Faut-il prendre au sérieux la récente sortie du gouvernement marocain à propos de la rupture des relations diplomatiques décidée par l’Algérie ? Désormais, le Maroc fait peu cas voire foule au pied toutes les règles diplomatiques. À tel titre qu’il se laisse emporté aveuglement par sa politique aventureuse qui plus est menée dans le flou et la débandade totale.
A peine le Royaume sort de l’éprouvant discours de Mohammed VI alternant entre positions incohérentes, provocations à l’égard de l’Algérie et mensonges à l’adresse de son peuple, son chef du gouvernement viendra noircir le tableau.
Ainsi, dans un entretien accordé jeudi du journal électronique local « Hespress », l’islamiste Saad Eddine El Othmani fait son mea-culpa et opère un virage à 180 degrés. Autrement, des déclarations gouvernementales qui expriment à elles seules la débandade dans laquelle se retrouve le Royaume.
Jugeons-nous de cette ambivalence dans le propos. En effet, pour le chef du gouvernement, la déclaration de l’ambassadeur Omar Hilale à l’ONU à propos de la Kabylie était une « réaction de protestation » et non de « position politique de l’État marocain », estime El Othmani, pour qui encore, « le discours du roi Mohammed VI est venu » seulement, « mettre les points sur les ‘’I’’ ».
El Othmani est-il frappé à ce point de cécité pour ne pas savoir qu’il doit tenir des propos à la hauteur de la décision de rupture des relations prise par l’Algérie ? Tente-t-il par-là leurrer son peuple qui, tout comme son frère algérien, regrette la politique aveugle du Royaume qui lui a valu une fracture de ses relations avec l’Algérie ? On peut poser mille et une questions sur la sortie assommante d’El Othmani. Car, non seulement elle souffre d’un intenable retard de timing, mais surtout elle est nulle et non avenue sur le plan diplomatique. Et pour cause, pour ne citer que la dernière, depuis la provocation de l’ambassadeur marocain à l’ONU à propos d’un prétendu droit de la Kabylie à l’autodétermination de l’eau a coulé sous les ponts. Autrement, le Maroc n’a pas fait écho au message d’interpellation de la diplomatie à ce sujet. L’Algérie aurait pu, peut-être, prendre acte de la déclaration d’El Othmani en temps voulu, mais faut-il encore qu’elle soit assumé en haut lieu, c’est-à-dire, par le palais de Rabat.
Pis encore, le chef du gouvernement islamiste regrette le fait que l’Algérie ait pris la décision, du reste juste et souveraine, de rompre ses relations avec son voisin. « Malheureusement, nous regrettons la réaction de l’Algérie dont nous nous sommes attendus à ce qu’elle fasse le choix de l’apaisement et de la réconciliation dans les relations (maroco-algériennes, ndlr) », a-t-il indiqué, comme pour rectifier le tir ? Des déclarations viles et indécentes de la part du chef du gouvernement marocain en cette conjoncture particulière.
Farid Guellil