Des médicaments introduits de manière frauduleuse, c’est à dire illégale, sur le territoire national sont proposés à la vente en ligne et sur les réseaux sociaux aux Algériens. C’est ce que nous apprend la Commission nationale de coordination du Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP) et du Syndicat national des pharmaciens d’officine (SNAPO), CNOP-SNAPO.
Plus grave, les médicaments mis sur ce marché hors officine constituent un danger réel pour la santé de nos concitoyens par l’introduction de produits prohibés, non autorisés ou contrefaits, précise la CNOP-SNAPO. La vente de médicaments en ligne et sur les réseaux sociaux comporte encore plus de risques quand il s’agit de médicaments prescrits sur ordonnance.
La CNOP-SNAPO dénonce ces pratiques et rappelle «qu’enfreindre les règles de l’exercice pharmaceutique, expose son auteur à des sanctions disciplinaires, allant de l’avertissement à la fermeture de l’officine ou de l’établissement». La CNOP-SNAPO n’a pas donné d’indications sur la part des ventes en ligne et via les réseaux sociaux dans le marché du médicament en Algérie.
Mais cette pratique a certainement pris les dimensions d’un phénomène sérieux pour que les pharmaciens s’en inquiètent à la fois pour leur propre activité professionnelle et aussi pour la santé de la population. La crise sanitaire et la fermeture des frontières qu’elle avait imposée, avaient considérablement réduit les importations de produits dans les bagages de voyageurs. Mais depuis quelques mois, la reprise des liaisons aériennes permet de nouveau la revente sur le marché national de produits ramenés de l’étranger dans les cabas. Les médicaments font partie de ce commerce qui n’est pas nouveau. Cela fait des années que les Algériens ont la possibilité d’obtenir les produits qu’ils désirent et qu’ils ne trouvent par dans le circuit formel du commerce.
La sphère de l’informel alimentée par les produits d’importation a commencé à connaître son essor dans les années 1980 sur les sites même des administrations centrales. Les produits étaient écoulés dans les bureaux, les vendeurs et les acheteurs étaient collègues de travail dans ces administrations. Cette économie informelle avait proliféré, à l’époque, au point de prendre progressivement en charge une part non négligeable de l’approvisionnement national. Depuis peu, les affaires sont conclues à travers les réseaux sociaux.
Dans ce circuit, les produits importés qui viennent de l’étranger, arrivent toujours dans les cabas, comme avant. Il en est de même pour la vente en ligne. Les barons de l’informel ne sont visiblement pas inquiétés. Seulement, le médicament a cette particularité de toucher directement la santé du citoyen. Il n’est pas possible de veiller à la traçabilité du circuit des médicaments importés par cabas et mis en vente en ligne ou sur les réseaux sociaux. Ce commerce informel dans le médicament est justifié par les pénuries fréquentes de certains produits, provoquées, dit-on, comme pour la pomme de terre, par des spéculateurs. Il y a également les ruptures d’approvisionnement qui sont une réalité qui date depuis plusieurs années et qui n’est pas propre à l’Algérie. Les gens veulent acheter les médicaments dont ils ont besoin et s’ils les trouvent en ligne ou sur les réseaux sociaux, ils n’hésitent pas. Les «opérateurs» de l’informel s’adaptent à la demande. La mise en place de l’Observatoire national de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques, muni d’une plateforme numérique, devrait pouvoir agir sur cette situation. L’État a pour mission de garantir la disponibilité des produits pharmaceutiques, notamment les médicaments essentiels ; mettre en place des outils et un dispositif réglementaire garant de la qualité, de l’efficacité et de la sécurité ; assurer l’accessibilité économique aux produits pharmaceutiques à tous les citoyens.
M’hamed Rebah