« Vigilance » et « minutieuses études de faisabilité » a ordonné, le chef de l’État lors du Conseil des ministres de dimanche dernier. Il s’adressait au gouvernement mais plus particulièrement au ministre du Commerce, Tayeb Zitouni. Par la même occasion, il lui a demandé de préparer le texte « d’un décret présidentiel réglementant le commerce extérieur ». Par commerce extérieur, on entend importations mais aussi exportations. Cette mise en garde du président de la République n’est intervenue qu’après le constat dans ces deux activités de dépassements inadmissibles. Notamment des « pénuries » provoquées et « déséquilibre du marché national » cités par le Président. Il est utile de savoir que ces deux infractions font partie de ce que les médecins appellent « microbiote », c’est-à-dire de mal dormant à l’intérieur de l’import-export et dont il faut éviter le réveil. L’import et l’export ont, en effet, beaucoup de points communs. Tellement de points communs que le nombre des importateurs a brusquement baissé tandis que, simultanément, celui des exportateurs a lui augmenté. Un effet de transfusion. Ces points communs sont : les transferts illicites de devises respectivement par la surfacturation ou la sous-facturation. L’organisation de pénuries (volontairement) par l’import ou (indirectement) par l’export abusif. Les dommages touchent nos réserves de change et le pouvoir d’achat des citoyens.
C’est également une entrave à notre développement économique et même une menace pour notre sécurité. Sans compter le déséquilibre du marché national qui est source de mal être dû à la mauvaise qualité des produits restants disponibles. Etc. Après ce rappel du constat que tout le monde connait, se pose la question de la solution. Pour faire simple, il faut d’abord avoir des chiffres précis de la production nationale car c’est elle qui fixe le commerce extérieur. Ensuite connaître avec la même précision les besoins du marché national. De ces deux statistiques on obtient les compléments nécessaires par le biais des importations et les surplus pouvant être confiés aux exportateurs hors hydrocarbures s’entend. Comme outils pour arriver à ces résultats, il y a le Haut Conseil de régulation des importations et le Conseil national consultatif de promotion des exportations (qu’il faudra peut-être juxtaposer à défaut de les fusionner) ainsi que l’Office national des statistiques.
Grâce à la numérisation il est possible de « mutualiser » les moyens de ces trois structures et parvenir à des résultats remarquables d’efficacité. Surtout si l’on y ajoute l’aide de l’intelligence artificielle pour gagner en temps et en précision. Il est temps de réguler notre commerce extérieur et le débarrasser du chantage des lobbys et des menaces de pénuries. D’autant que les paramètres d’évaluation sont identiques. Pour l’import comme pour l’export. Le texte que Zitouni est chargé d’élaborer devra écarter définitivement le danger !
Zouhir Mebarki