Le cinéaste a raconté plein d’anecdotes croustillantes sur son film culte lors d’une projection spéciale de la Cinémathèque américaine. 30 ans, ça se fête ! La plupart sont relatées directement par le compte Twitter officiel des organisateurs, et quelques unes ont été récoltées par The Hollywood Reporter. On y apprend par exemple qu’à la base, Arnold Schwarzenegger a rencontré James Cameron pour le rôle de Kyle Reese, et non du T-800, puisque c’est O. J. Simpson qui était d’abord courtisé pour le rôle principal. Cameron est très fier d’avoir pu faire Terminator en partant d’un scénario original, pas d’un comique ou d’un roman à succès. Qui plus est porté par une héroïne, Sarah Connor (Linda Hamilton).
Pourrait-il se relancer dans une telle aventure de nos jours ? Et pourquoi son film est-il devenu aussi culte au fil des ans ? Voici son analyse. Le film est sorti exactement le 26 octobre aux États-Unis. Mais cette projection a eu lieu un peu plus tôt pour que son réalisateur et sa star soient disponibles. Pas de chance, Arnold Schwarzenegger a attrapé la grippe, et il n’a finalement pas pu faire le déplacement à Hollywood. «I’ll be back», a promis la star, mais pas de chance, cette semaine, Schwarzy avait la grippe. James Cameron s’est gentiment moqué de la situation lors de sa masterclass, finalement tenue avec la co-scénariste et productrice Gale Anne Hurd. «Je lui ai parlé aujourd’hui, et vous savez quoi ? Il m’a rappelé mon excuse quand je ne veux pas aller bosser. Enfin c’est vrai quoi, c’est Terminator ! Il ne ressent ni pitié, ni remords, ni peur et rien ne peut l’arrêter.» «Je crois qu’il y a quelque chose de jouissif à suivre quelqu’un que rien ne peut arrêter et qui n’en a rien à faire de rien, analyse James Cameron. C’est ce qui est exceptionnel avec le Terminator : rien ne le touche. C’est le personnage le plus je-m’en-foutiste de l’histoire !» Cameron s’amuse ensuite sur l’ampleur du projet. «Je crois que c’est juste un petit film sympathique qui fonctionne bien». Est-il complètement sérieux ? Sa co-scénariste poursuit en précisant que le tournage de Terminator n’aurait coûté que 5,6 millions de dollars. C’est pourtant ce film qui a permis au réalisateur d’obtenir des budgets de plus en plus conséquents au fil des ans. Terminator 2 fut le blockbuster le plus cher de l’époque, puis Titanic, et enfin Avatar.
«C’était très différent quand on a fait Terminator, explique-t-il. On avait un esprit rebelle, on voulait faire notre trou à Hollywood tout en prouvant qu’on était malins et qu’on pouvait réaliser des films plus vite et pour moins d’argent que les concurrents».
L’anecdote la plus amusante concernant Terminator est connue, mais James Cameron l’a détaillée davantage cette semaine. À la base, c’est O. J. Simpson qui devait interpréter le robot tueur, et le producteur Mike Medavoy voulait que James Cameron rencontre Arnold Schwarzenegger pour le rôle de Kyle Reese, finalement tenu par (Michael Biehn).
Problème : Cameron ne croyait pas du tout en lui ! «Je me suis dit : ‘‘Ok, allons à la rencontre de ce bodybuilder, de toutes façons, on n’arrivera pas à se mettre d’accord, ou je lui dirai que son accent ne convient pas pour le film ou je ne sais quoi’’. Dans le fond, j’avais même un peu peur. J’avais prévenu mon coloc’ que j’allais déjeuner avec Conan : ‘‘Je te dois pas de fric ? Non parce que si je me bats avec lui, tu vois…’’. (…) Au final, il était terriblement enthousiaste à propos du scénario. Il ne parlait que du Terminator, pas de Kyle. Et plus je l’observais, plus je l’imaginais dans le rôle. C’est un bulldozer !».
Le cinéaste conclue avec humour : «En plus, il nous a payé le déjeuner. Je peux donc clamer autour de moi que c’est simplement grâce à cela qu’il a eu le rôle !».
Vers la fin de la rencontre, Gale Ann Hurd s’arrête un instant sur le statut particulier de James Cameron à Hollywood. «Si vous êtes Jim Cameron, vous avez le pouvoir de faire des films originaux, qui s’inspirent de vos propres idées. Mais c’est très rare de nos jours. Souvent, les studios vous envoient des ordres du genre ‘‘réduisez le nombre de personnages et ajoutez des explosions’’.»
Comme souvent, l’intéressé répond par une pirouette : «Après coup, toutes les bonnes idées ont l’air simpliste, non ?». Mais la scénariste insiste sur le fait que les studios investissent le plus souvent dans des projets «sûrs», inspirés de best-sellers, de BD ou de séries existantes. «C’est vrai que les producteurs ont peur, concède-t-il alors. Ils sont effrayés à l’idée que les films ne se fassent pas. Plus que par la manière de les faire, en fait.» L’ironie du sort, c’est que Terminator a eu un tel succès qu’il a été décliné en saga.
Le cinquième opus a été tourné cet été par Alan Taylor et sortira le 1er juillet 2015, mais Cameron n’y est pas associé (il récupérera les droits du personnage en 2019). La discussion s’est terminée sur un élément qui tenait à cœur aussi bien à James Cameron qu’à Gale Ann Hurd : le trop peu d’héroïnes dans les blockbusters hollywoodiens. Ils sont tous les deux très fiers d’avoir fait de Sarah Connor (jouée par Linda Hamilton) un personnage fort. «Si les bouquins Hunger Games n’avaient pas existé et que quelqu’un était arrivé à Hollywood avec un script racontant exactement la même histoire, je ne suis pas certaine que le film aurait vu le jour, insiste la scénariste. Et c’est triste.»