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JOSEPH ALFRED GRINBLAT, ANCIEN RESPONSABLE DE LA MINURSO : « Le Maroc nous a fait subir des séances de lavage de cerveau »

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Pour faire obstruction à la mise en œuvre d’un référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui, le Maroc a usé de toutes les ficelles et de toutes les embûches, aidé en cela par la complicité de certains membres du Conseil de sécurité et des deux secrétaires généraux de l’ONU, Perez de Cuellar et Boutros Boutros Ghali. Pour le palais royal, l’identification du corps électoral concerné par le référendum, est synonyme de décolonisation des territoires occupés. C’est pourquoi, il s’est attelé à faire obstruction à cette opération, en entravant l’action de la Minurso sur le terrain et en multipliant ses actions de lobbying pour s’offrir la complicité de ceux qui étaient censés veiller à la concrétisation de la légalité internationale et du plan de règlement du conflit. Le récit d’un ancien responsable de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), l’Américain Joseph Alfred Grinblat, traduit les difficultés qu’il a rencontrées sur le terrain. Pire encore, il a fait état d’un enlèvement  et de séances quotidiennes de lavage de cerveau dont il a fait l’objet, lui et  d’autres membres, en 1991 par les autorités marocaines, lors de leur premier voyage dans ce territoire non-autonome, dans le cadre de leur mission onusienne. Cette pratique de grand banditisme prouve la volonté des autorités marocaines d’entraver la mission de la Minurso.

Driss Basri, le commanditaire de l’opération
Joseph Alfred Grinblat,  raconte sur PassBlue, un site de journalisme en ligne, comment il a été « pris en charge à son arrivée à Casablanca, le matin du 8 septembre. « Nous n’avons pas été autorisés à nous rendre à Laayoune et avons été emmenés de force à Rabat, la capitale, par la police secrète marocaine. Nous avons été gardés là-bas pendant près de deux semaines, jusqu’au 21 septembre, pour ce qui s’apparentait à des séances quotidiennes de lavage de cerveau avec des personnes justifiant la possession marocaine du Sahara occidental. Nous avons découvert que notre enlèvement avait été organisé par le ministre de l’Intérieur du Maroc, Driss Basri, avec l’accord de Zia Rizvi (pakistanais), le responsable de la Minurso,  qui nous attendait à Rabat ». Grinblat précise que Rizvi, était l’adjoint du patron de la Minirso, le Suisse Johannes Manz. Ce dernier a été relevé de ses fonctions après avoir donné une interview aux médias que le gouvernement marocain considérait comme soutenant la position du Polisario. Cela prouve que Rabat jouissait de soutiens auprès du secrétariat des Nations unies.
Grinblat fera état, dans son récit d’une véritable machination et de pratiques maffieuses perpétrées par les responsables marocains. « Le 21 septembre 1991, nous avons pris l’avion pour Laayoune. Là, au lieu de loger dans une tente dans le désert, on nous a logés dans un ancien hôtel cinq étoiles du ClubMed. Alors que l’objectif était de discuter avec les autorités locales de la manière de mettre en œuvre l’identification des personnes qui seraient autorisées à voter lors du référendum, on s’est retrouvés à subir des séances de lavage de cerveau. Ce statisticien-économiste-démographe, qui a pris sa retraite des Nations unies en 2004 après avoir passé 30 ans à la Division de la population de l’ONU, raconte que la délégation a été ensuite obligée de retourner à New York, sur demande du Pakistanais Rizvi, « sans aucune raison ».
Grinblat  dira par la suite, «quelques jours avant que Rizvi nous ordonne de retourner à New York, un autre vice-président de la Commission d’identification chargée de la responsabilité de décider qui serait autorisé à voter lors du référendum, Gaby Milev, avait trouvé une solution à un problème pratique que nous devions résoudre pour commencer l’identification des électeurs. Il l’avait montrée à Rizvi, qui lui a ordonné de n’en parler à personne et lui a pris tous les documents s’y rapportant. Deux jours plus tard, nous avons reçu l’ordre de retourner à New York », a-t-il encore évoqué.

Vieilles pratiques du Makhzen
Ce retour précipité a été décidé par le secrétaire général de l’ONU de l’époque Perez de Cuellar.  En dépit de leur retour aux Etats-Unis, les membres de la commission ont continué le travail sur un rapport à présenter au Conseil de sécurité par l’intermédiaire du secrétaire général Javier Pérez de Cuéllar, a ajouté Joseph Alfred Grinblat. Le Maroc a tout fait pour se faire offrir le droit, de par son statut de force d’occupation, de décider de la composition du corps électoral. Il y’ a lieu de rappeler dans ce cadre que la complicité des secrétaires généraux de l’époque de Cuellar et Boutros Boutros Ghali, avait été évoquée par  Hafida Ameyar qui avait fait état dans son livre « Que veut l’Onu au Sahara occidental », des entraves qu’ils avaient mises devant le travail des missions de la Minurso dépêchées sur le terrain. « En novembre, notre président (de la commission), Macaire Pedanou, a présenté notre rapport à Pérez de Cuéllar, qui lui a demandé de le modifier pour le rendre plus favorable au Maroc. Macaire a répondu que ce n’était pas son rapport mais celui de la Commission, et qu’il transmettrait la demande aux autres membres de l’organisme. Nous nous sommes réunis pour convenir  de ne pas modifier notre rapport .Néanmoins, le secrétaire général a fait modifier le rapport avant qu’il ne soit présenté au Conseil de sécurité. La principale modification consistait à dire que l’ONU exécuterait le référendum +après accord des parties+ (Maroc et Polisario), au lieu de +après consultation des parties+. Cela signifie que le Maroc a reçu le pouvoir d’empêcher l’ONU d’organiser le référendum », a précisé Grinblat. Ce dernier affirme avoir découvert en mai 1991 que Rizvi avait été licencié en raison de « graves irrégularités financières » de son poste à l’ONU en Afghanistan. Mais il s’est ensuite vu offrir le poste d’adjoint de Manz à la MINURSO par son ami Virendra Dayal, qui était le directeur du bureau exécutif du secrétaire général. « Pour rendre les choses encore plus bizarres, plus tard en 1992, Pérez de Cuéllar, qui avait pris sa retraite le 31 décembre 1991, s’est vu proposer un poste dans une société contrôlée par le roi Hassan II du Maroc, l’Omnium Nord-Africain (ONA). Il en a démissionné dès que son rôle a été rendu public». Le récit de Grinblat prouve que le Maroc use de toutes les ficelles pour entraver l’organisation d‘un référendum sur l’autodétermination au Sahara occidental. La complicité des secrétaires généraux de l’Onu et de membres du Conseil de sécurité. Fort du soutien de la France, d’Israël et de certaines monarchies du Moyen Orient, il s’attelle à faire obstruction à la légalité internationale au détriment de l’indépendance du peuple sahraoui et de la stabilité de toute la région du Maghreb.
Slimane B.

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