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Le confinement comme antidote à l’oisiveté et pour apprendre

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Par Ali El Hadj Tahar

La planète se confine. Plus un bruit. La pollution sonore s’est subitement arrêtée. Les machines trépidantes se sont tues, et même les automobiles et les bruits stridents des avions. Les riverains des gares et des aéroports doivent éprouver des sensations qu’ils n’ont jamais connue et qu’ils souhaiteraient durer longtemps. Les images spatiales de la Chine montrent que la pollution a diminué dans le ciel de Hubei, après quelques semaines de fermeture des usines. Les eaux de Venise seraient devenues plus pures et même les poissons y seraient revenus.
Le monde se confine et si la promiscuité sociale diminue, la promiscuité en famille va être un calvaire pour ceux qui n’y sont pas préparés. Sur Internet plusieurs sites Web proposent des milliers de livres de toutes sortes gratuits, des films classiques à la pelle sans payer un sou. L’Algérien, pour qui l’Internet se résume à Facebook et aux réseaux sociaux, est l’un des plus mauvais élèves des technologies de l’information. Évidemment, nous parlons de l’écrasante majorité. Et si cette carence exprime une faillite de l’école, elle relève de la responsabilité de l’État qui est lui-même défaillant en la matière, si l’on en juge seulement par l’indigence et la qualité technique et esthétique des sites Web institutionnels, qui sont rarement mis à jour, qui n’ont pas une charte graphique unique personnalisée, comme c’est le cas pour les sites officiels des autres pays. Parler de société numérique, c’est ne rien laisser au détail. En matière de téléchargement, les Algériens recourent plus à l’opération download qu’à l’opération upload, attestant que même à l’échelle individuelle nous sommes plus importateurs qu’exportateurs. C’est ce qu’on remarque même chez nos cadres et nos intellectuels, nos artistes, écrivains, qui n’ont pas de sites personnels ni même un blog alors que le premier coute un prix dérisoire dans notre pays et le second, est carrément gratuit.
Alors que font les Algériens quand ils se confinent, même s’ils ont l’Internet ? L’Internet est le plus grand outil d’apprentissage de l’humanité, le plus grand outil de diffusion du savoir. Et les parts de chaque peuple y sont consignées en matière d’apport et en matière d’utilisation, de consommation… Il y a des peuples qui apportent plus que d’autres à cette immense bibliothèque. Le confinement d’un milliard d’humains à cause de la pandémie va augmenter de manière exponentielle les contenus numériques, qui deviennent des lieux d’excellence, de compétition, d’enrichissement de toutes sortes entre les peuples. Des millions de personnes vont apprendre la peinture grâce aux cours payants ou gratuits en ligne ou seulement aux vidéos de Youtube. Des millions d’autres vont apprendre à jouer de la guitare ou à composer de la musique et vendre leurs compositions en ligne.  D’autres vont apprendre à bouturer des plantes, à bricoler sur du bois, à fabriquer du papier mâcher ou même des masques contre le Covid-19 en se connectant aux sites de Do It Yourself dont Pinterest est le plus important… L’homo-algerianus, l’homme le moins casanier de la planète, a tout à domicile et à portée de main pour faire aisément sa mutation domestique.
Être utile est l’occasion donnée à des millions d’Algériens qui passaient leur temps dans les cafés, à vadrouiller, à faire les hittistes, ce fléau qui date et auquel on n’a pas encore trouvé d’antidote. Chez les femmes, l’addiction aux chaînes de recettes de cuisine et de feuilletons fait autant de dégâts que les dominos des mâles. Les oisifs de la campagne pourraient, quant à eux, cultiver de la menthe ou de la coriandre, élever une poule ou une chèvre pour devenir moins dépendants de la ville où les emplettes servent de prétextes pour déserter la maison. Par contre, des millions de vies ne suffiraient pas pour les affamés de savoir, pour les curieux, les éternels apprenants et apprentis qui apprennent pour donner. « Enrichissons-nous de nos mutuelles différences» : jamais l’humanité n’a eu pareille occasion pour mettre en pratique cette assertion de Paul Valéry.
A. E. T.

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