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La force G5 Sahel opérationnelle, l’Algérie appuie toujours la solution négociée : Les doutes des chefs touareg et azawadi

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Depuis quelques jours, la Force dite G5 Sahel est prête à entrer en service ; ses hommes se sont déjà mis en position et prennent les allures d’une unité opérationnelle prête à livrer combat.

Il y a deux jours, le ministre nigérien de la Défense, Kalla Moutari, confirmait à Ouagadougou, que «la force anti-djihadiste du G5 Sahel était «prête» à entrer en action, sans préciser de quelles opérations il s’agissait. Les ministres de la Défense des cinq pays membres du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) étaient réunis à Ouagadougou pour valider « la mise en place de la Force du G5 Sahel, la montée en puissance de cette force et un certain nombre de textes cadres ». « Nous avons mis en place les documents juridiques qui encadrent l’action de cette force sur l’ensemble de nos territoires. Donc ce n’est qu’une question de temps (pour le début des opérations) qui est réservée à la discrétion des responsables militaires », a indiqué Kalla Moutari. Mise en place début 2017, la force conjointe du G5 Sahel doit combattre les groupes armés liés à Al Qaïda ou à Daesh et qui sévissent au Nord-Mali. Pour Hamata Ag Hatafaye, ancien chef de la rébellion de 1991 et analyste politique très écouté au Mali, il explique au « Courrier d’Algérie » que « le G5 est dangereux pour les populations civiles, car il donne l’occasion aux armées nationales non respectueuses des droits humains de gérer la sécurité». D’autres chefs à Gao et Tombouctou, des Barabiches, des Touaregs et des azawadis de Kidal, mettent en doute l’efficacité du G5S pour cette raison capitale, qui est son total détachement des populations civiles à Taoudenni, Gao, Kidal et Tombouctou : « En se coupant des populations civiles, le G5S se condamne lui-même à l’isolement ; or dans cette partie du territoire malien, les groupes armés tentent de gagner la sympathie des populations par tous les moyens. » Pendant que l’Algérie préconise une solution politique négociée, plusieurs chefs de tribus continuent à réclamer plus d’autonomie dans les zones du Nord-Mali et plus de développement de ces régions enclavées et largement abandonnées par Bamako. Or les « Accords d’Alger » insistent beaucoup sur ces segments du vaste plan de paix.
Pour avoir un avant-goût de ce que va trouver le G5 Sahel comme embûches dans son action, il y a lieu de rappeler la récente bévue de l’armée malienne, qui continue à soulever des vagues de protestations. La mort d’une douzaine de civils maliens dans la localité de Boulikessy, à la frontière avec le Burkina Faso suscite la controverse entre les autorités qui affirment qu’il s’agit de terroristes, et les familles qui crient à la bavure, voire à la vengeance.
Le communiqué du ministère malien de la Défense précisait qu’une unité de l’armée malienne opérant à Boulikessy, le 19 mai sous contrôle de la force conjointe du G5 Sahel, a été attaquée par «les terroristes». Au cours des échanges de tirs, «un militaire malien est tué et douze terroristes neutralisés», assure le ministère malien. Une version à l’opposée de celle livrée par les familles et des habitants de la localité. Pour ces derniers, la patrouille malienne du G5-Sahel a effectivement été attaquée, mais par deux djihadistes seulement, qui ont tué un militaire malien. En représailles, ses compagnons ont tué des civils de la localité, qui seraient au nombre de 15 et non pas 12 comme le prétendent les autorités de Bamako, affirment les habitants. Donc, déjà, à la source il y a un problème de confiance, très bien situé par l’analyste Hamata Ag hantafaye : «Comment voulez-vous que la confiance règne au Mali, quand les héros pour le Sud (Modibo Keita, Diby S.Diarra, Beredougou Koné, etc.) sont perçus comme des assassins pour le Nord, et vice versa, les héros du Nord (Iyad Ag Rhaly, Ibrahim Bahanga, Mohamed Najim etc.) sont des assassins pour le Sud ? Que faudrait-il faire dans ce cas ? «Faisons alors comme l’Afrique du Sud, nous explique Hamata, même si les faits et circonstances ne sont pas les mêmes. Organisons un grand forum «Vérité et Réconciliation» à l’issue duquel une amnistie générale sera prononcée. Encore faut-il avoir, après, un président juste qui mettra tous les Maliens au même niveau, un Kagamé en quelque sorte ! » Difficile exercice de styles politiques, sécuritaires et militaires.
F.O.

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