La normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et l’État hébreux, profite plus à Israël sur le plan géostratégique. Son ministre des Affaires étrangères, Yair Lapid, qui vient d’effectuer une visite officielle de deux jours à Rabat, l’a laissé entendre au cours d’une conférence de presse qu’il avait animée en marge de sa rencontre avec son homologue marocain Nacer Bourita.
Le diplomate israélien a reconnu la préoccupation de son pays du rapprochement entre l’Algérie et l’Iran, un rapprochement largement affiché à l’occasion de la participation, le 5 août dernier, du Premier ministre Aymen Benabderrahmane, en qualité de représentant de M. Abdelmadjid Tebboune, à la cérémonie d’investiture du nouveau président iranien Ibrahim Raissi. Le nouvel homme fort iranien avait qualifié de stratégiques et de fortes les relations de son pays avec l’Algérie. Ce qui prouve que cela dérange, au plus haut point l’axe de la normalisation avec l’État hébreux incarné par plusieurs arabes dont le dernier arrivé, le Maroc. Yair Lapid a passé à la trappe les discussions de son pays avec le Maroc, sur le plan militaire. La coopération dans le cadre de la méga–affaire d’espionnage téléphonique Pegasus, est la parfaite illustration de la coopération entre ces deux pays, qui ont mis, en branle, un véritable plan de déstabilisation de l’Algérie. Il serait naïf de croire que le Maroc puise l’essence de sa politique hostile à l’égard de l’Algérie, des grandes lignes du dernier discours de son souverain. Rabat est en train de brasser large pour tenter d’affaiblir l’Algérie et pour y parvenir, tous les moyens sont bons pour lui. Son rapprochement avec l’État hébreux s’inscrit dans cette optique. Yair Lapid reproche à l’Algérie son rapprochement avec Téhéran, mais il lui reproche également ses efforts pour empêcher Israël d’obtenir le statut d’observateur au sein de l’Union africaine. Tel Aviv et Rabat ont discuté, lors de la visite de Lapid, du Sahara occidental. Rabat voudrait gagner à sa thèse et son plan de règlement de la crise dans cette région du continent, le plus de soutien.
Le plan de Condoleezza Rice
Mais à y voir de plus près, le rapprochement entre ces deux pays, s’inscrit dans la lignée du plan du nouveau Moyen orient élaboré et mis en branle par l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Condoleeza Rice en 2005. Ce plan visait la reconstruction du Moyen orient sur des bases ethniques, confessionnelles ou linguistiques. Il avait débuté par le morcellement de l’Irak par la création du Kurdistan. Il devait également touché la Syrie par la création de régions autonomes ou indépendantes. La ville occupée de Kenitra et le plateau du Golan, occupés par Israël devaient être définitivement rattachés à l’Etat hébreux pour créer une zone tampon avec ce qui restait de la Syrie démembrée. Et ce plan ne s’arrêtait pas là puisqu’il visait également des pays arabes du continent africain. Le Soudan avait été la première cible et son partage, par la création de la République du Soudan sud a été acté le 9 juillet 2011. Condoleezza Rice, qui avait défini les contours de ce plan avait annoncé, avec une joie non feinte, en pleine guerre du Liban en 2006, que le monde assistait à la naissance du nouveau Moyen Orient. Quelques années plus tard, le 1er avril 2015, elle revenait à la charge pour faire la même annonce et prendre les mêmes airs de jubilation. Aujourd’hui, l’Egypte, la Libye et la Tunisie sont en pleine crise sécuritaire et politique.
L’Algérie qui figure aujourd’hui comme le plus grand pays du continent africain ne doit pas échapper, selon les concepteurs du plan de morcellement des pays arabes. Rabat veut s’adjuger le rôle d’exécutant de ce plan.
Elle s’y attelle avec Israël. La présence de militaires israéliens au Maroc s’inscrit d’ailleurs dans ce cadre et le travail du Makhzen qui ne rate aucune occasion pour parvenir à affaiblir l’Algérie est plus qu’évident. Les incendies, le soutien au MAK, la guerre via le narcotrafic, les tensions au niveau des régions frontalières sont autant de coups que le Maroc utilise, avec le soutien logistique et financier de son nouvel acolyte Israël.
Les mises en garde apportées par le président de la République ou encore par le chef d’Etat-major sont une réponse claire aux visées de Rabat et Tel Aviv.
Le peuple algérien n’est pas prêt de cautionner un plan de partage de son pays. L’union du peuple a été scellée par une lutte séculaire contre tous les occupants et ce n’est pas un plan de pacotilles de Condoleezza Rice qui viendra imploser l’Algérie.
Slimane B.