À peine quelques jours après avoir été intronisé, le président de la Fifa, Joseph-Sepp Blatter, remet son tablier et démissionne avec fracas. En effet, le Suisse a vite été rattrapé par le scandale qui a éclaboussé, la semaine dernière, l’Instance mondiale du football, et dans lequel il serait mis, lui-même, en cause. Cette affaire, déclenchée par la justice américaine, qui enquête sur des faits de corruption et d’achat de voix notamment, a en effet défrayé la chronique et plusieurs personnalités du monde du football, dont des présidents de Fédérations et des gloires du ballon avaient carrément invité Blatter à rendre le tablier. Dernière information distillée par la presse, Sepp Blatter serait impliqué au même titre que plusieurs hauts responsables de la Fifa, arrêtés jeudi dernier à Zurich, juste avant l’assemblée générale de la Fifa. Annonçant sa démission, mardi dernier, Sepp Blatter a expliqué sa décision au motif que sa personnalité ne fait plus l’unanimité au sein du monde du sport. «Même si j’ai été réélu, je n’avais pas le soutien de tout le monde du foot. La Fifa face à des défis, qui ne s’arrêtent pas, a besoin d’une profonde restructuration», a dit Blatter. Mais il n’en reste pas moins que des médias ont rapporté, hier, que la justice américaine enquêtait actuellement sur lui. C’est ainsi que «Le New York Times», relayé par ABC News, rapporte que Sepp Blatter «a tenté depuis des jours de prendre ses distances vis-à-vis du scandale», mais que les autorités «espèrent obtenir la coopération de certains des responsables de la Fifa inculpés» pour corruption pour resserrer l’étau autour de lui. Toutefois, et jusqu’ici, le FBI s’est refusé à tout commentaire. Toujours est-il que la démission de Blatter a été favorablement accueillie par une partie du monde du football. Il en va ainsi de la Fédération anglaise (FA), dont le président, Greg Dyke, a qualifié la démission de Blatter d’«une excellente nouvelle». «La Fifa dans son ensemble a besoin de se restructurer. Il doit être question de transparence dans l’avenir, mais c’est une excellente nouvelle aujourd’hui», a dit le responsable anglais. «La Fifa a besoin d’examiner ses racines et ses ramifications. Nous devons savoir où l’argent est dépensé. Cela a été une organisation corrompue, depuis environ 30 ans, et nous avons une chance de changer cela. Ils doivent trouver une personnalité impeccable, capable de diriger une organisation où la corruption a été la norme pendant des années», a conclu Greg Dyke. Lui enjambant le pas, John Wittingdale, le secrétaire d’État anglais à la culture, aux médias et aux sports, a également réagi, «saluant cette démission tardive» et assurant qu’elle n’était «que le début du changement que l’on a besoin de voir à la Fifa».
Pour le Mondial-2018, il estime qu’il est «trop tard pour changer l’organisation», mais que c’est en revanche «autre chose pour 2022 au Qatar. J’espère qu’un nouveau régime apportera un autre regard sur cette candidature». En attendant la tenue d’un congrès extraordinaire, prévu entre décembre 2015 et mars 2016, afin d’élire un nouveau président, des candidats de premier plan se bousculent au portillon, dont celle du prétendant malheureux à la dernière élection, le prince jordanien Ali Ibn-Hussein. «Dans le cas de nouvelles élections, le prince Ali est prêt», a déclaré Salah Sabra, vice-président de la Fédération jordanienne de football, présidée par le prince Ali, ajoutant que le prince était prêt aussi «à prendre la présidence dans l’immédiat si on le lui demande». «Le prince Ali est prêt à prendre la tête de la Fifa à tout moment, si l’on lui demande», a-t-il insisté. En plus de la candidature du prince jordanien, l’ancienne gloire du football français et actuel président de l’UEFA, Michel Platini (59 ans), ne s’est pas encore prononcé, même si sa candidature a été évoquée par la presse française, le créditant d’un succès certain. De même, l’ancien joueur vedette portugais, Luis Figo, qui s’est longtemps opposé à Sepp Blatter et qui a retiré sa candidature de la Fifa, en dernière minute, ne s’est pas prononcé. Autre candidature à avoir été évoquée par la presse, c’est celle du Sud-Coréen Chung Mong-joon, ancien président de la Fédération de Corée du Sud et vice-président de la Fifa, qui a déclaré publiquement «considérer attentivement» le fait de se porter candidat à la future élection de l’instance internationale. Joseph-Sepp Blatter est entré à la Fifa, en 1975, en tant que directeur des programmes de développement. Il dirige l’organisation depuis 1998 et est passé par bien des crises, du scandale Mastercard aux attributions des Mondiaux-2018/2022 en passant par l’affaire ISL. Sa démission de la présidence de la Fifa, quoi que l’on en dise, a provoqué une onde de choc et à la clé, plusieurs prétendants se préparent d’ores et déjà à la remplacer.
Mohamed Djamel