Les peuples du continent africain en particulier et dans le reste du monde en général commémorent, aujourd’hui, « la Journée mondiale de l’Afrique », coïncidant avec l’anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’actuelle Union africaine, dans un contexte exceptionnel.
Un contexte exceptionnel, en effet, marqué par les conséquences socio-économiques de la pandémie sanitaire, l’aggravation de la question de la sécurité alimentaire, la difficile mission de l’instauration d’une paix durable dans des régions de notre continent, par la résolution de ses crises et des conflits qui le minent et fragilisent ses capacités de résistance à la férocité de la mondialisation et ses acteurs. Célébrée le 25 mai de chaque année, date de la signature des accords de l’OUA en 1963, représentant et symbolisant le combat des peuples africains, pour la libération et l’indépendance, et aussi pour le développement et le progrès économique, social, et culturel, l’Union africaine (UA) célèbre aujourd’hui cette date, via une conférence virtuelle. La célébration se tient, sous le thème : « Bâtir une résilience en matière de sécurité nutritionnelle sur le continent africain : renforcer les systèmes agroalimentaires et les systèmes de santé et de protection sociale pour accélérer le développement socio-économique et du capital humain ». Si pour le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) ils seront 18 millions de personnes dans la région du Sahel à être confrontées, au cours des trois prochains mois, à une insécurité alimentaire sévère. Pour des experts et des observateurs des conséquences sur l’Afrique, des évènements sur la scène internationale, les sanctions occidentales contre la Russie, dans le sillage de la guerre en Ukraine font peser un risque de famine, non pas en Russie, comme le répètent les responsables occidentaux, à leur tête les États-Unis, mais dans le reste du monde, citant « particulièrement en Afrique » affirment-ils. D’ores et déjà, la flambée des prix des produits alimentaires et autres a fortement impact le quotidien des Africains, de larges couches de population de pays pauvres sur notre continent ont plongé dans le carré de la pauvreté. Dimanche dernier, le président en exercice de l’Union africaine, le président sénégalais Macky Sall a déclaré, à l’occasion de sa tournée africaine que « le conflit en Ukraine affecte l’Afrique et se déroule sur un autre continent » affirmant que « pour l’Afrique, nous voulons la paix » a-t-il précisé. Auparavant le secrétaire général de l’ONU avait déjà sonné l’alarme, lorsqu’il a exprimé aux responsables occidentaux, la demandé d’exclure dans leur embargo contre la Russie « les engrais à base de potasse », car il est impossible d’acheter ces engrais à base de potasse en Afrique, alertant sur « une famine qui se prépare ». En effet, les pays africains notamment ceux de la région subsaharienne sont confrontés aux conséquences du conflit en Ukraine , dont celle de la flambée des prix et la rareté des produits, alors qu’ «ils commençaient à peine à remédier aux séquelles sociales et économiques de la Covid-19 pour pouvoir aussi faire face aux impacts des changements climatiques causés par les pays riches, la désertification, la dégradation des surfaces agricoles, la sècheresse, l’exode des populations rurales… À cela s’ajoute les crises et les problèmes épineux et complexes de la violence, l’insécurité, les conflits, les trafics maffieux de traite humaine, drogue…
LA DÉCOLONISATION DANS LE CONTINENT DEMEURE… INACHEVÉE
La célébration par la communauté internationale de la journée mondiale de l’Afrique devrait être significative voire avoir tout son sens, notamment par l’affirmation d’une réelle volonté politique à assumer ses responsabilités, concernant la dernière question de décolonisation inscrite à l’ONU, le Sahara occidental., par l’achèvement du processus de décolonisation de ce territoire africain. Il est à noter que parallèlement, dans la poursuite du cycle de conférences lancé depuis 2012 à l’ONU, un débat sur la place de l’Afrique dans le 21e siècle sera animé vendredi prochain à Genève, autour de « L’Afrique dans la géopolitique internationale : souveraineté et démocratie ». Les sujets abordés et qui reviennent d’une manière récurrente lors de ce genre d’ évènement mettent en lumière, certes les efforts des pays africains visant la réalisation impératif des objectifs stratégiques de l’UA, pour lesquelles elle a été créée, en 1963 et qu’aujourd’hui le monde célèbre son anniversaire , par « la journée mondiale de l’Afrique », en l’occurrence l’achèvement de la décolonisation au Sahara occidental et donc de l’ Afrique, le règlement des conflits armés, la préservation de la paix et en fin, la démarche africaine en cours visant à répondre par des solutions africaines aux problèmes que rencontre le continent africain. La célébration de la journée mondiale de l’Afrique intervient aussi, au moment où la jeunesse africaine manifeste son attachement aux principes et valeurs, pour lesquelles, Les Sankara, les Hached, Les Abderrahmane Taleb, les Lumumba, les Mandelas, les El-Wali Mustapha Sayed et les Djamilates africaines ont brandi dans leur différents mais convergents combats, pour la libération de l’Afrique et son progrès. Le débat verra des intervenants aborder différentes questions s’y référant, telles que « L’architecture mondiale pour la préparation, la prévention et la riposte face aux épidémies et pandémies : quel rôle pour l’Afrique? », continent qui à ce jour est privé de milliers de doses de vaccin contre la Covid-19, alors que les pays riches sont confrontés aux problèmes de préemption de millions de doses, un gâchis.
Karima Bennour