Par Ali El Hadj Tahar
Mercredi passé, à la veille de la célébration du 1er anniversaire du Mouvement populaire, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a décrété, le 22 février de chaque année « Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie ».
Le décret, signé par le Président, « stipule que la journée du 22 février immortalisera le sursaut historique du peuple survenu le 22 février 2019 et sera célébrée dans l’ensemble du territoire national, à travers des manifestations et des activités à même de renforcer les liens de fraternité et de cohésion nationales et d’ancrer l’esprit de solidarité entre le peuple et son armée pour la démocratie ». Il s’agit donc d’une reconnaissance et d’une consécration historiques et au plus haut niveau de l’État pour la date du déclenchement du Hirak qui a réussi à imposer la volonté populaire et amené l’Armée à exiger l’application des articles 102, 7 et 8, suivie du départ du clan qui dirigeait le pays au mépris des lois de la République. Qualifiant le Hirak de « béni », le Président le considère comme un « acquis pour le peuple et pour l’Algérie ». M. Tebboune, qui ne rate jamais l’occasion d’encenser le Hirak, a précisé que « cette Journée nationale, dont le décret présidentiel sera publié au Journal officiel, sera célébrée tous les ans ». Réaffirmant que « le Hirak béni a préservé le pays d’un effondrement total », il a déclaré « toutes les données laissaient présager » cet « effondrement de l’État national » et de « de toutes ses institutions ». L’hommage rendu au peuple et à sa maturité d’avoir « déjoué le complot tout en réussissant à réaliser plusieurs de ses revendications » se concrétise donc par l’instauration de cette Journée nationale qui appartient à tous les Algériens sans exclusion aucune.
Prenant acte de toutes les doléances, dont il a satisfait une bonne partie, le président de la République a dit comprendre que beaucoup reste à faire en matière de gouvernance et de démocratie, et qu’il s’est « engagé personnellement à réaliser l’ensemble des revendications », dont certaines « ne pouvaient être satisfaites par quelqu’un de non élu et n’ayant pas le pouvoir et la légitimité requises », a-t-il expliqué. Les chantiers lancés par l’État depuis la démission du président déchu, notamment contre la corruption, et particulièrement depuis l’élection de M. Tebboune visent à la consécration de ces objectifs, dont beaucoup inscrits dans la Constitution et d’autres exigeant la révision de celle-ci, ainsi que celle de la loi électorale, du Code pénal ou la réorganisation des institutions, en vue de permettre au citoyen de participer à la vie économique et sociale et à la prise de décision, au contrôle et même à la gestion, a-t-il promis.
Tout en considérant le Hirak comme un « phénomène salutaire », M. Tebboune a mis en garde contre « toute tentative d’infiltration quelle soit de l’intérieur ou de l’extérieur », ce que nombre d’observateurs n’ont d’ailleurs pas manqué de remarquer, puisque les revendications de toutes sortes sont distillées par certains groupuscules extrémistes et antinationaux qui s’infiltrent parmi les manifestants. Des appels à la violence, des revendications wahhabites et de réhabilitation du parti dissous, des slogans sécessionnistes et même des appels à l’ingérence étrangère ont été enregistrés, encourageant d’ailleurs le Parlement européen à s’immiscer dans les affaires internes du pays. Les éléments nationalistes du Hirak, quel que soit leur obédience politique, assurent qu’en dépit de l’entrisme des courants minoritaires, le mouvement ne se laissera pas entraîné dans des débordements, des dérives ou éloigné du principe premier de manifestation pacifique, de la « silmiyya » qui lui vaut le juste qualificatif de « révolution du sourire ». C’est ce qui est à espérer.
A. E. T.