont publiées mensuellement par les groupes terroristes, via le réseau internet. Pour Messahel, ce moyen utilisé par les organisations subversives, à travers le monde entier, doit être régulé à travers la mise en place d’un cadre juridique régissant l’exploitation de l’Internet. L’invité de l’émission de la Chaîne 3 a révélé qu’une Conférence internationale se tiendra à Alger au courant du premier trimestre 2016. Cette rencontre se chargera de traiter du cadre devant définir les mécanismes adéquats de contrôle de la Toile mondiale, tout en permettant de garantir les libertés des usagers. En plus de ces moyens qui profitent et renforcent les capacités de mobilisation et de recrutement des groupes terroristes, mais aussi leur permettent de semer leur idéologie nihiliste, il y a, selon Messahel, une coordination entre terroristes eux-mêmes et les crimes organisés à travers ses facettes. D’ailleurs, la déstabilisation de la Lybie et du Mali a fait qu’il y a eu prolifération de multiples trafics par lesquels se nourrissent les groupes armés. En évoquant la question du financement des organisations subversives, Messahel a expliqué qu’il y en des financements occultes, liés aux paradis fiscaux, aux demandes de rançons et aux revenus du crime organisé. En tout état de cause, l’Algérie a toujours demandé de tarir les ressources du terrorisme, un des moyens de lutte pour l’anéantissement de ce phénomène.

Libye : un gouvernement d’union nationale, une panacée face au terrorisme
S’exprimant sur la sécurité prévalant sur les frontières du pays, Messahel a indiqué que la menace sur le pays est présente. En dépit, a-t-il précisé, du fait que l’Armée nationale populaire et les différents services de sécurité, veillent à la sécurisation des frontières. «Nous vivons dans une zone de turbulence. Que ce soit la situation dans les pays de l’Est de notre pays ou bien ceux du Sud, la menace terroriste est là». En effet, devant les conflits armés prévalant en Libye et dans les pays du Sahel comme le Mali, les appréhensions suscitées ne peuvent qu’être légitimes.  Même si, pour Messahel, l’Algérie reste le pays le moins exposé dans la région et le plus ayant gardé sa stabilité, comme l’a reconnu d’ailleurs nombre de pays, a précisé le même ministre. «Il n’y a pas de risque zéro. Il faut que la vigilance soit maintenue», a-t-il encore prévenu. Évoquant la situation en Libye, Messahel a rappelé la position extérieure de l’Algérie, qui privilégie la solution pacifique et politique, et qui exclut toute intervention militaire dans un autre pays.  «L’Algérie ne peut pas rester indifférente par rapport à ce qui se passe dans ce pays frère, avec lequel nous partageons notre histoire, un patrimoine commun…», a assuré le membre du gouvernement.
Ainsi, la recherche de solutions politiques par la voie du dialogue a fait le fer de lance de la position algérienne. Cependant, au début du conflit libyen, cette idée n’a pas fait consensus, où certains pays ont préconisé une intervention étrangère, a rappelé Messahel, qui a précisé que l’Algérie a proposé l’adoption d’un seul agenda pour tous les partenaires, et a refusé de prendre une initiative unilatérale dans le règlement de ce conflit. Et pour cause, l’Algérie qui a accompagné la voie des Nations-unies, qui est impliquée dans cette question, a eu gain de cause, puisque, comme l’a affirmé Messahel, «aujourd’hui, il y a un consensus autour de la question libyenne».
D’ailleurs, «il ne peut y avoir d’alternative à la solution politique», a soutenu le même ministre, qui demeure convaincu que la solution pour dépasser la crise militaire, prévalant en Libye depuis 2011, réside dans la constitution d’un gouvernement d’union nationale. L’importance dans gouvernement d’union pour Messahel est le fait que toutes les parties en conflits soient représentées. Ainsi, la Libye qui fait face à l’organisation terroriste Daech, doit retrouver ses forces dans la mise en place d’institutions de l’État, a laissé entendre Messahel. Car, «le terrorisme se développe de l’absence et de la faiblesse de l’État», a-t-il expliqué.
Farid Guellil

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