Le temps d’une vraie relance industrielle, telle que souhaitée par le président de la République, a-t-il sonné ? À entendre Abdesselam Bouchouareb, l’on serait tenté de répondre par l’affirmative. Cela même, s’il est légitime d’émettre des réserves surtout par rapport aux délais fixés pour atteindre cet objectif. Le successeur de Amara Benyounès parle en effet de la création «progressive» d’une dizaine de grands groupes industriels avant fin 2014, et ce, dans le cadre du nouveau schéma de réorganisation du secteur public marchand industriel, adopté jeudi dernier par le Conseil des participations de l’État (CPE). «Le CPE a adopté le nouveau schéma de réorganisation du secteur public marchand dans le cadre du déploiement de la nouvelle stratégie industrielle prônée par les pouvoirs publics», a affirmé le ministre dans un entretien accordé hier à l’APS. «Le processus de création de ces grands groupes se fera de façon graduelle de sorte à ne pas entraver la continuité de l’activité des entreprises publiques industrielles et à promouvoir les conditions idéales pour assurer le décollage des groupes et la cohérence de leurs stratégies», a expliqué Bouchouareb. Selon lui, le redéploiement porte sur la création à partir des Sociétés de gestion des participations de l’État (SGP) relevant du ministère de l’Industrie et des Mines, des groupes industriels «présentant une taille critique, des synergies et des complémentarités ainsi qu’un potentiel de déploiement sur les marchés nationaux et internationaux». Le ministre ajoute aussi que la nouvelle configuration vise notamment «la réduction des paliers organiques et une économie de structures impliquant un processus de prise de décision simplifié». La société mère, a-t-il poursuivi, sera l’unique interlocuteur de l’actionnaire, un seul pôle de décision se substituera à la myriade de centres de décision et agira au nom de l’État actionnaire dont elle exercera la plénitude des prérogatives. Elle permet d’avoir une «masse critique» pour renforcer la position compétitive des groupes dans les filières ciblées, de mettre en place les conditions de leur développement et innovation pour disposer de la flexibilité nécessaire à l’adaptation aux nouvelles mutations. Le contrat de performance pour la bonne gouvernance. Il s’agit aussi de s’affirmer progressivement comme des «entreprises leaders» et de réaliser une spécialisation sur certains produits, de mutualiser les ressources et de partager les coûts notamment en matière d’approvisionnement en inputs et de recherche et développement ainsi que de bénéficier d’un régime fiscal spécifique aux groupes, a-t-il fait remarquer. Pour lui, la réussite de cette approche exige, entre autres conditions, un management qualifié composé de cadres et d’administrateurs devant jouir de grandes compétences. Sur ce point, le ministère vient de lancer par voie de presse un «appel à candidature» pour le recrutement de managers d’entreprises et de groupes industriels pour garantir la bonne gouvernance qui «rompt avec les habitudes actuelles» avec obligation d’un contrat de performance.
La mise à niveau des employés n’est pas en reste
S’agissant des ressources humaines, Bouchouareb a affirmé qu’une importance particulière sera accordée à la mise à niveau des employés avec la garantie de préservation de l’ensemble des emplois. Depuis 2001, le secteur public marchand regroupé en une trentaine de SGP et d’entreprises publiques économiques (EPE) non affiliées, sous l’autorité du ministère en charge des participations de l’État, est régi par les dispositions de différents textes notamment l’ordonnance 01-04. À partir de l’année 2008 et sur résolution du CPE, il a été décidé que chaque ministre sectoriel concerné par l’activité de la SGP assure la présidence de son Assemblée générale et le suivi du développement des entreprises en portefeuille. C’est ainsi que le portefeuille du secteur public marchand a été ventilé sur les différents ministères. Ce portefeuille est constitué de 18 SGP et de 6 EPE non affiliées dans le secteur de l’industrie, de 3 SGP et de 4 EPE non affiliées dans le secteur des transports et de 3 SGP et d’une (1) EPE non affiliée dans le secteur de l’agriculture. Le schéma adopté par le secteur de l’industrie et des mines pourrait être adopté par les autres secteurs. À noter que les entreprises relevant du secteur public marchand industriel ont réalisé un chiffre d’affaires de 338 milliards de DA en 2013, soit une hausse de 18% par rapport à l’année 2012, a précisé le ministère dans un document obtenu lundi par l’APS. Les 18 sociétés de gestion des participations de l’État (SGP) et les 6 entreprises publiques économiques (EPE) non affiliées, constituant le portefeuille du secteur, ont également, dit-on, enregistré une hausse de 13% de leur valeur ajoutée à 138 milliards de DA Cette croissance, explique-t-on encore, «est tirée essentiellement par trois branches» à savoir les matériaux de construction, la métallurgie et travail des métaux ainsi que la fabrication de machines et équipements, a ajouté la même source.
S. D.