Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, pour le Sahara occidental, Horst Köhler, a achevé avec l’entretien qu’il a eu à Lisbonne, avec le ministre marocain des AE, le large cycle de consultations qu’il a lancé en 2017.
Un cycle qui a englobé outre les deux parties en conflit le Front Polisario et le Maroc, les parties intéressées l’Algérie et la Mauritanie. Mais aussi l’Union africaine, partie prenante au règlement du conflit, n’en déplaise au Maroc.
Hans Köhler, qui s’est montré d’une très grande rigueur a également pris les avis de plusieurs pays européens et notamment Londres et Paris. Cette dernière se montrant particulièrement engagée aux cotés du Maroc et de sa «solution «avortée de «l’autonomie». Une «solution «concoctée au demeurant au Quai d’Orsay comme le révèle dans son dernier livre le journaliste marocain Omar Brousky. Après ces consultations, Hans Köhler fera son premier briefing au Conseil de sécurité le 21 mars, selon l’agenda prévisionnel du Conseil de sécurité pour le mois de mars. Horst Köhler présentera son premier rapport sur le Sahara occidental et sera épaulé pour cette réunion par le nouveau chef de la Minurso, Colin Stewart.
Ce briefing, prévu initialement en février, se tiendra en application de la Résolution 2351 de 2017 qui a demandé au secrétaire général de l’ONU de présenter un rapport sur la situation qui prévaut au Sahara occidental six mois après la nomination du nouvel émissaire. La résolution, rappelle-t-on, a invité le secrétariat général à tenir le Conseil de sécurité informé de la manière, dont l’envoyé personnel avance sur la voie d’une solution politique mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.
Etant donné l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix, le Conseil de sécurité «pourrait envisager des moyens afin de soutenir Köhler dans ses efforts pour tenir un cinquième round de négociations», souligne-t-on à New York. La dernière fois où le Front Polisario et le Maroc se sont installés à la même table de négociations remonte à mars 2012 à Manhasset aux États Unis. Le rôle que devrait jouer M. Köhler est un élément important dans le processus de paix au Sahara occidental mais il ne sera pas décisif sans le soutien du Conseil de sécurité, s’accordent à dire plusieurs observateurs. Rappelant le contexte de ce blocage, on relève que les divisions au sein du Conseil de sécurité avaient accentué «son incapacité à s’entendre» même sur le règlement des dernières crises survenues au Sahara occidental. «Le Conseil de sécurité est resté silencieux» sur les crises d’El Guergarat et de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental) sur «insistance de la France qui soutient la position du Maroc», souligne-t-on à l’ONU. Il semble bien que c’est pour contourner ce blocage que l’émissaire onusien a élargi ses consultations impliquant les pays poids lourds du Conseil de sécurité mais aussi l’Union européenne.
Il ne peut qu’être conforté par la dernière décision de la CJUE, qui a réaffirmé solennellement que le Maroc n’a aucune souveraineté sur un territoire dont la décolonisation reste à parachever. En grand diplomate Hans Köhler, pousse le Maroc dans ses derniers retranchements. Et ne se formalise guère des petites bassesses diplomatiques de Rabat et d’un Mae marocain aux abois Comme le choix de Lisbonne pour une rencontre sans cesse différée, alors que Köhler a installé son quartier général européen à Berlin. À moins que le Maroc d’échec en échec veut créer la zizanie entre le Secrétaire général de l’ONU, le portugais Antonio Guterres et son représentant spécial pour le Sahara occidental.
Mokhtar Bendib