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Julian Assange risque l’extradition aux États-Unis

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Par Ali El Hadj Tahar

Le journaliste et lanceur d’alerte australien Julian Assange est menacé d’extradition par le Royaume-Uni vers les États-Unis, où il risque jusqu’à 175 ans de prison.
Héros traqué pour la majorité et espion dangereux aux yeux de Washington, Julian Assange fait face à la justice britannique qu’il essaie, depuis dimanche dernier, de convaincre de ne pas le remettre aux États-Unis, qui lui reprochent d’avoir publié en masse des informations classifiées. Accusé d’avoir diffusé en 2010 sur sa plateforme Wikileaks plus de 700 000 documents sur les activités militaires et diplomatiques de Washington, Assange a aussi publié plusieurs millions de documents confidentiels relatifs aux modes opératoires de l’armée américaine en Irak sur le site WikiLeaks. Ce journaliste n’a jamais cessé de dénoncer l’asymétrie d’information qui existe entre les pouvoirs publics et les citoyens, notamment dans les démocraties occidentales. Cette asymétrie profite essentiellement aux États-Unis, a-t-il toujours tenté de montrer, mais aussi de contrebalancer en divulguant des millions de documents confidentiels.
Aujourd’hui, ce justicier de l’information se bat seul contre les États-Unis, qui s’estiment en droit de contrôler les données jugées sensibles tout en gardant secrets de larges pans de l’information dont ils disposent. Assange est accusé de trahison, alors qu’il s’est battu au nom du droit du citoyen de connaître des données le concernant et concernant la manière dont l’État peut mettre en péril la démocratie et les droits y afférents. Avant d’être publiés sur WikiLeaks, beaucoup de documents ont été soumis à quelques-uns des journaux les plus réputés — le New York Times, le Guardian, Der Spiegel, Le Monde — qui les ont publiés, ce qui montre la légalité et le sérieux de la démarche. Ces révélations précipitent les rédactions et l’Internet dans l’ère des données de masse et des fuites de grande ampleur, donnant à chaque individu sur la planète l’impression d’avoir le droit de divulguer toute information jugée utile.
Des centaines de milliers de personnes de par le monde ont signé des pétitions pour sa libération, ne doutant pas que ce pacifiste est animé par la quête de la vérité et le refus des guerres occidentales contre les pays faibles. D’ailleurs, l’une de ses premières révélations concerne l’assassinat d’innocents irakiens par les soldats américains.
Interviewé sur CNN, il a déclaré : «On ne peut pas mettre sur le même plan l’énormité des informations que je révèle, concernant la mort de 109 000 civils en Irak, avec les accusations triviales portées contre moi». Assange a donné les preuves du caractère fallacieux des prétextes invoqués pour lancer des guerres et les crimes de guerre qui l’accompagnent.
Depuis quelques mois, l’état de santé du lanceur d’alerte s’est dégradé, à cause de la « torture psychologique » qu’il a subie et reconnue même par le rapporteur de l’ONU sur la torture, Niels Melzer. Au nom du droit international, des droits nationaux et de la jurisprudence, cette situation devrait lui permettre la liberté, d’autant que le dictateur, criminel et tortionnaire Augusto Pinochet a pu échapper à la prison au Chili pour des raisons d’état de santé sur décision de la Haute cour de justice de Londres.
En cas d’extradition, le « seul prisonnier politique reconnu comme tel par l’ONU au sein de l’Europe occidentale » risque d’être exposé « à des traitements inhumains et dégradants dans les prisons américaines », selon son avocat. Il ne faut cependant pas désespérer car ce procès, prévu pour durer plusieurs semaines, va maintenir le suspense dans un contexte mondial où chaque peuple et chaque citoyen luttent pour leur propre survie face à un même système qui veut bâillonner toute expression à même de le menacer.
A. E. T.

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