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La Tunisie secouée par une crise sociale : couvre-feu après une semaine de manifestations

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Un couvre-feu a été décrété, par le ministère de l’Intérieur, sur l’ensemble du territoire tunisien, entre 20h00 et 05 heures du matin, en vigueur depuis hier. Décision prise une semaine, après le début, samedi dernier à Kasserine, des manifestations réclamant «du travail et une vie sociale digne», le lendemain du mouvement de protestation enregistré dans la capitale tunisienne. Situation tendue dans l’ensemble du pays, coïncidant avec le cinquième anniversaire de la chute du régime de l’ex-président Ben Ali. Les manifestations des habitants de la wilaya de Kasserine, notamment les jeunes chômeurs diplômés ou pas, ne pensaient pas qu’en réclamant du travail et en tenant samedi dernier, leur rassemblement devant le siège du chef-lieu de cette wilaya, que la même revendication allait retentir tout au long de la semaine passée dans d’autres régions du pays, jusqu’à ce qu’elle soit scandée une semaine, après dans la capitale Tunis, jeudi dernier. La tension est vite montée, d’un cran samedi dernier, à Kasserine, région non bénéficiaire des projets de développement durant le règne de Ben Ali, et même après lui, ces cinq dernières années, ou le taux du chômage dans cette ville est parmi les plus importants, notamment celui des diplômés. Un jeune parmi cette catégorie, âgé de 28 ans s’est électrocuté samedi dernier, pour rappel, en plein jour, après être monté sur un poteau, désespéré «de voir son nom retiré d’une liste d’embauche dans la fonction publique au profit d’un autre pistonné» selon les médias locaux. Depuis, la contestation n’a cessé de rythmer l’actualité à Kasserine, autour du slogan «le travail est un droit et pour l’amélioration des conditions de vie», lequel slogan porté, depuis, par d’autres manifestations de citoyens tunisiens, désespérés de voir des réponses effectives apportées par les responsables à leurs problèmes de chômage et de l’emploi. Après que la contestation ait atteint la capitale, lePremier ministre tunisien, Habib Essid a écourté son séjour de travail à l’étranger, et revenu, jeudi à Tunis, où il tiendra aujourd’hui, un conseil de ministres sur la situation tendue que vit le pays depuis samedi dernier. Sera-t-il questions de nouvelles mesures ou décisions à prendre lors de ce conseil, pour outre de répondre pertinemment aux questions posées par les manifestants, notamment en matière d’emploi et de développement effectif de leurs régions, en vue aussi d’apaiser la rue ? Surtout que les mesures et décisions annoncées, mercredi dernier, par un des cadres du mouvement Ennahda, de Rached Ghannouchi, et porte parole du gouvernement, Khaled Chouket, n’ont pas réussi à calmer la contestation.

Parmi les points annoncés par ce responsable, on citera, le recrutement de 5000 chômeurs dans le cadre de divers programmes pour l’emploi, la régularisation de 1410 personnes concernées par le mécanisme 16, le financement de 50 projets par la banque tunisienne de solidarité, création d’une commission d’investigation sur les affaires de corruption dans le gouvernorat de Kasserine et la transformation des terres agricoles collectives en terres privées, avant fin mars prochain. Certains observateurs et acteurs politiques de la scène tunisienne se sont interrogés sur la portée de ces mesures, qui non prises avant le début de les évènements, sont annoncées sous la la pression de la contestation des manifestants réclamant de l’emploi. Et pour cause, selon le président du Front populaire, Hamma Hemmami «ayant été marginalisé du temps de l’ex-système Ben Ali, et cinq ans après la chute de ce dernier, les mêmes citoyens manifestent» pour des revendications «légitimes» a-t-il affirmé. Mouvement de contestation qui intervient, après avoir , selon lui, perdu confiance dans la politique que mène «le gouvernement Ennahda—Nidae Tounes» a-t-il précisé, mercredi passé, dans un entretien, à la chaîne de télévision libanaise, El Mayadeen. La Tunisie qui outre qu’elle fait face à une situation économique très difficile, peine à relancer sa machine économique depuis cinq ans. Des crises et des tensions politiques ont rythmé la vie politique dans ce pays, que ni la gouvernance de la Troïka, conduite par le mouvement d’Ennahda de Rached Ghannouchi, jusqu’au gouvernement actuel issu des dernières législatives, composé de membres d’Ennahda et du parti du président Essebsi, Nidaa Tounes. Aussi les problèmes sécuritaires auxquels est confronté le pays, notamment le terrorisme qui se pose avec acuité, surtout que la Tunisie est le plus grand pourvoyeur de terroristes, notamment en Syrie. Les attentats barbares qui ont secoué le pays ont été à l’origine du recul considérable de l’activité de l’un des secteurs les plus importants dans l’économie tunisienne, à savoir le tourisme.
Frappé en plein fouet par des attentats barbares, ce secteur s’est effondré pour perdre sa place parmi les destinations les plus prisée par les touristes du monde entier, situation mettant en suspens près de 150 milles emplois, en plus du départ de près de 2000 entreprises (PME) vers d’autres pays, à cause des conditions précitées. Hier matin, les manifestants ont procédé à la fermeture des grands boulevards, du nord de la capitale tunisienne, après une nuit d’émeutes entre manifestants et policiers. Avant son retour express à Tunis, le premier ministre Essid était attendu pour une virée, dans la Capitale française, ou il devait déjeuner, selon le site de web de l’Elysée, (à l’heure ou nous mettons sous presse), avec le président Hollande en présence de son Premier ministre, Valls, Laurent Fabius des affaires étrangères et les ministres Michel Sapin, en charge des finances et des dépenses publiques, Marisol Touraine des Affaires sociales, de la santé et des droits des femmes et aussi de Thierry Mandon secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Par ailleurs, la présidence française a annoncé, hier, son plan de soutien à la Tunisie, d’une valeur d’un milliards d’euros pour les cinq prochaines années.
Karima Bennour

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