Il est très difficile pour la Tunisie de renouer avec une activité touristique, déjà au rouge, depuis plus de trois ans de la période transitoire dans ce pays. Secoué fortement par l’attentat terroriste barbare,de mars dernier, contre le Musée de Bardo, au cœur de la Capitale, celui de vendredi dernier, contre l’hôtel Marhaba, à Sousse compromet sérieusement la saison estivale en Tunisie. L’attentat contre une station balnéaire, à Sousse qui a fait 39 victimes, britanniques, allemandes et belges, a précipité outre, le départ de plus d’un millier de touristes étrangers, dont la majorité des occidentaux, mais aussi l’annulation de centaines de réservations. Commis quelques jours du début de la saison estivale, dans ce pays, moteur de l’économie tunisienne, représentant près de 7% du PIB, avec plus de 400 000 emplois directes et indirectes, le secteur est confronté à de sérieux problèmes et à divers niveaux. Selon le rapport de la Banque centrale tunisienne, avril dernier, un recul de 25,7% du nombre de touristes, a été enregistré, en un an, et une baisse de 26, 3% des recettes en devises. Les réservations, cet été vers la Tunisie, depuis la France, premier pourvoyeur de touristes, ont affiché un retard estimé à -37,7%, en comparaison à mai de l’année, selon les chiffres avancés par le Syndicat des entreprises du tour Operating (Seto). Un recul souvent mentionné par les différents services tunisiens, en charge du secteur, précisant que depuis le début de l’année en cours, les Français affichent une frilosité pour la destination tunisienne. Autre donnes qui montrent que la tendance était à la baisse, déjà bien avant l’attentat barbare de vendredi dernier, les chiffres des agences de voyage françaises, qui n’étaient pas au niveau espéré, notamment par les tunisiens. Entre janvier et mai, 2015, une baisse cumulée de 40% des réservations en nombre de passagers et de 42% en volume d’affaires a été enregistré, selon le cabinet MKG, un groupe d’experts dans les domaines du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration. Autre statistique avancé par le Groupe MKG a trait à l’hôtellerie de chaîne en Tunisie, qui a vu son revenu par chambre disponible diminuer de 15,8%, avril dernier, par rapport au même mois de l’année 2014, puis de 12,9% en mai dernier par rapport à mai 2014, selon les derniers chiffres du groupe, MKG. Le taux d’occupation des hôtels de chaîne tunisiens est passé, selon la même étude, de 39,4% en avril à 44,9% en mai, alors qu’il était 72,6% en mai de l’année 2010. Et pour faire face à la menace et au risque terroriste qui pèsent sur le pays, des mesures ont été prises par les autorités tunisiennes, en vue, outre de consolider la lutte antiterroriste, mais aussi d’assurer les conditions de sécurité en Tunisie. C’est la première en effet, qu’une dizaine de Mosquées ont été fermés, car échappant au contrôle de l’État, comme l’a précisé, vendredi soir, le premier ministre tunisien, Habib Essi, qui a indiqué également que « certaines associations contribuent à financer le terrorisme ». Alors qu’en 2014, un organisme bancaire tunisien a révélé que près de 200 associations en Tunisie bénéficient de financement étranger, principalement de la part de Qatar et de l’Emirat arabe-unis, à l’abri du contrôle des institutions du pays. Des mesures à ce propos ont été prises par les autorités du pays, décidées et annoncées après l’attentat terroriste de vendredi dernier, dont celle ayant trait au contrôle strict de l’État des ressources financières des associations. Et pour revenir au secteur du tourisme, l’une des mesures phares pour sécuriser les espaces touristiques, c’est d’armer la police touristique. En plus de cette mesure, le ministère du Tourisme a précisé que 1 000 agents de sécurité armés viendraient renforcer à partir du 1er juillet la police touristique, et seraient déployés, a-t-il indiqué à «l’intérieur et à l’extérieur des hôtels», sur les plages et aussi dans les sites touristiques et archéologiques du pays. Ce qui ne sera pas sans coût sur le budget de l’État, déjà en difficulté. «Cela est coûteux pour le ministère de l’Intérieur et pour le gouvernement financièrement et humainement » a souligné le ministre tunisien de l’Intérieur, Najem Gharsalli. Qui a affirmé par ailleurs, que « nous sommes déterminés à protéger notre pays et à fournir la protection sécuritaire (nécessaire) en attendant de nous débarrasser définitivement du fléau du terrorisme ». Après l’attentat barbare de vendredi dernier, plus de 4 500 touristes ont quitté la Tunisie par des vols spécialement affrétés, selon des tours opérateurs britanniques et belges. Aussi selon le site de l’aéroport d’Enfidha, entre Sousse et Tunis, un avion quittait le tarmac toutes les 15 à 20 minutes, dimanche dernier. Par ailleurs, l’annulation des vols en destination de la Tunisie a été importante et à titre d’exemple, le tour opérateur belge Jetair a annoncé l’annulation de ses vols jusqu’au 31 juillet, prochain. Même décision prise par le tour opérateur britannique Thomas Cook, qui a annoncé, la suspension de ses voyages vers la Tunisie jusqu’à fin juillet en conformité avec une recommandation du ministère du Royaume unies, Foreign Office, déconseillant les déplacements vers la Tunisie.
Karima Bennour