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L’ÉCONOMISTE SMAIL LALMAS FAIT LE POINT, AU «COURRIER D’ALGÉRIE», SUR L’INDUSTRIE AUTOMOBILE : «Les opérateurs doivent dégager un quota à l’exportation»

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Le dossier de l’industrie automobile nationale fait à nouveau escale dans le débat économique. L’importation des kits de montage CKD/SKD continue à peser sur l’économie nationale au moment où les réserves de change pointent en dessous des 80 milliards de dollars. Le gouvernement tente une parade: Il plafonne les quotas d’importation pour chaque opérateur et s’attèle à relancer l’importation des véhicules d’occasion.

Pour mieux éclairer l’opinion publique sur ce dossier alambiqué, nous avons pris attache avec l’économiste Smaïl Lalmas, qui a décortiqué le sujet et a fait des suggestions.
D’emblée, il dira qu’« il faut la combinaison de plusieurs critères pour pouvoir parler de la construction automobile. Nous, en Algérie, dès le départ, on est parti sur un mauvais pied dans ce domaine. Malheureusement, je n’ai pas été écouté il y a quelques années. Je disais qu’on va se retrouver avec une surfacturation très importante si on continue d’importer des kits pour le montage des véhicules.»
Poursuivant son constat sur ce dossier, il dira que « la construction automobile en Algérie n’a pas été posée sur de bonnes bases. Si on est arrivé là aujourd’hui, c’est à cause de l’absence d’une vision stratégique du gouvernement. Les responsables ne savent plus quoi faire avec ce dossier, ni de celui de l’économie du pays », dira notre interlocuteur. Pour le développement d’un projet industriel aussi important comme celui de la construction automobile, cet expert donne son avis. «Le tissu de la sous-traitance devrait avoir la part principale de ce dossier. On aurait dû développer, en même temps, ce dossier pour alimenter convenablement cette industrie comme cela se fait partout dans le monde.
Chez nous, faut-il le dire, on a commencé les choses à l’envers. On a voulu débuter par le montage, au lieu de focaliser sur la sous-traitance. Et, du coup, on se retrouve avec une surfacturation vertigineuse en kits. »

«Les opérateurs doivent dégager un quota à l’exportation»
Très au fait des rouages de l’économie nationale, Lalmas qualifie et assimile ce dossier «à une bombe à retardement pour le gouvernement.» Et pourquoi ? «La facture d’importation des kits CKD/SKD nous a coûté plus de 3 milliards de dollars en 2018 en plus de 1,5 milliards de dollars pour les pièces de rechanges. En terminant l’exercice 2018 avec plus de 4 milliards de dollars d’importations», explique, chiffres à la clé, l’économiste. Quant à l’objectif fixé par les autorités publiques, « le gouvernement ne peut pas réduire la facture d’importation des kits CKD/SKD, car ceci pourrait casser carrément ce projet d’assemblage des véhicules. Le problème réside dans le financement de l’importation de ces kits, car l’Algérie ne peut plus assurer l’importation de ces kits avec l’argent du pétrole». Dans le même sens, Lalmas estime qu’«on ne peut rien faire avec cette façon pour réduire la facture d’importation. Ce n’est pas la bonne façon qu’on doit opérer. En principe, le gouvernement doit réunir tous les opérateurs concernés, afin de pouvoir étudier, d’une manière intelligente, la possibilité de réduction de la facture d’importation». Pour conclure, Lalmas a indiqué que  si l’Algérie veut bien réguler le domaine de construction d’automobile, il y a d’autres solutions qui peuvent nous éviter tout désagrément. À titre d’exemple, il suggère le fait que les usines de montage «doivent dégager un quota de production pour l’exportation». En conséquence, «ces entreprises peuvent financer les importations de ces kits avec les recettes de l’exportation. Aussi, il faut absolument augmenter la production pour améliorer le taux d’intégration, mais aussi pour attirer l’attention des équipementiers et autres sous-traitants qui peuvent les accompagner.»
Med Wali

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