Par Mâalem Abdelyakine
Faut en convenir de dire que les luttes syndicales sont en chute libre, et que la fronde qui se manifeste déjà à la veille de l’ouverture du 12e congrès de l’UGTA, entre ceux qui soutiennent l’inamovible secrétaire général sortant de la Centrale syndicale et candidat à sa propre succession pour un nouveau mandat de 5 ans, et ceux qui estiment qu’il est temps de procéder à un changement à la tête de cette puissante organisation, voire et pourquoi pas de son rajeunissement ? En tous les cas, les remous qui se font entendre au niveau de la base sont une preuve tangible que l’engagement syndical reste motivé par des calculs étroits et égoïstes, et que l’intérêt personnel passe avant tout autre considération, autrement dit, les travailleurs peuvent toujours attendre à ce que leurs revendications socioprofessionnelles aboutissent vite et bien. Pour revenir à ce 12e congrès de l’UGTA, il ne faut pas perdre de vue que tous les mandats électifs ont pris fin, voilà plus de cinq années, et même celui du secrétaire général de l’Union, selon les statuts de ce syndicat, cela veut dire aussi que tous les élus ont continué à activer dans l’illégalité au su et au vu de tout le monde, et l’on a même permis aux responsables, de l’UGTA de siéger lors de la dernière tripartite (gouvernement-patronat et UGTA) alors qu’ils n’ont aucune représentativité vis-à-vis des travailleurs affiliés à ce syndicat, puisque non réélus. Mais le comble c’est que ceux qui sont censés défendre les statuts, en les respectant, se trouvent les premiers à les piétiner. Alors, de quelle crédibilité allons-nous parler, et de quel engagement syndical allons-nous se référer ? C’est triste de dire que les carriéristes syndicaux ne veulent pas lâcher prise et veulent se maintenir aux postes, coûte que coûte, alors ils prennent toutes les latitudes pour manœuvrer afin d’arriver à leur but et assouvir leur désir et au diable l’éthique, tous les moyens sont bons pour y parvenir. C’est pourquoi, et dans la plupart des cas, les travailleurs ne se font plus d’illusion à espérer arracher un droit par le truchement de pourparlers entre employeurs et syndicat, et recourent à la rue pour se faire entendre par les décideurs, du moment que leurs mandants n’ont plus la capacité d’influer sur quoi que ce soit et n’offrent plus d’alternatives dans les négociations au profit des salariés. C’est, en fait, un vide abyssal qui caractérise les luttes syndicales de ce vieux syndicat qu’est l’UGTA, et c’est pour cette raison que nous avons assisté depuis quelques années à l’émergence de nouveaux syndicats automnes qui essayent de se faire une place dans certains secteurs, tels que l’éducation, l’administration et autres, et veulent surtout surpasser l’UGTA, qui reste, qu’on le veuille ou non, une organisation de masse, créée par le pouvoir, et sera toujours dans le giron du pouvoir, c’est en fait le rôle qui lui a été dévolu en jouant pour ainsi dire à l’équilibriste. Il est toujours utile de souligner que la décision de convoquer ce 12e congrès de l’UGTA, prise par son secrétaire général, en l’occurrence Abdelmadjid Sidi-Saïd, est mal perçue par un certain nombre de cadres de la Centrale et l’ensemble remet au goût du jour un profond malaise qui s’est développé au niveau de la Centrale syndicale et qui aura sans nul doute des retombées néfastes sur l’homogénéité de cette instance. Triste image encore, lorsque certains parlent de lutte des clans entre les responsables, dont les mandats sont arrivés à terme, alors que d’autres évoquent le trafic d’influence, favoritisme, affairisme, et autres griefs. Alors, ce vieux syndicat est-il capable de faire sa mue, et apporter des réponses claires à l’attente des travailleurs qu’ils lui sont encore fidèles ? Difficile de répondre, quand on sait que ces tergiversations ne datent pas d’hier…
M. A.