Les déclarations aussi vigoureuses que tranchantes de Belkacem Zeghmati, à la tête d’un ministère de souveraineté, et par lesquelles il affirme que l’Algérie est la patrie de tous les Algériens, s’apparentent à un désaveu à l’endroit de toute voix officielle prêchant un discours d’exclusion.
« Si les chouhada venaient à ressusciter, ils nous exécuteraient tous, car on ne semble pas être à la hauteur de leurs sacrifices », a indiqué le ministre Zeghmati à l’occasion d’un discours prononcé à Biskra, dans le cadre de la campagne référendaire.
Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a usé de mots forts pour dire que le moment n’est plus aux tergiversations et qu’il est urgent, aujourd’hui, d’aller vers un changement qui sera à la hauteur des attentes du peuple et des sacrifices des martyres. Il a par ailleurs rappelé que l’Algérie est la mère patrie de tous, et qu’il est inconcevable de voir certains verser dans un discours d’exclusion. « Est-il concevable qu’une mère chasse ses enfants. L »Algérie mère patrie appelle de tous ses vœux ses enfants pour vivre dans ses bras, dans la sérénité. L’Algérie, qui a payé un prix fort pour son indépendance et dépensé sans compter pour leur garantir une formation de qualité, n’osera jamais les appeler à partir. Ceux qui développent ce discours tiennent des propos d’une extrême gravité », a-t-il dénoncé avec vigueur.
Certains observateurs de la scène politique voient en ce discours un réel désaveu apporté au ministre de la Jeunesse et des Sport, Sid-Ali Khaldi, dont les propos tenus lors d’un meeting dans le cadre de la campagne référendaire continuent de susciter des réactions. Sans le nommer, il a usé de mots durs et d’un discours sans ambages pour dire le contraire de son collègue dans le gouvernement.
Zeghmati a fait campagne pour la révision constitutionnelle. Il s’est appuyé sur certaines dispositions du texte proposé au vote. Il a fait sa promotion, mais n’a jamais tenté de jeter l’opprobre sur une frange des citoyens, celle qui voterait contre ou qui verserait dans l’abstention. Il est resté dans la ligne du discours rassembleur sans être impressionné ni par la foule, ni par les effets de l’applaudimètre.
Pour d’autres observateurs, Khaldi, qui devait se rendre, le week-end dernier à Oran et Tiaret, à cause des réactions suscitées par son discours prononcé à Alger, a reçu, à travers la sortie de Zeghmati, un cinglant désaveu et une réponse sans bavures des hautes autorités de l’État à son appel aux Algériens qui seraient tentés de rejeter la nouvelle Constitution à quitter le pays. Zeghmati a clairement affirmé que l’Algérie est la mère patrie de tous et qu’elle n’abandonnera jamais ses enfants. Clair et net comme de l’eau de roche à quelques jours du référendum.
Slimane Ben