Un mois après son lancement, l’opération «Emprunt obligataire» semble se dérouler sous de bons auspices pour la BEA (Banque extérieure d’Algérie).
Dans une communication qu’il a faite, hier, au Cercle de l’armée, sur les hauteurs d’Alger, où la banque qu’il dirige, a organisé une journée d’information sur, précisément, cette opération financière, Mohamed Loukal, P-DG de la BEA, a annoncé que « plus de 50 milliards de DA ont été levés, jusque-là, à travers son réseau national ».
Précisant la provenance des sommes collectées, le premier responsable de la BEA a déclaré « qu’entre 60 et 70% du montant précité ont été déposés par des grandes entreprises publiques, et que le reste, soit entre 30 à 40% des sommes en question, souscrit par des entreprises privées et des particuliers». Dans la foulée, il a annoncé que la BEA s’apprête à rejoindre le lot des souscripteurs à cette opération décidée par les pouvoirs publics pour mobiliser, en compensation du brusque et sensible tassement des recettes que le pays tire de la vente de ses hydrocarbures, un tassement provoqué par la chute drastique des prix du pétrole -, et à l’effet de poursuivre le financement de l’économie nationale, l’épargne nationale. Et ce, «par une souscription importante » dont il n’a pas toutefois dévoilé le montant. Sauf que les propos qu’il a tenus pour justifier la décision de sa banque de prendre part à l’opération en cours laissent augurer que celui-ci sera effectivement élevé : «Dans notre métier, on accorde des prêts parfois risqués à des taux d’intérêt n’excédant pas les 5,25%, alors qu’en souscrivant à l’emprunt obligataire, où les taux sont élevés, on gagne plus (surtout) que les placements sont garantis et sécurisés». Et à ce propos et, à l’évidence, pour contrecarrer les persistantes rumeurs circulant présentement sur les supposées conséquences négatives de l’emprunt obligataire sur les capacités des banques à financer, à l’avenir, l’investissement productif et ce, du fait, soutiennent ceux qui les propagent, que le gros des souscripteurs est constitué «d’entreprises bancarisées», Mohamed Loukal a tenu à apporter les précisions idoines sur ce point précis ; qui constitue, faut-il le dire, le substrat desdites rumeurs : «un tel risque est à écarter complétement du fait que les fonds souscrits proviennent des dépôts à vue (ou à terme) des entreprises », a-t-il, en effet, déclaré. Non sans ajouter, dans le clair souci de réduire à néant l’argumentaire de ceux qui propagent les rumeurs susmentionnées, que de tels dépôts, qu’ils qualifiées «de fonds volatils», «ne sont pas destinés au financement des investissements». La «journée d’information sur l’emprunt obligataire» a été mise à profit par le P-DG de la BEA pour parler des changements, en profondeur, que celle-ci est en train de connaître. Qui, à terme, a-t-il laissé entendre, visent à casser l’image qu’elle a toujours traîné du fait que le gros de son portefeuille-clients est constitué d’entreprises publiques activant dans le secteur des hydrocarbures, «de banque rentière ». Mais à assurer son extension à l’international. Principalement, a annoncé Mohamed Loukal, «en direction des pays du Maghreb, du Monde arabe et de l’Afrique, et de certains de l’espace méditerranéen tels la France, l’Espagne et l’Italie».
Des perspectives que les améliorations enregistrées, durant les deux derniers exercices, dans les activités de la banque qu’il dirige, rendent parfaitement envisageables. Après une baisse sensible de l’ordre de 46%, durant la seule année 2015, de ses ressources financières provenant de ses clients «pétroliers», la BEA a réussi, selon P-DG, «à remonter la pente».
Et ce, par une diversification plus grande de son portefeuille-clients. En direction «des grandes entreprises hors-hydrocarbures, des PME/PMI et des particuliers». C’est, toujours selon Mohamed Loukal, «cette diversification qui a permis à la BEA de moins ressentir l’impact de la baisse des prix du pétrole».
Et, partant, de poursuivre sa politique d’octroi des crédits ; qui ont augmenté, l’année dernière, de quelque 46% par rapport au montant de ceux octroyés l’année d’avant : «De 1 744 milliards de DA, en 2014, ceux-ci ont grimpé, en 2015, à 2 538 milliards de DA» ; dont 73%, a tenu à le préciser le premier responsable de la BEA, «sont des crédits à l’investissement». Et qui sont allés, «pour 47% d’entre eux, aux grandes entreprises, pour 28%, aux administrations centrales, pour 20% aux PME/PMI, et pour les 5% restants, aux ménages et aux particuliers».
Mourad Bendris