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LE PROFESSEUR YAHIA ZOUBIR, À UNE RENCONTRE DE SOUTIEN À LA CAUSE DU PEUPLE SAHRAOUI, HIER À ALGER : « La géopolitique du conflit qui bloque le règlement de la question sahraouie »

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Quarante-quatre ans après le départ précipité de l’Espagne, en 1975, sans assumer sa responsabilité politique, historique et juridique, quant au parachèvement du processus de décolonisation au Sahara occidental, selon le droit international, Madrid a déroulé ainsi le tapis rouge, au Royaume marocain, pour envahir militairement, en 1975, le Sahara occidental. Une situation qui amène le peuple sahraoui, à poursuivre son combat, sous la conduite du Front Polisario, son seul et légitime représentant, entamé en 1973, contre la colonisation espagnole, pour le poursuivre, à ce jour, contre l’occupation marocaine, depuis l’envahissement militaire par Rabat, sous le règne de Hassan II, des territoires sahraouis, en 1975, rendu possible par les accords de Madrid. Le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), qui s’apprête à tenir, ces jours-çi, sa réunion sur le Sahara occidental, dernière question de décolonisation en Afrique, inscrite sur l’agenda onusien, intervient au moment où se déroule le processus de Horst, relatif aux négociations qu’abrite Genève, entre le Front Polisario et le Maroc, sous les auspices de l’ONU, en la personne de l’ex-président allemand, Horst Köhler, l’envoyé personnel du SG de l’ONU, pour le Sahara occidental. Lors de la présentation de son dernier rapport, aux membres du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU a déploré les restrictions imposées par le Maroc à la liberté de mouvement de son envoyé personnel, Horst Köhler, et de la Minurso, dans les territoires occupés du Sahara occidental, regrettant que Köhler n’ait toujours pas avoiraccès aux interlocuteurs locaux dans les territoires sahraouis sous occupation marocaine. Rabat vient de rééditer cette posture, après l’avoir adoptée , auparavant, faut-il le rappeler, avec son prédécesseur, Christopher Ross, allant jusqu’à limiter sa liberté de mouvement en le déclarant « persona non grata », suivie d’un statu quo depuis, 2012, jusqu’à la venue de son successeur, l’allemand Horst Köhler, pour sortir du statu quo, comme l’ont précisé, depuis, les résolutions de l’ONU. Alors que depuis, 1991, année du cessez-le-feu, entre le Front Polisario et Rabat, sous les auspices onusiens, en vue de la tenue du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, avec la création de la mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) . Réferendum qui peine, à ce jour à se tenir, privant ainsi le peuple sahraoui d’exprimer son droit à décider de son destin, comme le stipule l’esprit et les textes de la charte de l’ONU et aussi de l’Union africaine (UA) outre que le droit à l’autodétermination est consacré, faut-il le rappeler, dans la déclaration des Droits de l’Homme. S’il y a gel ou statu quo, pour le règlement du conflit opposant le Front Polisario au Maroc, sur le Sahara occidental, c’est que, les conditions de cette situation sont réunies, au Conseil de sécurité, dont des membres permanents, détenteurs du Veto, sur fond de leurs intérêts respectifs, retardent et souvent bloquent l’application de la Légalité internationale, notamment dans le cas du Sahara occidental, comme c’est le cas pour la France, qui s’est illustrée, par son rôle joué au sein de l’Union européenne, pour outrepasser les décisions de la Cour de justice de l’Union européenne, interdisant tout accord de coopération de l’UE avec le Maroc, incluant les territoires du Sahara occidental. Et c’est en comptant sur ses soutiens et ses alliés, parmi les pays occidentaux, France, Espagne et États Unis, celles-ci via notamment le Lobbie israélien, le Maroc a profité du statu quo, en dilapidant les richesses naturelles d’un peuple qu’il colonise, outre qu’il n’a et ne cesse de multiplier les obstacles et les manoeuvres dilatoires de manière à retarder l’organisation d’un « référendum libre, juste, régulier au Sahara occidental » comme le soulignent les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité de l’ONU. Plus récemment, le secrétaire général du Front Polisario, président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali, a appelé le Conseil de sécurité à «condamner avec la plus grande fermeté» les violations du cessez-le-feu par le Maroc, violations qui risquent de compromettre les progrès en cours, dans le processus initié par Horst, sur la voie d’une solution politique au conflit du Sahara occidental, sur la base de la Légalité internationale. À la veille des consultations du Conseil de sécurité sur le renouvellement du mandat de la Minurso, écrit Brahim ghali, au Sg de l’ONU « il est de mon devoir d’attirer votre attention sur l’escalade des violations du cessez- le-feu par le Maroc et le besoin urgent pour le Conseil de sécurité d’agir rapidement pour condamner de tels actes», souligne le président Ghali dans une lettre transmise, mercredi dernier, au président du Conseil de sécurité, Christoph Heusgen. Relevant, poursuitil, «qu’il est temps pour le Conseil de sécurité de mettre fin à l’intransigeance du Maroc» en condamnant ses «actions déstabilisatrices», il avertit que «ne pas condamner, avec la plus grande fermeté, une telle intransigeance envoie un signal dangereux, selon lequel, de nouvelles violations seront commises en toute impunité», affirme le président sahraoui. Se référant aux violations majeures de l’accord militaire n°1, énumérées par le secrétaire général de l’ONU dans son dernier rapport sur le Sahara occidental, Brahim Ghali dénonce «une série de gestes de mauvaise foi» dans lesquels s’est lancé le Maroc et qui a exacerbé les tensions et déstabilisé la situation sur le terrain. Dans son dernier rapport, Guterrès a dénoncé la construction, par le Maroc, d’un nouveau mur de sable près du territoire sahraoui occupé de Mahbès qu’il a qualifié de «violation majeure» de l’accord militaire n°1, exigeant le démantèlement de ce mur.

Le professeur Yahia Zoubir, spécialiste des questions politiques et des relations internationales

Expliquant, hier, qu’en examinant le dossier du Sahara occidental, à travers toutes les résolutions adoptés, des Nations unies, tout laisse à indiquer «que c’est une question, du point de vue juridique, historique et politique simple puisqu’il s’agit de la décolonisation d’un territoire non autonome, donc éligible à l’autodétermination», affirme hier, le Pr Yahia Zoubir, animant une conférence sur le soutien à la cause du peuple sahraoui, tenue au Forum du Moudjahid, à l’initiative du réseau des journalistes solidaires avec le peuple sahraoui. Pour l’intervenant, «l’Onu a échoué dans le règlement de ce conflit où l’on assiste à un blocage du droit international, du fait des positions des puissances occidentales, notamment la France» et d’indiquer que ces puissances occidentales, dont les États Unis «avaient donné le feu vert au Maroc pour occuper le Sahara occidental, en 1975». Affirmant plus loin dans son intervention que «la géopolitique du conflit sur le Sahara occidental qui bloque le règlement de cette question », selon la légalité internationale. Poussant de façon plus détaillée sa réflexion, Yahia Zoubir a souligné, hier, que le blocage commence avec les dernières résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU qui prolongent le statu quo en répétant les mentions, cite-t-il «mutuellement acceptables», «sans préalable et de bonne foi», alors que le Maroc, auquel aucun pays au monde et aucun texte juridique, poursuit-il, « ne lui reconnaissent la marocanité du Sahara occidental» et que Rabat «ne veut pas céder et n’accepte pas le référendum d’autodétermination préconisé pourtant par l’ONU», a-til expliqué. Les États-Unis considèrent le Maroc comme « un ami et un allié», et ce sont des relations datant du Traité de Marrakech de 1787 » rappelle Yahia Zoubir, le traité le plus ancien ininterrompu dans les relations extérieures des États-Unis. L’assistance occidentale, en premier lieu la France, au Maroc a commencé immédiatement après la fin du protectorat de ce pays, en 1956, pour garder le Maroc dans le camp occidental dans le cadre de la guerre froide et le royaume marocain, à ce jour d’ailleurs, n’a cessé d’oeuvrer à son intégration, vers l’espace du nord de la méditerranée, économiquement, politiquement et même militairement, notamment dans ses relations privilégiées avec l’Otan. Alors qu’au niveau de son espace géographique, il s’appuie sur la doctrine de l’expansionnisme, ne connaissant pas de frontières limites de son royaume, à l’exemple d’Israël, autre système colonial de peuplement, de l’autre côté de la Méditerranée, en Palestine.

Ahmed Kateb, enseignant chercheur à l’université d’Alger et spécialiste des relations internationales «Le Maroc, un relais de l’impérialisme dans la région nord-africaine»
Le Maroc est pour le Sahara occidental ce qu’est Israël pour la Palestine. C’est la conclusion à laquelle est arrivé l’enseignant-chercheur, dans son analyse, depuis qu’il a commencé, il y a de ce là plusieurs années, à se pencher sur l’ensemble des aspects du conflit opposant le Front Polisario au Maroc, depuis 1975, sur le Sahara occidental. Alors que les palestiniens en avoir leur État, selon la communauté internationale, après l’occupation par Israël de la Palestine, en 1948, objectif qui n’est pas atteint à ce jour, et la colonisation de peuplement et la construction des colonies dans les territoires palestiniens a fait le reste. Ce qui est le cas, dans l’occupation par le Maroc, en 1975, notamment par l’envoi de milliers de marocains occuper les terres du Sahara occidental, en usant notamment de la force militaire, avec la complicité de pays occidentaux, en premier lieu, la France et les États-Unis, ces mêmes pays qui ont soutenu et continuent de soutenir la colonisation israëlienne en Palestine. L’intervenant, hier, au Forum du Moudjahid dira qu’ outre le blocage de l’autodétermination du peuple sahraoui par les acteurs occidentaux dans le sillage de leur intérêts géopolitiques, Ahmed Kateb rappelle pertinemment que «Le rapport des forces au niveau international est aujourd’hui en faveur des forces impérialistes et des multinationales qui pillent les richesses, à travers le monde et donc du Sahara occidental » et le Maroc remplit, dans ce cadre-là, un rôle non des moindres, «celui de satisfaire l’impérialisme mondial » à divers niveaux. Et le Maroc, rappelle, Ahmed Kateb, s’obstine à refuser l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation étant consacrée dans le Droit international, une posture similaire à celle de l’entité sioniste, qui, à ce jour, outre qu’elle occupe des terriotoires palestiniens, occupe d’autres terres, dont le Golan syrien. Dans son analyse, le conférencier a illustré le rôle que joue Rabat, précisément dans la région nord-africaine, en le résumant par son expression «un relais de l’impérialisme des puissances occidentales»

Abdelaziz Rahabi, exambassadeur d’Algérie à Madrid
S’agissant de la position de l’Algérie, l’ancien ambassadeur algérien, Abdelaziz Rahabi, en Espagne, a expliqué qu’elle «s’identifie au consensus international et à la doctrine des Nations unies en matière de décolonisation». Poursuivant, il dira que notre pays « ne s’en cache point, car sa position participe de son propre cheminement historique et révolutionnaire» et de sa conviction, souligne-t-il, qu’«un peuple en lutte pour son indépendance n’abandonnera jamais sa revendication existentielle pour vivre libre et souverain». Indiquant plus loin que l’Algérie «n’a pas caché son soutien à la juste cause du peuple sahraoui pour l’exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination», cette position, notre pays, poursuit-il, l’a adoptée, « pour les pays d’Afrique australe en aidant le Frelimo au Mozambique, l’ANC en Afrique du Sud, le MPLA en Angola, la Swapo en Namibie, la Palestine et autres pays qui ont recouvré leur indépendance et leur souveraineté ». Et d’affirmer que si certains espèrent voir notre pays changer sa posture, notamment en cette phase historique que vit l’Algérie, «ils se trompent », la justesse des causes des peuples dont certains sont encore colonisés, comme les palestiniens et les sahraouis «continuera d’animer l’engagement du peuple algérien et de son État» , si ce n’est «encore davantage, dans la nouvelle Algérie à laquelle aspire le peuple», sa jeunesse notamment qui brandit les portrait des valeureux hommes et femmes de la guerre de libération pour l’indépendance de l’Algérie, lors de ces vendredis citoyens. Karima Bennour

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