Le FMI (Fonds monétaire international) veille au grain sur la situation de l’économique nationale. Le chef de mission de l’institution de Breton Wood en Algérie, Jean François Dauphin, revient, avant-hier, sur les colonnes du blog du FMI, pour faire le point autour de la question. Visiblement, le plan anticrise adopté par le gouvernement pour contenir le choc pétrolier retient son attention.
En revanche, il est attendu du pays plus de réactivité dans le passage vers un modèle de croissance pérenne. Il convient de rappeler que le rôle de ce responsable missionnaire en Algérie consiste à s’enquérir du développement de la situation économique, avec l’ensemble des intervenants internes, d’évaluer les perspectives et de suggérer, par la suite, des solutions stratégiques. Il est tout aussi dans son rôle de veiller à la préservation des équilibres macroéconomiques. Comme ce fut le cas d’ailleurs lors de son récent séjour effectué en Algérie, le 13 juillet dernier, où la mission du FMI a affirmé, après évaluation de la situation sur le terrain, que le pays n’est pas dans le besoin d’aller vers des endettements extérieurs. Sur ce point précis, il faut dire que la solution nationale a été privilégiée, puisqu’un emprunt obligataire a été lancé à cet égard, à l’effet de rattraper le déséquilibre budgétaire causé par la chute des prix du pétrole. Jean François Dauphin, qui assume également la charge de chef de la division Maghreb du Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, a rappelé l’objet et les conclusions de sa mission effectuée à Alger, avant qu’il ne rende publiques les recommandations de cette institution mondiale, en rapport avec le contexte économique. Loin de verser dans un discours alarmiste, pour ce responsable, le passage de l’économie rentière basée à 95% sur les exportations du pétrole, vers un modèle économique durable «est une occasion exceptionnelle». Lors de son séjour en Algérie, la mission du FMI avait appelé à la mise en place de réformes structurelles, qui s’articulent grosso modo, autour de la réduction des subventions de l’État et la diversification de l’économie pour booster la croissance hors hydrocarbures. À ce titre, ce qui s’inscrit en adéquation d’ailleurs avec les orientations du FMI, le gouvernement a adopté un certain nombre de mesures incitatives à l’investissement productif, à travers la loi de Finances 2016 et le Code de l’investissement, ceci comme exemples illustratifs. Aussi, la marge de manœuvre suffisante dont dispose l’Algérie face au choc pétrolier, a été le point sur lequel est revenu le délégué du FMI. Pour lui, «grâce au volant de sécurité mise en place», en termes d’épargne budgétaire, des réserves de change cumulées ainsi que le niveau faible de la dette extérieure, a fait que le pays a réussi à amortir l’onde de choc.
J.F.Dauphin a fait remarquer que le gouvernement «pouvait mieux faire», comme pour appeler à l’accélération des réformes mises en œuvre, notamment à travers l’amélioration du climat des affaires pour l’émergence et le développement du secteur privé. En ce sens, il est utile de rappeler que les dispositions mises en place par les autorités souffrent au demeurant d’une mise en œuvre effective, comme le montrent les tracasseries auxquelles font face sur le terrain les porteurs de projet, à l’exemple de la bureaucratie régnante, l’indisponibilité des financements et du foncier industriel etc. Le FMI via son représentant souhaite aussi qu’il y’ait des efforts supplémentaires allant dans le sens d’un rééquilibrage budgétaire. Autrement dit, les subventions de l’État, comme l’a décidé le gouvernement, ne devront plus être généralisées, mais elles doivent être plus ciblées. Et pour cause, le trésor public ne peut plus supporter les dépenses énergétiques à tout va, du fait qu’elles soient «couteuses et inéquitables», comme l’a souligné le chef de la mission du FMI. En plus de la nécessité de rééquilibrer le budget de l’État qui constitue un moyen pour combler les déficits extérieurs et intérieurs et rétablir la santé de l’économie, qui a subi de plein fouet l’impact de la dégringolade du prix de l’or noir, J.F.Dauphin a suggéré en second point l’accélération des réformes structurelles, amenant à la libération du potentiel du secteur privé. En allant dans le détail, le haut fonctionnaire de l’institution de Breton Wood n’a pas manqué de citer les actions susceptibles de répondre aux impératifs des perspectives de croissance. Mais, avant de s’étaler sur ces recommandations, au risque de la répéter, le FMI a émis le vœu que les mesures mises en œuvre puissent trouver un effet immédiat sur le terrain. Entendre, relever le défi de la croissance doit se satisfaire d’un certain nombre de conditions, à même d’atteindre les objectifs escomptés. En premier lieu, il s’agit d’améliorer le climat des affaires et de casser le verrou de la bureaucratie, a laissé entendre le même responsable. Il faudra tout aussi, selon lui, renforcer la bonne gouvernance de l’entreprise et de garantir la transparence et la concurrence selon les règles de l’économie de marché. Ce n’est pas tout, puisqu’il faut assurer aux investisseurs l’accès au financement bancaire par le développement de l’environnement financier et l’ouverture des marchés à capitaux, à même de mobiliser les investisseurs étrangers. Sur le plan social, le FMI suggère l’amélioration du marché du travail tout en veillant à l’éducation et la formation de la ressource humaine.
Farid Guellil