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La fin d’une attente qui a trop duré : l’Institut national du rein et de la greffe rénale bientôt opérationnel

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L’adage selon lequel «il n’est jamais trop tard pour bien faire» s’applique, à l’évidence, parfaitement à l’Institut national du rein et de la greffe rénale de Blida. Quinze années après la décision prise par le prédisent de la République de le construire et dix années après le lancement effectif de ces travaux de réalisation, il est en passe d’être opérationnel. C’est, du moins, ce qu’a déclaré dernièrement à l’APS le premier responsable du secteurde la Santé dans la wilaya de Blida. Achevé dans ses grosœuvres depuis une année maintenant, cette nouvelle infrastructure sanitaire est en passe de l’être dans son volet équipement. Selon le même responsable, en effet, « 90% des 1,5 milliard de DA qui ont été alloués à ce volet – les 1,5 milliard de DA restants du coût global du projet ayant été consacrés à la partie construction -, ont déjà été consommés». Et ce, dans l’acquisition d’équipements de pointe : l’institut de Blida ayant été conçu pour être « un véritable pôle scientifique » qui aura la particularité « d’être unique en son genre dans le continent africain». Outre les activités traditionnelles de soins, dans toutes leurs diversités, y compris la greffe rénale, qu’il assurera, celui-ci abritera également, ce qui fait sa particularité, un centre de recherches dans le domaine sensible de la néphrologie.

C’est, au demeurant, cette particularité qui est à l’origine du retard, maintenant que les gros œuvres ont été achevés et une grande partie des équipements installée, dans son entrée en fonction : la législation algérienne en vigueur ne prévoyant pas, selon nombre de spécialistes s’intéressant au dossier, de cas de figure similaire ; en clair, d’un établissement de Santé regroupant, dans le même temps, des activités de soins et de recherches ; les premières relevant du ministère de la Santé et les secondes, de celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Un « blocage» qui sera levé, toujours selon le directeur de la Santé de la wilaya de Blida et comme annoncé plus haut, «d’ici la fin du premier trimestre de l’année en cours» et ce, a-t-il expliqué, «avec la promulgation du décret de création de l’Institut national du rein et de la greffe rénale» : la commission interministérielle qui a été installée, depuis quelques temps, à cet effet et qui a déjà tenu « trois réunions », ayant abouti à une formule satisfaisante qui tienne compte de la spécificité susmentionnée dudit institut.
Une issue satisfaisante qui n’a pas empêché le ministre de tutelle de décider de l’entrée en fonction immédiate de tous les services déjà prêts, notamment des blocs opératoires. Faut-il le préciser, à la grande satisfaction des personnels soignants, qu’ils soient spécialistes, généralistes et paramédicaux, de tout le territoire national : l’institut en instance d’ouverture ayant une envergure nationale.
Mais également des nombreux malades souffrant de diverses maladies des reins, là aussi, de toutes les régions du pays, et de leurs familles. Au nombre de «20 000», selon des estimations récentes établies par des spécialistes en néphrologie, «dont quasiment la moitié est en attente d’une greffe», ceux-ci verront assurément avec une joie certaine l’ouverture de cette nouvelle infrastructure de santé. Surtout que cette dernière, «composée de «quatre unités de soins, est dotée d’une capacité d’accueil de 120 lits» et dispose également «de laboratoires, de salles d’examens et de blocs opératoires». Des «atouts» dont il est attendu qu’ils profitent aux malades de la région et d’ailleurs et ce, dans le sens où le nouvel institut contribuera à alléger la pression subie présentement par le CHU de la Ville des Roses du fait et «du manque criant que celui-ci accuse en matière de salles de chirurgie», et du «grand nombre de malades, «nécessitant, pour certains, une transplantation rénale et, pour d’autres, des sessions de dialyse ou de simples opérations», qui le sollicitent. Sauf que cette satisfaction générale quant à la décision prise par la tutelle de procéder à l’ouverture immédiate des services (du nouvel institut) déjà prêts, risque d’être quelque peu gâchée, surtout pour les malades et leurs familles, par l’existence de deux problèmes ; la faiblesse du personnel paramédical en est un, et l’absence de donneurs, un autre. Selon les mêmes sources citées plus haut, l’Institut national du rein et de la greffe rénale fonctionnera, à ses débuts, avec seulement «30 agents paramédicaux» qui seront prélevés des effectifs exerçant dans «les autres hôpitaux de la wilaya». Ce qui, pour tous les spécialistes, est largement «insuffisant» ; un établissement de cette envergure et de cette importance nécessitant, soutiennent-ils, pour son fonctionnement «quelque 200 à 300 agents paramédicaux». Sauf que pour ces mêmes spécialistes, la résolution de ce problème, au demeurant national, du fait «du départ en retraite, dernièrement, d’un grand nombre de ces agents», nécessitera un certain temps ; lié rythme à l’arrivée sur le marché de l’emploi des promotions en cours de formation». Concernant le second problème, l’absence de donneurs, à savoir, qui fait que sur les quelque 10 000 patients, à l’échelle nationale, présentement en attente d’une transplantation rénale, «90% n’ont pas trouvé de donneurs», sa résolution est, à l’évidence, autrement plus ardue. Et ce, dans la mesure où celle-ci bute sur des blocages d’essence aussi bien sociale que morale : peu de familles algériennes étant, en effet, disposées à accepter le prélèvement d’organes sur les cadavres des leurs décédés. Un fait qui risque de remettre sérieusement en cause l’objectif assigné au nouvel institut de «réaliser annuellement, à court terme, 500 greffes et, dans un délai plus éloigné, un millier (de greffes)» ; un objectif qui ne peut être atteint, selon un éminent néphrologue exerçant au CHU Nefissa Hamoud d’Hussein Dey, à Alger, que «si les organes à transplanter sont prélevés sur des cadavres». Comme pour souligner davantage l’acuité du problème, il n’a pas manqué de rappeler que «depuis 2011, aucune greffe rénale à partir d’un donneur cadavérique n’a été effectuée en Algérie ». Une réalité dont la gravité est quelque peu tempérée par le nombre de 200 opérations du genre qui ont été réalisées, en 2015, dans notre pays. Un nombre qui, à coup sûr, connaîtra, malgré l’entrave précitée de l’opposition d’une grande partie de la société algérienne au prélèvement d’organes sur des personnes décédées, un bond important avec l’entrée en activité de l’institut de Blida. Un bond dont l’importance réside également dans la comparaison entre le coût d’une transplantation rénale effectuée en Algérie et d’une autre réalisée à l’étranger : la première est de 2,5 millions de DA et la seconde, de 7 millions de DA. D’où le pressant appel lancé par le néphrologue du CHU Nefissa Hamous « à une sensibilisation plus poussée de la société algérienne pour l’amener à accepter le prélèvement d’organes sur des personnes décédées.
Mourad Bendris

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