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LA PRIORITÉ POUR LE GOUVERNEMENT SELON LE DOCTEUR LAMIRI : « Il faut révolutionner les méthodes managériales ! » 

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L’économiste, Abdelhak Lamiri, plaide pour une véritable refonte managériale et un changement des méthodes de gestion de l’Économie nationale, dont les pratiques en cours, afin de s’affranchir de la dépendance aux revenus pétroliers.

Dans un contexte marqué par la dégringolade des cours de pétrole précipitée par l’épidémie du Covid-19, Abdelhak Lamiri a estimé, hier, sur les ondes de la Chaine-3 que l’économie mondiale est devant un « nouveau choc pétrolier », soulignant qu’il n’écarte pas l’avènement d’autres chocs pétroliers dans le futur. « La problématique aujourd’hui est que nous sommes focalisés sur un problème secondaire au lieu de se focaliser sur l’essentiel. La plupart des responsables se sont focalisés sur les moyens de comment mobiliser des ressources pétrolières. On parle aussi de l’informel ; comment faire intégrer cette masse monétaire dans le circuit formel ? Comment financer l’Économie nationale par les banques étrangères ?», a-t-il analysé. « On cherche des ressources. Mais le problème de l’Algérie ne réside pas ici. C’est un tout autre problème. Il s’agit de dire : qu’est-ce qu’on peut faire de ces ressources ? », a-t-il poursuivi.
Pour l’expert économique, « Quand on fait un diagnostic approfondi de la manière dont fonctionnent les entreprises et les administrations, on est devant une confusion surprenante. Quel que soit le volume des ressources mobilisées, on ne peut pas améliorer la situation du pays ou, s’il y a amélioration, elle n’est que faible ». L’économiste ne se contente pas de ce constat, désormais, partagé par tous les experts. Il indique que les «thérapies» consistant à trouver des solutions par les «coupes budgétaires» et «la rationalisation des dépenses» ne vont pas aboutir à une réforme économique.

Adapter les compétences aux normes internationales
«Les gouvernements successifs nous ont promis de rationaliser l’utilisation des ressources et une économie diversifiée et compétitive, mais personne n’a su le faire parce que les fondamentaux ne sont pas solides», souligne-t-il. De son point de vue, l’Algérie doit «travailler très rapidement à mettre les compétences aux standards internationaux». Il pointe ainsi le facteur le plus entravant de notre économie : « Les méthodes managériales qui existent dans les entreprises ou dans les administrations, c’est là où il faut une révolution. Car c’est là où il faut agir ».

« On n’a aucun contrôle sur le marché pétrolier »
Appelé à donner sa vision sur la chute extrêmement sévère des cours pétroliers, L’économiste Abdelhak Lamiri a estimé que c’est « une situation prévisible » parce que « c’est un marché sur lequel on n’a aucun contrôle ». « Ce sont des firmes internationales, de la géostratégie, et même maintenant l’apparition du virus (Covid-19, ndlr) qui peuvent dérouter tout un système économique : Vous voyez maintenant des bourses qui s’effondrent et des économies nationales qui sont mal en point. On ne peut pas contrôler les prix internationaux de pétrole malgré qu’il y ait une union de pays producteurs de pétrole à travers l’OPEP. Ils (membres de l’OPEP) ne peuvent rien faire. La géopolitique fait que, maintenant, avec 40 % de la production, ils ne peuvent pas influer sur le marché international. Et surtout dans ce contexte de frictions entre les Russes et les Saoudiens qui n’arrivent pas à se mettre d’accord », a-t-il expliqué.
Tous les éléments précités ne sont pas maîtrisables, selon l’économiste Abdelhak Lamiri. Cependant, « ce qu’on peut maîtriser, c’est notre destin à nous, a-t-il, expliqué. Autrement dit, c’est de comment faire fonctionner efficacement une économie. C’est sur cet aspect qu’on devrait travailler. On devrait mettre plus de ressources et plus de moyens et de temps pour redresser la situation d’une manière durable », suggère l’expert. Ce dernier, dans une sorte de sonnette d’alarme, estime que « le temps n’est plus en faveur de notre gouvernement pour restructurer et libérer l’Économie nationale. Il en veut pour preuve une statistique. « Un seul chiffre devrait nous faire peur. Nous avons une cagnotte de réserves de change qui se réduit comme la peau de chagrin. Nous y sommes maintenant à 62 milliards de dollars. On était à 189 milliards de dollars. Chaque année, on perd, en moyenne, entre 20 à 25 milliards de dollars. Ces cagnottes sont injectées dans l’Économie nationale annuellement. C’est à peu près 12 % de l’économie globale que l’on injecte chaque année pour avoir une croissance de moins de 2 % », pointe-il une situation d’imbroglio de l’Économie nationale qui dure depuis des années.

« Nous avons une production, mais elle est dérisoire »
Mais, note l’expert Lamiri, « le problème est que nous avons une économie productive, mais dont la productivité est dérisoire. D’ailleurs elle stagne et baisse continuellement. Chaque année, chaque Algérien produit 0,7 % de moins de ce qu’il avait produit l’année précédente. Alors que dans tous les pays du monde, la productivité augmente de 1,3 % chaque année ». Face à toutes ses raisons, Abdelkader Lamiri suggère d’aller vers une « réelle modernisation managériale ». « Aucune réforme ne sera couronnée de succès avec les méthodes managériales en vigueur dans les entreprises et les administrations ».
Hamid Mecheri

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