La célébration de la nouvelle année amazighe intervient, cette année, dans un contexte particulier. Aujourd’hui, les Algériens n’accueillent pas seulement le Nouvel an berbère 2966 mais célèbrent aussi l’officialisation de la langue tamazight. Avant de parler des coutumes et des traditions de chaque ville d’Algérie en ce jour de fête, il convient avant tout de faire un tour d’histoire et de revenir sur les origines de cette célébration qui se fait le 12 janvier de chaque année. Le premier calendrier berbère a été créé en 1980, et pour faire le point zéro de ce calendrier il a fallu choisir un événement marquant de l’histoire des amazighs. Le choix s’est donc porté sur l’an 950 avant j-c et qui correspond à la date où le roi berbère Chachnaq 1er fut intronisé pharaon d’égypte et qui a réussi à l’unifier après qu’il ait vaincu à la tête de son armée le roi Ramses III. Ainsi, le 12 janvier est fêté partout en Algérie mais de manières différentes. Au centre, à l’est, à l’ouest ou au sud du pays les festivités divergent mais le concept est le même. À Tizi-Ouzou, le dîner de la veille de ce premier jour de l’an Amazigh est composé, entre autres et selon les différentes régions de la wilaya, de céréales sèches bouillies, de couscous aux sept légumes, de couscous au coq et haricots kabyles, ou de Berkoukès. Ces plats sont préparés à base de viande, principalement le coq. Outre le repas, cette fête est habillée d’un rituel millénaire tel que l’utilisation des encens provenant de la nature pour chasser les démons et les mauvais sorts, sur la table et autour du repas est posée la cuillère de l’absent ou du génie gardien de la maison, et on effectue un grand nettoyage de la maison pour bien accueillir le Nouvel an et augurer de bons présages. Le sacrifice du coq pour le repas de Yennayer symbolise la protection de la famille du mauvais sort durant toute la nouvelle année. Le coq est aussi le symbole de la fertilité et de la lumière puisque c’est lui qui annonce le lever du jour. Il donne les œufs qui incarnent la fécondité symbole d’abondance des vivres pour toute l’année. Pour cette année, le programme de célébration de Yennayer à Tizi Ouzou, a été élaboré par la maison de la culture Mouloud Mammeri, et qui comporte, le Carnaval Ayred, organisé habituellement par les Béni Snouss (Tlemcen), une exposition sur le patrimoine culturel local et des démonstrations de préparation de plats traditionnels de Yennayer, des pièces théâtrales et des projections de films en Tamazight. Ces festivités seront clôturées aujourd’hui par le traditionnel repas collectif de Yennayer qui sera servi aux citoyens à la maison de la culture et par un gala artistique. A Ouargla, (warjiléne) diverses manifestations ont été organisées pour célébrer Yennayer. Ces festivités, ont porté sur la reproduction de facettes des us et traditions séculaires de la région, à l’instar de la solidarité sociale encore enracinée au sein de la population du vieux Ksar d’Ouargla, perpétuant les valeurs d’entraide entre membres de la société et leur attachement à leur identité culturelle authentique. Le programme de cette célébration a prévu aussi des expositions de livres traitant des grandes épopées amazighes et d’éminentes personnalités culturelles d’expression amazighe, et d’autres de contes ainsi que de manuels pédagogiques, en plus d’expositions de photographies retraçant l’histoire de l’ancienne Ouargla et d’arts plastiques intitulées (Touches amazighes). Pour fêter et accueillir le Nouvel an amazigh, les familles amazighophones de la wilaya de Ghardaïa préparent un plat du terroir dénommé Arfis, incontournable lors de la célébration de Yennayer. Chaque année, Yennayer est célébré à la manière des ancêtres avec la même ferveur et tout le cérémonial habituel autour des plats spéciaux minutieusement préparés pour la soirée du Nouvel an amazigh pour augurer d’une nouvelle année de paix et de bonheur. Réalisé à base de semoule, sucre, lait et d’œufs, que la ménagère fait cuire sous forme de galette avant de l’effriter, la faire passer à la vapeur puis l’imbiber de smen (graisse naturelle) avant de décorer le plat de raisin sec et d’œufs durs, Arfis réunit toute la famille, la nuit du 6 au 7 janvier de chaque année marquant le début de l’année. Cette différence de date célébrée ailleurs le 12 janvier reste encore mystérieuse et aucune source n’a pu éclairer l’énigmatique date du 7 janvier pour marquer Yennayer dans le M’zab. Cependant, tout le monde s’accorde à dire que le Nouvel an amazigh renvoie au calendrier agricole, a expliqué Salah Tirichine, un professeur à la retraite du ksar de Béni-Isguen. Les réunions des familles, pendant cette nuit autour de ce délicieux met accompagné d’un thé, permettent de renforcer les liens familiaux et de rapprocher plus les membres de la famille.
Ania Nait Chalal