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Le vrai visage de l’autre femme

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Ahmed, un homme très sage, frisant la cinquante, possède une grande boucherie au centre de la ville dans l’ouest du pays. Cela faisait plus de vingt ans qu’il était marié avec sa cousine Nacéra. Mais il n’avait pas eu de chance durant sa vie conjugale. Sa femme n’avait jamais pu avoir d’enfant car elle était stérile. Pour ne pas perdre son mari un jour, elle lui proposa de se remarier avec son amie intime avec qui elle avait de très bonnes relations.

Par Lazreg Aounallah

Après avoir consulté plusieurs médecins et effectué des analyses pour connaître qui en était la victime, il s’était avéré que sa femme était stérile selon le diagnostic qui leur avait été fourni par les spécialistes. Ahmed ne savait pas que sa cousine ne pourrait jamais avoir d’enfants. Il était totalement déçu, mais tellement il l’aimait à la folie, il ne voulait pas la perdre pour tout l’or du monde. Une maladie incurable que Dieu seul peut la guérir avec sa volonté. Ahmed, avait accepté tout ce qui venant de Dieu. Pour lui, c’était Dieu qui lui avait écrit ce destin. Ce problème épineux l’avait contraint à vivre sans enfants, malgré lui. Face à cette situation désobligeante, il n’avait jamais songé à se remarier avec une autre femme. Il aimait tellement sa cousine qu’il n’aurait jamais eu le courage de la trahir sous quelque motif que ce soit. Un jour, sa femme décida de lui parler sérieusement pour éclaircir leur situation un peu confuse. Elle lui adressa ces quelques paroles:
– Écoute, Ahmed, j’ai à te parler sérieusement, tu dois penser à te remarier pour avoir des enfants qui seront tes héritiers le jour où tu partiras dans l’au-delà. Tu dois mettre fin à cette situation qui te rendra toujours triste. Tu n’arriveras jamais à tenir longtemps sans enfants. Ce n’est pas ma faute si je ne t’en avais pas donné. Dieu en a voulu ainsi. Tu dois te remarier pour avoir des enfants qui seront tes héritiers. Ahmed s’exaspéra et lui répondit à bout de nerfs.
– Mais tu es devenue folle ! Nacéra, me remarier ? En plus, c’est toi qui me le propose.
– C’est la vérité, Ahmed. Tu dois penser à te remarier.
Après avoir mûrement réfléchi, Ahmed conclut que sa femme avait parfaitement raison. Il ne pourra plus continuer à vivre sans avoir de progéniture. Cela fait partie de la vie. Il est obligé de se remarier. Aussi, il doit avoir des héritiers le jour où il mangera les pissenlits par la racine. Il appela sa femme et lui dit :
– Écoute, Nacéra, j’ai bien réfléchi à ta proposition et j’ai déduit que tu avais raison. Je dois me remarier. Dans ce cas, il va falloir trouver une bonne femme. Une femme avec laquelle tu t’entendras très bien et ne devra pas ta causer pas de problèmes dans ta vie conjugale. As-tu une femme en vue ?

Nacéra réfléchit un moment puis elle dit à son mari :
– Oui, j’ai une femme en vue. J’ai pensé à Mériem, la sœur de mon cousin Hamid. Elle est âgée à peine de 30 ans. Elle n’avait jamais reçu de prétendant. Elle est très gentille et très compréhensive. Je me mettrai ma main au feu qu’elle ne nous causera pas de problèmes. Elle est très affectueuse. La chance ne lui avait pas souri pour convoler en justes noces avec homme. Elle est très cultivée et possède un bon niveau d’instruction. En plus, elle avait effectué des formations pour devenir pâtissière. Elle sait très bien cuisiner. Je pense que c’est la femme idéale pour toi. Comme çà, tu pourras avoir des enfants avec elle et nous vivrons tous les trois en bons termes. Qu’en penses-tu ?
Ahmed se tut un moment puis dit à Nacéra.
– Effectivement, c’est une bonne proposition. Je dois y réfléchir. Je te donnerai ma réponse le soir avant de nous coucher.
– Très bien, Ahmed, tu auras tout le temps pour réfléchir. Ne te presse pas. Il faut mûrement réfléchir.
– C’est ça, Nacéra, c’est une proposition qui demande réflexion.
Ahmed commençait à s’agiter malgré sa grande sagesse. S’il déciderait de se remarier, il savait pertinemment que les choses prendraient une autre tournure dans sa vie conjugale. Sa femme n’était habituée qu’à lui et leur mode de vie changerait certainement. La situation ne restera plus comme avant. Les femmes sont souvent versatiles. Nacéra n’avait pas pensé qu’elle allait cohabiter avec une rivale et qui pourrait lui causer des problèmes. Nacéra faisait trop confiance à Mériem. Comme disait La Fontaine dans une de ses fables ‘’il ne faut jamais juger les gens sur la mine’’. Nacéra était-elle vraiment naïve en proposant à son mari de se remarier avec une autre femme ? Avait-elle vraiment réfléchi à sa proposition ? S’était-elle exposer à un danger grave et imminent ? Avait-elle agi impulsivement ?
Le soir avant de se coucher, Ahmed donna sa réponse à Nacéra.
– Écoute, Nacéra, j’ai bien réfléchi. J’accepte ta proposition. On fixera un jour pour aller demander la main de la femme dont tu m’as parlé. Je discuterai sérieusement avec son père. Maintenant il faut s’attendre à un éventuel refus de sa part. Accepterait-il de marier sa fille à une personne déjà mariée ?
Nacéra réfléchit un moment puis elle lui répondit calmement.
– Écoute-moi bien, Ahmed, çà, c’est mon affaire. Je connais très bien mon amie intime. Je vais lui expliquer en détail la démarche que nous aurons à prendre. Nous dirons à son père que ce mariage se fera avec mon accord.
Ahmed ne voulait pas trop mettre sa femme dans une situation délicate comme celle-ci. Elle pourrait s’attendre à des surprises. Il dit à Nacéra :
– Je ne veux pas te mettre dans une situation qui pourrait te causer des désagréments dans le cas où ça ne marcherait pas.
Nacéra se tut un moment puis elle affirma à son mari :
– Écoute-moi bien, Ahmed, avant d’aller directement demander sa main à son père, je dois d’abord la contacter pour l’avertir de notre arrivée et cela me permettrait de s’enquérir de sa situation actuelle. De toutes les façons, je choisirai le moment propice pour le faire.
Ahmed accepta volontiers la proposition de sa femme. Il fallait attendre le temps opportun pour agir car ce n’était pas chose facile. Un jour, Nacéra décida d’appeler son amie. Elle discuta longuement avec elle sur la situation qu’elle lui avait présentée. Son amie était très contente et lui dit qu’elle devrait parler avec sa mère et lui rendre la réponse dans les 24 heures. Elle la remercia de sa gentillesse avant de couper avec elle. Le soir, quand Ahmed, rentra de la boucherie, Nacéra lui fit part de sa conversation avec son amie au sujet de son remariage. Elle lui dit qu’elle devrait attendre 24 heures pour avoir une réponse. Le lendemain, Mériem, téléphona à Nacéra pour lui dire que ses parents avaient accepté le rendez-vous. Ils seraient les bienvenus. Nacéra annonça la bonne nouvelle à son mari. Il était très content. Ils se fixèrent un rendez-vous après avoir choisi la journée du vendredi pour aller demander la main de Mériem. Le jour « J », le couple prit le départ en direction de la villa où Mériem habitait avec sa famille. Arrivés devant la villa, ils frappèrent à la porte. Le père de Mériem leur ouvrit la porte et les invita à entrer. « Soyez les bienvenus » leur dit-il « Faites comme chez vous » dit la mère de Mériem qui les fit entrer dans un grand salon meublé de luxe, toutes les commodités. Le père de Mériem était âgé de soixante dix ans et retraité depuis plusieurs années. Il avait occupé des postes de cadre supérieur dans l’Administration dans trois ministères différents. Avant de sortir en retraite, il avait occupé le poste de directeur général dans une société privée. Il gagnait très bien sa vie. Il avait trois filles et deux garçons. Ceux-ci habitaient tous seuls dans des logements sociaux. Mériem était la benjamine. Ses deux grandes sœurs étaient mariées à des hommes d’affaires. Mériem était la seule femme que la chance ne lui avait pas encore souri pour rencontrer l’homme de sa vie. Le destin avait voulu qu’on vienne un jour frapper à sa porte pour demander sa main après avoir attendu longtemps. Ahmed et Nacéra étaient confortablement assis dans un fauteuil de luxe. Ils avaient été regagnés peu après par les parents de Mériem. Même les frères et sœurs de Mériem y étaient présents. Ils avaient été avisés la veille par leur père. On leur avait servi d’abord à boire des boissons gazeuses. Des gâteaux de différentes variétés étaient posés dans des plats sur la table. Après avoir longuement discuté sur beaucoup de choses de la vie, les invités décidèrent de revenir aux choses sérieuses, le vrai sujet de la visite. Ahmed prit la parole et s’adressa directement au père de Mériem lui disant qu’il était venu pour demander la main de sa fille. Il lui expliqua la raison qui avait motivé cette décision. Aussi, il leur expliqua que sa femme est stérile et cette décision avait été prise en concertation avec elle. Ahmed voulait avoir des enfants pour égayer son foyer. En plus, il voulait avoir des héritiers pour lui succéder. Après avoir mûrement réfléchi, le père de Mériem accepta après qu’il eût posé des conditions qu’Ahmed et Nacéra avaient acceptées. Trois mois après avoir demandé sa main, Ahmed et Mériem convolèrent en justes noces. Le nouveau couple s’entendait très bien. Ahmed ne couchait plus comme avant avec Nacéra. Les choses commençaient à tourner mal entre Ahmed et sa femme. Mériem, l’amie intime de Nacéra, avait totalement changé envers elle. Elle lui avait donné un autre visage. Nacéra avait compris que le masque de son ancienne amie était tombé. Maintenant, elle lui avait montré son vrai visage. Le visage d’une femme diabolique qui lui avait volé son mari. Finalement, Nacéra était très naïve avec Mériem. Elle était devenue sa vraie rivale. Depuis son union avec Mériem, Ahmed se désintéressait totalement de sa première femme. Il occupait plus de temps avec sa nouvelle femme. Mériem méprisait Nacéra en lui rendant la vie dure. Le nouveau couple avait mis Nacéra en quarantaine. Ils ne parlaient plus avec elle. Nacéra était enfermée toute la journée dans sa chambre. Elle menait une vie de recluse. Elle n’avait plus personne avec qui communiquer. Certainement, ils voulaient la rendre folle et l’interner en hôpital psychiatrique. Elle ne supportait plus cette vie infernale imposée ce couple diabolique. Mériem était enceinte de 6 mois. Ahmed lui apportait tout ce qu’elle lui demandait. Il l’avait trop gâtée. Il était heureux de devenir bientôt un père. Il ne savait pas si c’était un garçon ou une fille. Un matin, Nacéra n’était pas sortie pour prendre comme de coutume son petit déjeuner dans le salon. Ahmed s’était inquiété. Il attendit un bon moment puis pénétra dans la chambre de sa première femme. Nacéra était allongée sur son lit, inerte. Le sang lui coulait de sa bouche. Elle s’était tranchée les veines de ses poignets. Le sang coulait abondamment. Nacéra avait rendu l’âme à cause de sa naïveté. Elle était trop sincère avec son mari. Mais sa sincérité l’avait conduite dans l’au-delà. Elle s’était suicidée car elle savait que sa vie avec son mari ne pouvait plus continuer ainsi. Elle voulait lui faire du bien, mais hélas, elle s’était trompée sur son compte. C’était un traître. Il voulait lui empoisonner la vie. Il appela le commissariat de police le plus proche pour leur expliquer ce qui venait d’arriver. Ahmed était la cause du suicide de sa première femme, celle qui l’avait toujours aimé de toutes ses forces. Une enquête a été menée pour déterminer les causes exactes qui avaient poussé Nacéra à se suicider. Après enquête approfondie des services de police, Ahmed fut déféré devant la justice et condamné à dix ans de prison pour initiation au suicide.
L. A.

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