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Intérêts liés au retour d’Alger sur la scène internationale

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Par Ali El Hadj Tahar

Depuis la visite du président Jacques Chirac à Alger en 2003, la France n’a fait que regarder le bateau Algérie sombrer, lorsqu’elle n’a pas essayé de le saborder. Ce qui est tout à fait logique lorsqu’un pays prête le flanc. Depuis le 12-12-2019, notre pays est en train de retrouver sa place dans le concert des nations avec déjà des visites importantes à Alger de représentants de Libye, de Turquie, d’Italie et de France, en plus de la visite du président Tebboune à Berlin. Pourtant, jamais l’opposition interne n’a été aussi farouche, ce qui montre que lorsqu’un pays met le cap droit devant, il ne manque pas d’intéresser même au-delà des frontières.
Deux décennies de gouvernance déficiente ont marginalisé l’Algérie même au sein de la Ligue arabe. Or notre pays a de grands atouts. Il a suffi d’une élection et de quelques mots forts du Président pour qu’il commence à regagner sa stature et sa position naturelles. Le fait que la chancelière Angela Merkel soit la première à inviter le Président algérien à une visite officielle à l’étranger, en plus de sa visite à la conférence de Berlin, et que Jean-Yves Le Drian soit le premier chef de la diplomatie d’un pays occidental en visite à Alger, est extrêmement important. Ce sont donc les puissances occidentales qui commencent à prendre langue avec notre Chef d’État, connaissant le poids et l’importance du géant africain qui se relève, et conscients des enjeux à traiter avec lui avant leurs adversaires et concurrents. L’Algérie est incontournable dans de nombreux domaines ; et après avoir été convoitée et trahie dans sa faiblesse, la voilà courtisée, aujourd’hui.
En tout cas, la lune de miel semble en cours avec Paris. Et si les relations avec l’Allemagne doivent être sérieusement construites, celles avec la France ne dépendent pas que de M. Tebboune. Pourtant, c’est plus Paris qui a besoin d’Alger que l’inverse, même si nos intérêts en France ne sont pas négligeables. Aujourd’hui, l’Élysée semble prêt à traiter d’égal à égal avec Alger ; d’ailleurs M. Macron a commencé à en donner les preuves dès son investiture avant que la paralysie ne s’empare d’El Mouradia, faisant de l’Hexagone un simple hôpital de soins intensifs. L’Algérie a tous les atouts pour devenir un partenaire privilégié de la France et en tirer tous les bénéfices, au lieu d’être le grand perdant de cette relation, d’abord en matière de fuite de cerveaux puisque c’est l’Hexagone qui saigne le plus notre pays de ses cadres, formés avec l’argent public. Une relation saine réduirait à zéro cette saignée et établirait un système de vases communicants avec la coopération comme base d’échange et de transfert des savoirs. Certes, Alger a toujours été la bête noire éternelle de la Françafrique qui voulait inféoder notre pays, au même titre que la majorité des anciennes colonies françaises, devenues des néo-colonies dont les ressources naturelles étaient pillées sans ménagement. Cette opposition a nui aux relations entre les deux pays, puisque les échanges économiques, culturels et autres sont encore dérisoires par rapport à ce qu’ils devraient être et ce, pour plusieurs raisons.
L’Algérie est d’abord le plus grand pays d’Afrique, celui qui a le plus de ressources et donc celui où la France est supposée mieux promouvoir ses intérêts. Ensuite, la diaspora algérienne est la plus importante en France, soit près de 5 millions d’individus, loin devant l’Espagne avec moins de 300 000 personnes. Enfin, l’Algérie est le plus grand pays francophone, après l’Hexagone. La langue française est partout : dans le langage courant des Algériens, dans les administrations publiques et privées, l’éducation, les médias…
Pourtant, c’est l’un des pays africains les plus mal lotis en matière d’investissements français, même quand il était le premier partenaire de l’Hexagone. On compte à peine 500 entreprises françaises implantées chez nous alors que les échanges entre les deux pays représentent 10,5 milliards d’euros. La France a donc beaucoup de retard a rattraper en matières d’IDE à destination de l’Algérie, comme dans d’autres domaines liés à la mémoire ou à la diplomatie, pour que les relations entre les deux pays soient plus sereines, car les liens entre les Nations ont plus besoin de faits et d’actes que d’accords ou de paroles.
A. E. T.

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