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La communication pour dynamiser l’économie et créer une cyberculture

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Par Ali El Hadj Tahar

Le ministre de la Communication, porte-parole du Gouvernement, Ammar Belhimer, a annoncé, samedi à Alger, le lancement d’ateliers dédiés à la réforme « globale » du secteur de la Communication, et ce en associant les acteurs concernés. S’inscrivant dans le cadre des engagements du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ces réformes visent au renforcement de l’indépendance et de la liberté des médias, a fait savoir M. Belhimer. Le ministre a précisé que les ateliers en question « coïncideront avec l’ouverture d’un dialogue national dans le cadre de l’amendement de la Constitution qui donnera lieu à de nouvelles lois devant consacrer le principe de la pratique démocratique, dont les lois électorale, des partis politiques, des associations et de la presse. »
Certes, il est impératif de libérer la pratique journalistique de toute forme de censure et de monopole, comme il est impératif d’adapter la loi touchant aux médias audio-visuels et électroniques pour qu’elle réponde aux exigences du métier. Cependant une «réforme globale», pour employer les termes du ministre, ne doit pas se limiter à ces seuls aspects car la crise des médias et des multimédias est beaucoup plus profonde et ne concerne d’ailleurs pas les seuls médias étatiques, ni la publicité et sa répartition ou les libertés et le droit d’accès à l’information. Il ne s’agit pas uniquement de liberté d’informer dans le cadre du respect de la vie privée, de l’éthique et de la déontologie. Il doit s’agir surtout de la qualité de l’information, qui est devenue un enjeu fondamental aujourd’hui, car c’est à ce niveau que se situe la concurrence mondiale entre les médias et même les États. Une vue strictement nationale et juridique qui ne prend pas cette dimension internationale, à la fois économique, culturelle et géostratégique du problème, restera très limitée et sans portée essentielle.
Il ne faut donc pas que les questions, certes importantes, de la liberté ou de l’accès à l’information au niveau de toutes les administrations et de tous les organismes publics, cachent des questions tout aussi essentielles comme la diversification et l’enrichissement de la communication et des médias, de l’Internet, des multimédia… Depuis 2014, la loi permet aux chaînes de télévision privées d’exercer.
Mais pourquoi les Algériens sont-ils plus branchés sur les chaînes étrangères que sur les chaînes nationales ? Est-il normal que nos enfants n’aient pas une chaîne qui reflète la culture de leur pays au lieu de regarder les télévisions saoudiennes ou émiraties ? Pourquoi la Syrie, un pays en guerre, est-il l’un des plus grands producteurs de feuilletons du monde arabe alors que notre industrie audiovisuelle est handicapée ? Pourquoi notre télévision publique produisait-elle des documentaires de haut niveau dans les années 1970-80 et ne le fait plus aujourd’hui ? Pourquoi le secteur de l’Internet, supposé être lié à d’innombrables domaines de l’économie, reste-t-il à la traine et ne participe-t-il en rien à la création des richesses ? Pourquoi les Algériens sont-ils beaucoup plus consommateurs que producteurs dans le domaine des multimédias ? Plus grave, ils téléchargent (download) beaucoup plus qu’ils ne chargent (upload), se positionnant plus en importateurs qu’en exportateurs de savoirs et d’informations. De plus, rares sont les ministères et organismes officiels qui ont des sites Web actualisés ou sécurisés, lorsqu’ils en ont. Pourquoi nos sites institutionnels n’ont pas de charte graphique unique ? Comment faire pour que l’Internet, qui est devenu un outil de communication fondamental, participe aussi de l’économie ? M. Belhimer, qui a beaucoup abordé ces sujets dans ses écrits, n’ignore pas que les questions de communication et de mentalités sont liées à l’économie. Et c’est à cette aune que l’on comprend pourquoi tous les pays du monde essaient de limiter leur dépendance par rapport à Silicon Valley, à la Russie ou à l’Irlande au moins dans le domaine du software (logiciel).
L’enjeu est énorme. Le ministre connait les interconnexions entre les différents secteurs. Il peut créer les liens intersectoriels pour que son département devienne le moteur d’une stratégie nationale. Car on ne peut pas parler de start-up, de cyber-économie ou d’économie numérique sans une véritable cyberculture. Les outils puissants des médias notamment des médias lourds, dont l’Internet est devenu majeur, sont les vecteurs de cette cyberculture.
L’interdépendance entre communication et télécommunications est aussi évidente qu’avec les autres secteurs de la vie économique, sociale, culturelle. C’est dans ces domaines que l’on attend le département de M. Belhimer : faire en sorte que la communication devienne aussi un vecteur pour la relance et la dynamisation de toutes les activités nationales et pour créer une nouvelle image du pays.
A. E. T.

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