Le diagnostic est tombé donc mardi matin à l’Assemblée populaire nationale, où le Premier ministre Abdelaziz Djerad, lors de la présentation du plan d’action du gouvernement devant les députés, a mis en exergue le lourd legs laissé par le système honni, dont la dilapidation des deniers publics et une destruction programmée de l’économie du pays. Reste que cette présentation a contribué à rendre un peu plus une ambiance déjà morose parmi les parlementaires à majorité FLN-RND. qui faut-il le souligner, ont été avec les deux autres partis (MPA, TAJ) les piliers du système hérité du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Mais cette question est une autre histoire, car quand les députés et les sénateurs sont placés sous la menace permanente de la levée de l’immunité parlementaire qui a déjà fait des victimes parmi les membres influents du système, aujourd’hui incarcérés, on ne peut que faire profil bas en espérant des jours meilleurs. Cela dit, le nouveau modèle de gouvernance pour cette nouvelle Algérie, et tel que prôné par le Premier ministre Djerad, signifierait la fin des pratiques de l’ancien système. Autrement dit, réformer c’est trancher. Il est temps en effet d’en finir avec les ambiguïtés à tout prix et les tergiversations. Il est temps encore de faire preuve d’audace et de détermination dans la prise de décision, notamment sur le plan socio-économique. Ce programme qui veut relever le défi de la relance économique doit se mettre impérativement à l’œuvre pour la remettre sur rail. Politiquement le gouvernement dirigé par le Premier ministre aura beaucoup à faire pour redonner espoir et confiance aux Algériens qui sont dans l’attente d’un cadre de vie décent et oscillent entre colère et protestation. Car les espoirs à relativiser nés de l’élection du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ne doivent pas être altérés, doivent être entretenus et maintenus intacts. D’autant plus que la série de mesures concernant par exemple l’augmentation du SMIG national et l’annulation de certaines taxes inhérentes aux bas salaires ont été accueillies favorablement par les couches défavorisées. Des mesures, en attendant qu’elles se réalisent, à considérer d’un bon œil, au même titre que le dossier logement, où un (01) million d’unités est prévu pour éradiquer l’habitat précaire. Dans sa feuille de route, le gouvernement veut redynamiser les structures économiques et enfin trouver la bonne distance entre lui et les attentes des citoyens. Le Premier ministre a reconnu que beaucoup de difficultés étaient prévisibles car le mal qu’a subi le pays est trop profond. Mais cette nouvelle Algérie doit rejoindre le cortège des nations développées avec l’engagement et l’effort de tous ses enfants. Donc, pour le gouvernement, il faut choisir pour réformer. C’est-à-dire faire des choix clairs et parfaitement assumés. Aujourd’hui les membres du gouvernement doivent montrer plus d’audace, de détermination et de fermeté, où la concertation et le dialogue sont indispensables, même s’il existe toujours un « frein ». Parce que, il n’y a jamais eu de réformes sans résistance des uns et des autres. D’ailleurs les Algériens n’attendent que cela, parce que les bonnes intentions ne suffisent pas. Enfin, rien ne pourrait se faire sans une bonne communication à l’adresse des citoyens qu’il conviendrait à cibler directement. En termes clairs, communiquer son action, et ne pas se contenter des communiqués classiques. C’est une dimension essentielle dans l’action publique moderne qui entrainerait la cohésion. Tout compte fait, le président Tebboune a fait des engagements pour la nouvelle Algérie à travers un programme présidentiel dont il est attendu, désormais, un effet immédiat pour ne pas rester dans l’effet d’annonce. Pour rappel le mouvement populaire « Hirak » s’est fait sans leaders autour de ce que l’on pourrait résumer par trois mots : liberté, citoyenneté et dignité. Au gouvernement maintenant de faire preuve d’engagement pour traduire les promesses en faits concrets.
Mâalem Abdelyakine