Invité sur les ondes de la Radio nationale chaîne 3 pour s’exprimer sur la hausse, ces derniers jours, des cas positifs de Covid-19, dépassant le chiffre de 200 personnes, le ministre de le santé le Pr Abderahmane Benbouzid s’est adressé en particulier aux partis politiques impliqués dans la campagne référendaire sur le projet de Constitution, à travers des meeting et autres rencontres de sensibilisation. Pour les inciter à respecter et faire respecter la distance physique et le port des masques pour éviter que ces rassemblements ne se transforment en clusters. L’énième appel du premier responsable du département de la santé n’est pas fortuit. C’est qu’il y a feu dans la maison, en raison d’un relâchement quasi-total des mesures préventives contre le Covid-19 constaté chez ces formations politiques qui font de la promotion pour le projet constitutionnel sans trop de soucier de la santé publique. Conséquence : après la décrue des contaminations, les cas grimpent de nouveau au point de craindre le pire. Ces soi-disant « porteurs » de projet de société à même d’organiser, orienter la société, monter la voie au citoyen lambda, sensibiliser les plus récalcitrants, trébuchent au premier test sur les mesures les plus élémentaires pour endiguer la propagation du coronavirus. Au lieu de donner l’exemple sur la bonne conduite, sur ce qu’il y a lieu de faire et de ne pas faire en pareilles circonstances, ils passent à côté de la plaque comme ils ont fait, d’ailleurs, du temps où ils étaient au pouvoir pour vingt longues années. À vrai dire ce n’est pas du jour au lendemain que les mentalités changent. Que les vieux réflexes disparaissent ! Il est plutôt toujours question de chercher à plaire au puissant du moment oubliant que la situation épidémiologique nécessite plus de vigilance et de rigueur. Mais loin s’en faut ! Ce qui compte pour ces partis c’est le retour au bercail du « pouvoir » pour ainsi dire. Le Rassemblement national démocratique (RND), parti politique d’allégeance par excellence, a d’ailleurs brillé par sa déroute vendredi dernier. En effet, le parti de Tayeb Zitouni a tenu un meeting dans une salle archicomble à Constantine dans le cadre de la campagne référendaire sur le projet de la révision constitutionnelle, ou aucune mesure préventive n’a été respectée. Ni distanciation sociale. Ni port de bavette pour tout le monde. Des mesures sanitaires élémentaires adoptées à travers le monde. On se rappelle aussi de la tenue de son Congrès dans les mêmes conditions. En pleine crise sanitaire, le RND a fourré le nez à la salle de conférence de l’hôtel El-Riadh à Alger pour tenir une session ordinaire de son Conseil national. Les mesures barrières sont pour ses cadres un dernier souci. Si la bavette était alors portée par les nombreux présents, elle est mise sous le menton, lorsqu’encore la distanciation sociale est exclue des mesures de protection chantées depuis des mois comme seul rempart contre la propagation de la pandémie dans notre pays alors que les sièges de la grande salle de conférence étaient collés les uns aux autres. Pareil pour son frère ennemi de la défunte alliance présidentielle le Front de libération nationale (FLN) de Abou El Fadl Baadji. De son congrès national à la sensibilisation et marketing pour la nouvelle Constitution en passant par les différents réunions avec la presse, le parti a toujours foulé au pied les règles sanitaires.
Makri s’en lave les mains
Samedi dernier, c’est autour du Mouvement pour la société de la paix (MSP), de Abderrezak Makri. Lors de la rencontre des présidents des bureaux de wilayas du parti, la salle était trop exiguë pour contenir ce beau monde. Résultats : les sièges de son « siège » étaient entassés à telle enseigne qu’il est impossible de se frayer un chemin. Un vrai comité d’accueil pour le coronavirus ! Mais le chef de file de cette formation politique met cette situation sur le dos des autorités. Faute de lui accorder une autorisation pour la tenue de cette rencontre, le parti s’est retrouvé dans l’obligation de se rabattre sur son siège avec tous les risques que ça comporte sur la santé des participants. Certes, cet état des lieux ne peut être endossé aux seuls partis politiques, car le relâchement est général et la population refuse toujours de se soumettre aux consignes des autorités en dépit des mesures dissuasives d’où la sortie du ministre de la Santé qui a appelé la population à plus de vigilance et au respect des mesures préventives. Le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire a, de son côté, appelé les citoyens à «accompagner les efforts des pouvoirs publics visant leur protection et la lutte contre l’épidémie de Covid-19 ainsi que les mesures de prévention et d’atténuation prises pour la reprise progressive des activités économiques, sociales et éducatives». Les partis politiques qui ont servi et qui se sont servis durant des années profitant de la dégringolade « morale » du pouvoir du temps ou l’argent coulait à flot, le citoyen est laissé pour compte, appauvri et surtout méprisé, et les voilà qu’ils s’attellent à présent à lui porter le coup de grâce pour des considérations partisanes et étroites au détriment de sa santé. Ils veulent peut être finir ce qu’ils ont commencé. C’est le seul projet de société qu’ils semblent avoir à nous proposer !
Brahim Oubellil