L’Algérie a célébré, hier, le 13ème anniversaire de l’adoption de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale. Plébiscitée par les Algériens le 29 septembre 2005, cette Charte avait couronné les années de mobilisation et de lutte d’une nation pour tirer le pays des griffes de la barbarie. 13 ans après l’adoption de cette politique, les Algériens ont repris le contrôle de leur destin et sont aujourd’hui maîtres de leur avenir. Le retour de la paix était la condition sine-qua-non du développement.
Sur un ton vif et tranchant, le Président annonçait déjà, en 2001, son intention d’en finir avec les hostilités et avec le terrorisme: «Il faut maintenant passer de la concorde civile à la réconciliation nationale.» Bouteflika lançait son message aux islamistes. Les portes du dialogue restaient encore ouvertes et le Président entendait tendre la main à quiconque montre des signes de repentir, de faire trêve et de dialoguer.
Après les attentats contre des objectifs à New York et Washington et les tambours de la guerre battus par les Etats-Unis, d´aucuns estimaient que ç’en était fait de la mouvance islamiste radicale, et qu’elle ne pouvait intégrer une dynamique de dialogue politique depuis que le Président lui avait tendu une perche, au lendemain de son investiture, le 16 avril 1999, son exclusion de la scène politique légale était chose entendue. Finalement, le Président a clairement délimité l’«aire de jeu» et fait le distinguo dans ce qui semble être un imbroglio de taille. Car, d’un côté, il prenait en compte les spécificités d´un radicalisme algérien qui se nourrit des éléments internes à la situation nationale, et n’avait, donc, aucune prétention d’agir à l’étranger. De l’autre, et vu l’enchevêtrement inextricable qui a caractérisé l’évolution politique intérieure, il était pratiquement impossible de déblayer le terrain et former un minimum consensuel sans l’apport de tous les Algériens, de tous les partis et mouvements politiques, sans distinction de couleur idéologique ou de tendance. L’islamisme algérien, avec tous les courants qui formaient sa nébuleuse, les politiques «modérés», les radicaux, les «constitutionnels» et les «insurrectionnels», restait une réalité sociologique qu’on ne pouvait ignorer. Tous ces courants, qui, sous un emballage théologico-politique insaisissable, ont contribué à brouiller l´élaboration d´un schéma politique cohérent de l’Algérie, mais devaient intégrer le cadre de la légalité, de la constitutionnalité et du jeu politique transparent.
La contestation politique au nom de l´islam séduisait encore les foules. En tendant la main, Bouteflika entendait, non pas uniquement venir à bout d’une crise qui s’étendait dans le temps et pourrissait tout sur son passage, mais encore faire intégrer tout le monde dans un cadre qui prendrait en compte, d’abord, les priorités de l’Algérie, en tant qu’ensemble qui doit avancer. Ce souci obéissait à la logique de faire respecter le droit dans les limites de ce que peut consentir le président de la République, et de faire pièce, en fait, aux éléments qui ne peuvent postuler aux lois du pardon national. Depuis le plébiscite du projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, par voie référendaire, le 29 septembre 2005, on a assisté à un rapide assèchement des maquis terroristes. Le temps a fait son travail de mémoire.
O. Fayçal