Visiblement accablés de fatigue par tant d’années à courir, en vain malheureusement, derrière leurs revendications alors que le poids de l’âge a fait le reste, les retraités de Sonatrach s’en remettent désormais au président de la République qu’ils appellent à l’intervention, à l’effet de les réhabiliter dans leurs droits liés à la retraite.
Un dernier recours, tentons-nous de dire, à se saisir notamment du message des rédacteurs d’une lettre adressée au chef de l’État, et par laquelle quelque 32 000 anciens salariés du géant pétrolier national, ont tenté d’attirer l’attention particulière du Président sur leur sort. En effet, cela fait une dizaine d’années que les retraités de Sonatrach tapaient à la porte de la direction de l’employeur auprès de laquelle ils demandaient la satisfaction d’une plateforme de revendications formulées autour de trois axes principaux. À savoir, relève-t-on dans ce document, « Nos droits en matière de retraite complémentaire (pension de retraite complémentaire (PCR), indemnité d’expérience professionnelle (IEP/IAG) et l’indemnité compensatoire de l’indemnité de zone et de conditions de vie (IC-IZCV) ».
Ainsi, après les années de service passées à Sonatrach, une entreprise publique qu’ils disent avoir servi avec dévouement et même consenti des « sacrifices » pour le développement de la nation, ces retraités estiment que leurs droits sont spoliés au grand dam des milliers de familles, dont beaucoup parmi elles arrivent difficilement à subvenir à leurs besoins. « Sommes-nous dans l’obligation de décrire aux spoliateurs, les sacrifices consentis par les pionniers de la Sonatrach, afin de permettre à notre nation de se développer ? Nous avons usé de tous les moyens humains légaux, afin de trouver une oreille attentive à nos doléances (…)», pouvait-on lire sur le document.
Et s’ils décident aujourd’hui de s’adresser au premier magistrat du pays c’est qu’ils ont dû frapper à toutes les portes, de la direction de l’employeur en passant par la tutelle ministérielle jusqu’auprès des tribunaux, instances judiciaires auprès desquelles, ils ont eu, pourtant, gain de cause. Pour preuve, ajoutent les rédacteurs du texte, « Helas, Monsieur le Président, les seules réponses données à notre inquiétude, à notre désolation, à notre impuissance et nos maladies, ce sont le mépris, le dédain, et l’injustice. Lorsqu’on prend la peine de les écouter, les retraités ne demandent pas l’impossible, ils veulent tout simplement que leurs droits spoliés leurs soient rendus comme décrits dans les lois et les conventions selon la législation en vigueur. »
Dans cette plaidoirie qui ne dit pas son nom, les retraités du groupe Sonatrach s’en prennent vite aux gestionnaires dont ils se sentent être victimes, comme beaucoup de ces Algériens qui ont vécu des années sous le diktat d’injustices multiformes des tenants de l’ancien régime. Aujourd’hui, maintenant que les choses semblent aller vers une réparation de ces injustices, « il serait temps en effet que le bon sens corrige enfin les maladresses et les erreurs des gestionnaires qui ne connaissent de la Sonatrach que les gloires et les richesses qu’ils amassent. Tout cela parce que les retraités ne sont pas des agitateurs sociaux, n’ont-ils pas rempli comme il se doit leur mission envers leur employeur ? », plaident et s’interrogent-ils au même temps.
Ils en veulent encore comme preuve à cet ultime recours auprès du chef de l’État, « Nos requêtes transmises à qui de droit sont restées sans suite pour la simple raison que personne parmi les inspecteurs principaux du travail, les gestionnaires des institutions, ni les directeurs, ni les magistrats, ni mêmes les procureurs rencontrés n’ont eu le réflexe de prendre les mesures qui s’imposaient ». Voilà donc la raison pour laquelle, les retraités décident de s’adresser « à votre honneur par lettre ouverte, afin de vous exposer les faits d’un flagrant déni de droit. Nous avions transmis des requêtes à chaque maillon de la hiérarchie, beaucoup d’autres institutions (APN et SÉNAT) et partis politiques sans pour autant que l’une d’elles lève le petit doigt pour corriger les injustices commises à l’encontre de vieillards alourdis par le poids de l’âge, affaiblis par les affres des maladies et les aléas de la vie. » Il convient de noter, enfin, que la lettre des retraités de Sonatrach a été accompagnée d’un texte explicitant les termes des trois revendications citées en haut.
Farid Guellil