C’est enfin possible. Après de longues années d’attente, et d’un travail de longue haleine, le paiement électronique est enfin opérationnel en Algérie.
C’est au cours d’une cérémonie grandiose tenue, hier, à l’hôtel El-Aurassi à Alger, et à laquelle de hauts responsables de l’État ont été conviés, que le lancement effectif de l’opération a enfin eu lieu. À peine quelques jours après le lancement de l’Internet de la quatrième génération (4G), l’e-Paiement vient confirmer la volonté des pouvoirs publics d’aller vers une vraie réforme du système financier. Conscients que ce service est devenu une fatalité, les différents membres du gouvernement et responsables se sont accordés à mettre les raisons de ce retard au dos de la «sécurité des transactions». Sur ce volet, justement, et afin de gagner la confiance des détenteurs de cartes bancaires, il a été procédé à la mise en service des numéros verts 3020 et le 3021 attribués respectivement aux porteurs de cartes et aux commerçants. Au cours de cette cérémonie, les responsables ont procédé à des démonstrations de trois opérations de e-Paiement en direct sur les sites des Web marchands de Air Algérie, Algérie Télécom et Ooredoo. Le pari a été gagé pour le jeune ministre délégué auprès du ministère des Finances, chargé de l’économie numérique, Mouatassem Boudiaf, qui a au cours de son intervention rappelé la volonté du gouvernement à moderniser le système financier du pays, afin d’intégrer la sphère monde de développement numérique. «Ce nouveau système lancé, aujourd’hui, va enraciner la culture de l’e-Paiement chez les Algériens», a déclaré le ministre qui affirme que le processus va permettre de rapprocher les institutions de service du citoyen.
Il souligne, en sus, que l’opération «va concerner en premier lieu le règlement de services des grands facturiers, à savoir, Air Algérie, Tassili Airlines Seaal, Algérie Télécom, les opérateurs de téléphonie mobile et “Amana Assurances” avant d’être élargie à la Sonelgaz et l’Aadl et d’autres institutions. Il dira que le lancement de ce nouveau type de paiement va être suivi d’une large campagne de sensibilisation, à travers les médias. D’autre part, le ministre a certifié que «la mise en place de ces instruments de paiement vont permettre une interaction plus active dans le cyber espace». Pour lui, «çela va être un élément moteur et catalyseur de l’usage de cet instrument de paiement pour les citoyens», ce qui va créer une relance de l’interaction dans le cyber espace. Au sujet du marché informel, il dira que «la consécration du e-Paiement va nous permettre dans un délai très court, à savoir le début de l’année 2017, d’ouvrir le télépaiement et la télé-déclaration qui est un besoin pressant de la part du secteur économique, ce qui va contribuer à la bancarisation de l’économie»
Pour ce qui est de l’absence d’Algérie Poste, Boudiaf a fait savoir que cette dernière est en train de procéder à une mutation technologique de ses cartes. Pour sa part, le ministre des Finances, Hadji-Baba Ammi, également présent à l’évènement, a mis en exergue l’aspect révolutionnaire de l’opération sur l’économie. «Ce nouveau mode de payement ouvre les portes aux banques pour améliorer leurs prestations». «Le e-Paiement va permettre l’amélioration de la réduction des cots ce qui va faciliter les transactions commerciales, surtout plus pour les banques, oublier le paiement par chèque qui est une transaction lente», a-t-il dit, tout en précisant que ceci s’inscrit en droite ligne avec la volonté de faciliter au client de régler les factures et achats, via le Web.
Au sujet de la bancarisation de l’argent qui circule dans l’informel, le ministre a assuré qu’une étude est en cours, afin de trouver le meilleur moyen pour arriver à faire intégrer cet argent dans le formel. D’ailleurs, il a assuré qu’un «emprunt obligataire, spécialement fondé pour ce genre de fonds, est envisageable».
Sans vouloir donner de précisions, le ministre a affirmé que la rémunération ne sera pas par des taux intérêts élevés. Au sujet du projet de loi de Finances-2017, Hadji-Baba Ammi a expliqué que les augmentations de taxes ne sont pas «importantes». De son côté, le président de l’Association professionnelle des banques et des établissements financiers, Boualem Djebbar, a fourni des explications techniques quant à l’utilisation de ce moyen de paiement. Il dira, à cet égard, que tout les détenteurs de cartes “CIB” peuvent avoir accès au service, via Internet, en accédant aux sites Web marchands. S’agissant des clients n’ayant pas encore une “CIB”, ils peuvent la demander via le site internet www.bitakati.dz. Djebbar a, en sus, expliqué que ces derniers doivent avoir un mot de passe, afin de sécuriser leurs transactions. Plus explicite, il dira que les cartes Algérie Poste vont être migrées vers des cartes de paiement.
Lamia Boufassa