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L’ÉCONOMISTE MOHAMED ACHIR AU « COURRIER D’ALGÉRIE » : «L’État aura toujours besoin du financement non conventionnel»

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Engagé fin 2017, le financement non conventionnel a atteint, au 31 janvier dernier, un montant total tiré de 6 556,2 milliards de dinars. Depuis le 22 février marquant l’avènement du Mouvement populaire et citoyen, la vie nationale a été bousculée par les événements qui ont influé sur l’économie nationale. Pour preuve, l’annonce faite le 23 juillet dernier par le porte-parole du gouvernement. Hassane Rabhi, également ministre de la Communication, déclare en effet la mort à la planche à billets, dont l’ère «est révolue», selon les propos qu’il a employés.
Mais, qu’en est-il réellement ? A-t-on définitivement tourné la page du financement conventionnel ? Si tel est le cas, la décision aura-t-elle un impact sur l’économie nationale ? Pour répondre à ces questions, nous avons sollicité l’éclairage de l’économiste Mohamed Achir, enseignant-chercheur à l’Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. «L’annulation annoncée par le gouvernement du recours à la planche à billets, notamment le financement non conventionnel, ne peut pas se référer seulement à la déclaration du porte-parole du gouvernement et celle du ministre des Finances. Cette décision doit être adoptée par le Parlement», introduit d’emblée Dr Achir, contacté hier par téléphone à ce sujet. Il en veut pour preuve, le fait que «le Parlement n’était pas sollicité pour voter sur une loi modificative de l’article 45 bis. Donc c’est pour cette raison qu’on ne peut pas dire que le financement non conventionnel est définitivement suspendu. Par contre, il est simplement gelé de façon momentanée», a-t-il détaillé.
Au-delà de ce qu’il considère comme décision à «effet d’annonce», tant celle-ci a été prise deux jours seulement avant le départ de l’ex-président Bouteflika du pouvoir, Dr Achir aborde les perspectives économiques de l’Algérie et croit que l’État n’a pas d’autres solutions alternatives pour combler le déficit budgétaire. «Réellement, il n’y a pas de financement alternatif pour le budget de l’État. Pour cette année, on aura 2,2 milliards de dinars de déficit budgétaire. Il y avait aussi le cours du pétrole qui tourne autour de 60 et 65 dollars/baril. Donc on n’a pas eu un surplus de la fiscalité pétrolière susceptible de combler le déficit budgétaire. C’est pour cette raison que l’État aura toujours besoin du financement non conventionnel», a-t-il illustré son analyse.
Au titre de l’incidence d’une telle mesure sur les finances publiques, Mohamed Achir affirme que «le gel de cette décision aura un impact sur la loi de Finances et les projets structurants.» Autrement, l’État «va se contenter seulement du financement du budget de fonctionnement, donc le gouvernement va suspendre toutes les opérations d’équipement et d’investissement», a-t-il indiqué davantage. Selon encore cet économiste, «avec la planche à billet, on aurait pu régler les créances de l’État auprès des entreprises. Ce qui aurait permis ensuite de relancer des projets qui ont été déjà gelés par le passé», a-t-il déploré en donnant l’exemple de projets dans les secteurs de la Santé, l’Éducation, des Travaux Publics… etc. Enfin, dans un sens plus large, Mohamed Achir plaide pour une politique économique cohérente et l’adoption d’un système de planification avant la prise de décision. «Le problème ne réside pas dans l’annulation ou non du financement conventionnel. Pour moi, le problème demeure dans l’absence d’une politique économique cohérente. Et, surtout, de l’absence d’une planification. Sinon cette décision reste une gestion conjoncturelle», a-t-il conclu.
Med Wali

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