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Le terrorisme routier et l’hécatombe causée par les chauffards

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Par Ali El Hadj Tahar

L’insécurité routière constitue un grand problème de santé publique dans le monde, pas uniquement en Algérie, où chaque jour au moins 12 personnes sont tuées sur la route tandis que 178 autres se blessent.
En 2014, l’Algérie était classée à la troisième place mondiale après l’Arabie saoudite et la Jordanie en termes de décès dus aux accidents de la circulation. Avec un accident toutes les 20 minutes et un décès toutes les 3 heures, notre pays caracole toujours en tête de liste dans ce championnat macabre à cause du facteur humain, qui est à l’origine de 90% des drames, selon tous les spécialistes et organismes dont le Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR). Beaucoup de progrès ont été faits en Algérie depuis 2013 mais les drames provoqués sur nos routes restent parmi les plus élevés dans le monde puisque 3 310 décès et 32,570 blessés y ont été enregistrés en 2018. Les pertes matérielles étaient estimées, quant à elles, à 100 milliards de dinars (soit 1,4 milliards USD) en 2016.
La voiture fauche autant que les Kalachnikovs dans les pires moments du terrorisme. C’est d’ailleurs ce qui vaut à ce phénomène d’être qualifié de terrorisme des routes. On pleure, on enterre, on bloque les routes, on revendique des dos d’âne, puis on oublie et on recommence, l’incivisme reprenant le dessus partout, au quotidien. La conduite en état d’ivresse et l’emprise de psychotropes ne sont pourtant pas les premières causes des accidents ni en Algérie, ni ailleurs dans le monde : le facteur humain est l’imprudence, le non-respect du code de la route ; et cela relève de l’incivisme. Incivisme veut dire manque d’éducation. Et si on parle de plus en plus de terrorisme des chauffards c’est parce qu’il s’agit de faits où la responsabilité et la conscience sont engagées.
Beaucoup accusent les instructeurs et les ingénieurs d’auto-école de vendre le permis, d’autres incriminent la pièce détachée et même les voitures asiatiques. Pourtant les statistiques sont implacables : l’état du véhicule n’est à l’origine que de 2,13% des accidents contre 1,38% en raison de l’état des routes. Accablants, les chiffres du CNPSR précisent que les conducteurs âgés entre 29 et 30 ans sont impliqués dans 27,39% des accidents, suivis par la tranche d’âge 25-29 ans avec 17,71%. Les personnes de sexe masculin sont impliquées dans 83% des cas et, partant, le nombre de mâles tués est presque proportionnel. L’hécatombe des routes donne la chair de poule : plus de 170 000 personnes ont été tuées dans des accidents de la route dans notre pays entre 1970 et 2017, en plus des deux millions de personnes blessées. Quelles solutions pour y remédier, en plus de celles qui ont déjà été prises ? Le ministre du Transport parle de criminaliser le chauffard mais ni la répression ni l’éducation ne peuvent aller sans un contrôle permanent et sévère sur les routes.
L’émission Tarik Essalama joue peut-être un rôle dans la conscientisation mais « Chorti el makhfi », le policier caché, a disparu. Où est le motard caché d’antan ? Celui qui était toujours en embuscade là où vous ne vous attendez point ? Caché derrière un buisson, derrière un arbre, et qui voit si l’arrêt au stop a été marqué, si les feux ont clignoté, si la ligne continue a été grillée, si un dépassement dangereux a été effectué… Nous languissons ces motards embusqués d’un passé si lointain déjà.
Les accidents sont moins provoqués sur les rocades ou les autoroutes que sur les routes nationales, où les motards en embuscade ont malheureusement disparu ou presque. L’Algérien n’a plus peur du gendarme ni du policier. De loin, le chauffard qui slalome ou roule à tombeau ouvert est averti par des coups de phare qu’un barrage fixe est dressé un peu plus loin, alors il décélère et devient le chauffeur modèle. Le barrage dépassé, il reprend aussitôt sa peau de tueur. Et la route devient une jungle.
A. E. T.

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